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Le Japon

Le Japon

Titel: Le Japon
Autoren: Collectif
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politiques opposés, et plus récemment le nationalisme antijaponais en Chine.
    Les relations entre les deux pays ont été régularisées en 1972, juste après l’établissement de relations sino-américaines. Pendant des décennies le ressentiment antijaponais n’était pas exprimé ; la Chine de Mao n’a jamais réclamé de réparations pour les victimes de la guerre sino-japonaise. Les relations se sont tendues depuis 2001 sous les gouvernements Koizumi Junichirô et Abe Shinzô à cause des orientations politiques de ces Premiers ministres, mais aussi parce que le Parti communiste chinois perd sa légitimité, et retrouve des ressources politiques dans le nationalisme. Le nouveau Premier ministre japonais Fukuda Yasuo est lui très pro-asiatique et pour l’ouverture avec la Chine. Mais les relations restent fragiles.

    L’H.  : Y a-t-il des risques de guerre ?
    K. P.-V.  : Des tensions en tout cas. Face à la montée en puissance politique de la Chine, Tokyo cherche des soutiens auprès des grandes démocraties voisines. Le Japon s’est tourné vers l’Australie et à présent l’Inde. Mais si les tensions régionales s’affirmaient les Japonais pourraient se réarmer 83 . Ils voient bien le désastre en Irak ; ils ont conscience de la limite de la puissance américaine. Si les Américains donnaient un signe tangible de désengagement en Asie orientale, les Japonais se réarmeraient très rapidement.
    L’H.  : Le vrai problème pourrait venir de la Corée du Nord ?
    K. P.-V.  : Il y a la question de savoir si elle possède la bombe nucléaire. Les services secrets japonais sont assez bien renseignés. Il semble que les Nord-Coréens n’aient pas la technique pour développer un véritable armement nucléaire, mais on reste vigilant.
    La plus grande inquiétude vient d’ailleurs : le pays est une bombe en soi ; la société est malade, les risques de famine sont chroniques (on a estimé que plus de 2 millions de personnes étaient mortes de faim entre 1996 et 1998). La Corée du Nord risque d’imploser, engendrant un déséquilibre régional, un afflux de réfugiés en Corée du Sud. Aussi le Japon, la Corée du Sud, mais aussi la Chine maintiennent-ils le pays sous perfusion. Si la Corée du Nord s’écroule, le prix à payer pour le Japon serait très lourd.
    L’H.  : L’économie, c’est aussi un instrument de puissance ?

    K. P.-V.  : À l’échelle régionale certainement. L’économie japonaise reste très importante. Son PNB vient juste d’être dépassé par celui de la Chine. Mais le PNB par habitant du Japon est équivalent à celui des pays les plus riches d’Europe tandis que le PNB par habitant chinois continue d’être comparable à ceux de pays en développement. Par son niveau de vie, et par sa capacité technologique, le Japon n’est pas un « pays émergent » et continue donc d’être la seule puissance du G7 dans la région 84 .
    L’H.  : Puissance économique désarmée, quelle influence peut bien avoir le Japon ?
    K. P.-V.  : Il y a l’aide humanitaire pour laquelle le Japon dépense beaucoup. La Chine a longtemps et beaucoup bénéficié de l’aide japonaise au développement ; ce n’est qu’en 2007 que celle-ci a été supprimée. Le Japon est aussi le premier donateur de l’Indonésie.
    La Banque asiatique de développement, la BAD, la grande banque de développement régional fondée en 1966, est fortement investie par le Japon. Cette politique de développement est une forme de politique de puissance.
    Cela ne semblait pas toujours suffisant aux yeux de certains Japonais comme à l’étranger. Au moment de la première guerre du Golfe, en 1991, les États-Unis ont fait peser une pression énorme sur le Japon pour qu’il intervienne, sous une forme ou une autre. L’opinion publique américaine accusait les Japonais de mener une « politique du chéquier », payant mais refusant d’aller au combat.
    Au Japon, le débat a été intense. Une majorité continuait de s’identifier au pacifisme post-1945. Une partiedes jeunes Japonais, les plus à droite, proposaient de supprimer l’article 9 et voir le Japon devenir une puissance normale. Troisième voie, Ozawa Ichirô, qui était alors une des étoiles montantes du Parti libéral démocrate (PLD), a prôné l’idée de « puissance civile » : contribuer aux grands problèmes du monde, en particulier environnementaux, cesser d’être un nain politique, mais de façon civile.
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