Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le livre des ombres

Le livre des ombres

Titel: Le livre des ombres
Autoren: C.L. Grace
Vom Netzwerk:
prudente, vous l'avez laissée à Maître Procklehurst.
    La veuve Dauncey étendit les mains sur la table.
    — C'était pourtant si petit, murmura-t-elle.
    Elle fit la grimace.
    — Fronzac n'aurait pas dû se moquer de moi.
    — Et Brissot ? demanda Colum.
    Dionysia Dauncey eut un demi-sourire.
    — Ma vie n'était plus que ruines, répliqua-t-elle, et c'était à cause de Brissot. Il était la créature de Tenebrae. Il fouinait dans nos vies, cherchant les morceaux juteux qu'il pourrait rapporter à son maître. Il se doutait de ce que j'avais fait. Le soir où je l'ai tué, Brissot m'a croisée dans l'escalier, son visage luisant et gras tout souriant. « Vous êtes vraiment la femme des veuvages, m'a-t-il chuchoté.
    Ainsi vous avez perdu encore deux maris? » J'ai soutenu son regard, mais j'ai compris ce qu'il voulait dire. Je n'étais pas encore libérée de Tenebrae. Plus tard ce soir-là, je suis allée prendre ma canne dans ma chambre, et j'ai frappé à sa porte.

    La veuve Dauncey s'essuya le coin de la bouche avec la manche de sa robe, son visage rouge de haine, maintenant.
    — J'avais l'impression que cela ne finirait jamais, chuchota-t-elle, jamais ! Brissot m'attendait, je l'ai compris à la façon dont il m'a ouvert, avec sa figure ronde à l'expression toujours servile et peureuse.
    Elle porta son regard sur Kathryn.
    — Savez-vous ce que j'ai fait?
    — Oui, répliqua Kathryn. Le corps de Brissot était affalé contre la porte. Tout d'abord j'ai pensé qu'il avait voulu se dérober à son assassin, puis j'ai compris qu'il vous avait fait entrer dans sa chambre, puis s'était tourné pour refermer la porte sur lui.
    — Il n'est pas mort comme Fronzac, reprit Dionysia d'un ton dur. Cette fois, j'avais tout prévu.
    Il bavardait en repoussant la porte. Je l'ai frappé avec ma canne. Un seul coup a suffi. Brissot était mort avant de s'effondrer sur le sol.
    Dionysia Dauncey se tut et promena son regard dans la pièce.
    — C'est une maison surgie de l'enfer ici, reprit-elle. On devrait la brûler de la cave au grenier pour qu'il n'en reste pas une seule pierre. Je haïssais Tenebrae. Je jure devant Dieu que j'aimerais ne l'avoir jamais connu, et que, comme vous autres, il ne m'ait pas attirée dans ses filets.
    Fronzac n'aurait pas dû se moquer de moi... quant à Brissot, eh bien, c'était le complice de Tenebrae.

    Ses compagnons la dévisageaient, horrifiés, ne comprenant pas comment cette veuve élégante, à l'air austère, avait pu perpétrer froidement trois meurtres.
    — Je voulais être heureuse avant de mourir, murmura Dionysia. J'ai cherché le bonheur toute ma vie, je courais après des chimères. C'est ce qui m'a amenée chez Tenebrae, au début. Et j'ai sombré dans un puits toujours plus profond jusqu'à ce que je rencontre Fronzac.
    Sir Raymond Hetherington se leva.
    — Je ne puis en entendre davantage, déclara-t-il, fixant Kathryn.
    — Bien sûr, Hetherington ! s'exclama durement Dionysia. Partez en courant comme un lièvre, c'est votre habitude, n'est-ce pas? Vous changez de bord chaque fois que ça vous arrange.
    Sans relever, Hetherington s'adressa à Colum.
    — Maître Murtagh, pouvons-nous partir?
    L'Irlandais consentit d'un signe de tête.
    — Eh bien, dans ce cas...
    Hetherington prit sa cape et, imité par ses compagnons de voyage, quitta la cuisine sans un mot d'adieu.
    Sur le seuil de la porte, Louise Condosti se tourna cependant.
    — Et le Livre des ombres ? demanda-t-elle.
    — Nous nous en occupons, répliqua Colum.
    La jeune femme inclina la tête et suivit les autres.
    —
    Vous pouvez tous disposer, déclara Kathryn.
    Maître Luberon, pouvez-vous conduire le garde, Maître Bogbean et Rawnose au Guildhall? Il faut les récompenser de leurs services.
    Elle jeta un rapide coup d'œil à la veuve Dauncey.
    — Et envoyez-nous d'autres agents pour nous aider.
    Luberon jouait avec sa ceinture, et Kathryn vit à ses
    yeux qu'il était blessé, aussi ajouta-t-elle doucement :
    —
    N'ayez crainte, Simon. Demain soir, venez partager notre souper. Nous vous raconterons tout.
    Sur quoi Kathryn saisit le bras de Thomasina.
    —
    Retourne à la maison et assure-toi que tout va bien.
    La servante sortit, suivie de Luberon, du garde, de Bogbean et de Rawnose qui bavardaient à voix basse avec excitation.
    Colum ferma la porte sur eux et revint se placer près de sa prisonnière.
    —
    Je sais ce que vous voulez, Irlandais, dit celle-ci en faisant tourner un anneau à l'un
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher