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Le Manuscrit de Grenade

Le Manuscrit de Grenade

Titel: Le Manuscrit de Grenade
Autoren: Marianne Leconte
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échoué. Nous ne sauverons pas Grenade des griffes des Rois Catholiques. Quant à notre avenir, il est plutôt sombre. Quelques gémissements et jurons la sortirent de ses pensées déprimantes.
    — Il revient à lui, chuchota Myrin. Je regrette de l’avoir empêché de rejoindre Yasmin.
    — Je suis sûre qu’elle a été enlevée avant notre sortie de l’arène. Il n’aurait rien pu faire.
    Isabeau connaissait les vrais tourments qui torturaient l’esprit de la guérisseuse.
    Au lieu de lui répondre, celle-ci posa un doigt sur ses lèvres et s’exclama :
    — Ah ! voilà notre guerrier qui se réveille ! Puis s’adressant directement au blessé : ne te relève pas trop vite, prends ton temps.
    Pedro s’assit en portant les mains à sa tête pour y tâter une énorme protubérance. Poussant un juron, il sortit une pièce d’argent de sa poche, la donna à Myrin en disant :
    — Pose-la sur ma bosse et appuie jusqu’à ce qu’elle rentre.
    La guérisseuse obéit en silence. Ses gestes étaient précis, et rien dans son comportement n’attira l’attention de son compagnon. Il semblait morose, obnubilé par une idée fixe. Attristée, Isabeau espérait qu’il allait se préoccuper de Myrin, mais il était absent.
    — Dommage que je n’aie pas eu le temps d’étrangler ce klebs, murmura-t-il.
    Ainsi il pensait à Yasmin ? Et à Manuel qui une fois encore avait joué double jeu. Isabeau soupira. Sa gorge la brûlait encore, mais sa blessure ne saignait plus. Une légère entaille tout au plus, de sa faute. Si elle ne s’était pas énervée… Myrin, toujours enveloppée dans son châle, s’adossa contre l’un des bords de la charrette. Se sentait-elle responsable de ce qui était arrivé à la jeune parfumeuse ? Soulagée, elle vit que Pedro prenait soudain conscience de la présence de la guérisseuse. Il se rapprocha d’elle et la prit dans ses bras.
    — Voici le palais de l’Alhambra, annonça Isabeau en forçant la voix pour couvrir le bruit infernal produit par leur troupe.
    Entre le martèlement des sabots sur les pavés, le fracas des roues et les grincements de la charrette, leur arrivée devant l’entrée de la forteresse ne passa pas inaperçue. Les portes s’ouvrirent pour les laisser passer puis se refermèrent derrière eux. Cette fois, ils étaient vraiment prisonniers.
    En se redressant, le dernier des Gomenez murmura :
    — Nous n’avons pas découvert de texte écrit et nous ignorons à quoi sert l’émeraude.
    — Vous oubliez juste une chose. L’espion de la reine a entendu la prophétie. Il se fera un plaisir de la répéter à son prochain seigneur, quel qu’il soit.
    Frappés par la justesse des paroles d’Isabeau, ses compagnons restèrent muets.
    — Au moins, nous allons retrouver Yasmin, souffla-t-elle.
    Pas dupe, elle regrettait sa réaction. L’objet de son angoisse, c’était don Manuel. Saper le moral de ses amis était indélicat.
    La charrette s’arrêta dans une grande cour éclairée par des dizaines de torches accrochées sur les murs. Les cavaliers mirent pied à terre. Myrin se cramponna à Isabeau qui l’aida à descendre. Le petit groupe guidé par Boabdil se dirigea vers la Tour de Comares où il pénétra. Là le sultan, suivi par quelques hommes de sa garde personnelle, commença à gravir l’escalier qui conduisait aux appartements de Mahmoud. Ensuite venaient l’Inquisiteur dans un état second soutenu par l’hidalgo, puis les trois prisonniers talonnés par des soldats impassibles.
    Quand ils furent entrés dans le repère du sorcier, les gardes se déployèrent dans l’escalier derrière la porte. Rares étaient les personnes qui avaient eu la chance ou la malchance de visiter l’univers de Mahmoud. À part quelques domestiques muets et analphabètes, le mage en interdisait l’accès. C’était une salle immense qui lui servait de bureau, d’atelier, de musée, de laboratoire.
    Éclairé par des candélabres, l’endroit abritait cornues et athanors, livres et parchemins, flacons ou bocaux aux contenus peu ragoûtants, mais Isabeau s’en désintéressa. Comme ses compagnons, elle était fascinée par les nombreuses statues de cristal disséminées dans la pièce. Leurs courbes lisses et brillantes chatoyaient sous les flammes des chandeliers. Ces représentations possédaient un charme vénéneux : des femmes, des hommes, des enfants, debout, à genoux, faces souriantes ou souffrantes, bleues, vertes, rouges,
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