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Le secret d'Eleusis

Le secret d'Eleusis

Titel: Le secret d'Eleusis
Autoren: Will Adams
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atteignit son poignet mais, repoussée par les trépidations de l’hélicoptère et le souffle des pales du rotor, elle ne put s’y agripper. Elle fit une nouvelle tentative et, cette fois, parvint à se cramponner. Elle remonta le long de son bras, jusqu’à ses cheveux, ses narines, son menton, s’accrocha à sa chemise, à son pantalon, et se hissa sur le patin d’atterrissage. Libéré de cet énorme poids, il remonta à son tour.
    Mikhaïl, qui avait assisté à toute la scène depuis la cabine, sortit une arme en souriant et la pointa vers Gaëlle. Il appuya trois fois de suite sur la détente. La première balle atteignit le front, la seconde la poitrine. Gaëlle tombait déjà en chute libre. Mais il n’y eut pas de troisième balle. Le chargeur était vide.
    Knox regarda Gaëlle tomber en spirale, bras et jambes écartés, et traverser un nuage avant de disparaître de sa vue. Il n’arrivait pas à y croire. Il leva les yeux vers Mikhaïl. Toujours penché à la vitre de la cabine, celui-ci l’observait, lui plutôt que Gaëlle, en savourant chaque seconde de sa douleur. Puis il braqua son arme vers lui et appuya deux fois sur la détente. Visiblement, il ne s’était pas rendu compte qu’il était à court de munitions. Lorsqu’il le comprit, il haussa les épaules, rentra à l’intérieur de la cabine et referma la vitre.
    Knox s’effondra sur le patin d’atterrissage, paralysé par le désespoir, comme si Gaëlle avait emporté tout son être dans sa chute. Il resta là sans avoir conscience du temps qui s’écoulait. Puis la rage finit par prendre le dessus. Il se leva, avança jusqu’à la porte de la cabine et essaya de l’ouvrir. Mais elle était verrouillée de l’intérieur. Il colla son nez à la vitre et vit Mikhaïl lui faire un clin d’œil en se délectant de son impuissance et de son chagrin, tandis que les autres regardaient ailleurs, comme si rien ne s’était passé, comme s’ils n’avaient pas consenti au meurtre d’une jeune femme innocente. Il frappa à la vitre, mais tout le monde l’ignora. L’impossibilité d’exprimer sa colère l’ulcéra mais, les doigts engourdis par le froid et l’altitude, il avait des difficultés à se tenir à la porte. De peur de tomber, il retourna s’asseoir sur le patin d’atterrissage. Peu à peu, sa rage se dissipa pour céder la place à une angoisse torturante et à un désir sourd de vengeance.
    La côte reculait derrière lui et, au loin, il aperçut un point noir, qui grossit rapidement : le yacht de Nergadze. L’hélicoptère tourna autour de la poupe. Des membres de l’équipage se pressèrent autour de l’hélistation. Le souffle du rotor ébouriffa leurs cheveux et fit claquer leur chemise contre leur torse. L’un d’eux dégaina une arme et visa Knox, mais quelqu’un dans la cabine dut lui faire signe de ne pas tirer. Avec l’oscillation du pont, c’était peut-être trop risqué. Un autre homme s’arma d’une longue gaffe. Lorsque l’hélicoptère fut assez près, il frappa Knox au mollet, puis au genou. Knox n’avait aucun moyen de se protéger, nulle part où se cacher. La mer était agitée par le souffle du rotor. S’il sautait, il serait immédiatement repêché, à moins qu’on ne le laisse se noyer.
    Il se balança et passa sur l’autre patin d’atterrissage. L’hélicoptère pencha sur le côté. Les hommes d’équipage se dispersèrent en criant. Le pilote décrivit un demi-cercle pour ramener l’intrus à leur portée. Knox pensa à Gaëlle et la rage s’empara de nouveau de lui. Assis sur le patin d’atterrissage, il déboutonna son jean, retira une jambe après l’autre et se releva. Mikhaïl l’observa depuis la cabine, intrigué. Knox prit son jean par une jambe et lança l’autre en l’air, comme s’il s’agissait d’une corde, dans l’espoir qu’elle s’accroche aux pales, mais le souffle du rotor était trop fort. Alors il prit le jean entre ses dents et se dirigea vers l’arrière, où le toit de l’hélicoptère était plus bas. Les ongles dans les joints de la cabine, il se hissa péniblement. La violence du souffle était telle qu’il avait l’impression d’escalader une cascade. Mais sa colère lui donna la force de monter sur le toit. Il rampa jusqu’à la tête du rotor. Le souffle était toujours intense, mais pas autant qu’il l’avait redouté, comme s’il avait atteint l’œil d’un cyclone.
    Knox jeta son jean dans le tourbillon de métal.
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