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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi
Autoren: Bernard Cornwell
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s’écarter, son cousin s’avança
vers lui. Thomas arma son arc, mais Vexille leva la main droite pour montrer
qu’il avait rengainé son épée. Thomas relâcha sa corde.
    Guy Vexille, dont la visière levée permettait de voir les
beaux traits éclairés par le feu, sourit.
    — J’ai le livre, Thomas.
    Pour toute réponse, Thomas leva son arc.
    Guy Vexille secoua la tête d’un air de reproche.
    — Non, Thomas, c’est inutile. Allons, viens me
rejoindre.
    — En enfer, maudit chien ! répliqua Thomas.
    Il avait devant lui celui qui avait tué son père, tué Eléonore,
tué le père Hobbe.
    Thomas réarma son arc, mais Vexille, sortant un petit
couteau qu’il avait caché dans la poignée de son écu, se pencha en avant et
coupa tranquillement sa corde, d’un geste si rapide que Thomas n’eut pas le
temps de réagir.
    — Un jour, tu me rejoindras, Thomas, prédit-il.
    Puis il tourna bride, cria à ses hommes de battre en
retraite et s’éloigna au galop.
    — Jésus ! jura Thomas, au comble de
l’exaspération.
    —  Calix meus inebrians ! cria Guy Vexille,
avant de se perdre parmi les cavaliers qui se précipitaient à bride abattue
vers le sud.
    Les archers anglais, qui avaient fini par les déceler, leur
décochèrent une volée de flèches, mais aucune ne toucha Vexille.
    — Coquin ! cria Robbie, répondant à la silhouette
qui s’éloignait.
    Un hurlement de femme retentit, venant des tentes en feu.
    — Qu’est-ce qu’il t’a dit ? s’enquit Robbie.
    — Il voulait que je le rejoigne, expliqua Thomas d’un
ton amer.
    Il jeta sa corde désormais inutile et attrapa la rechange
rangée sous son casque. Ses doigts gourds et malhabiles ne lui obéissaient pas,
mais il parvint à bander son arc à la deuxième tentative.
    — Et il a dit qu’il avait le livre.
    — Ah, pour sûr, grand bien lui fasse ! commenta le
jeune Écossais.
    La bataille avait cessé. Il s’agenouilla près d’un cadavre
dans l’espoir de trouver quelques pièces.
    Sir Thomas Dagworth appelait ses hommes au rassemblement à
l’ouest du campement afin de se préparer à assaillir le fort suivant que ses
défenseurs, comprenant que la bataille était perdue, commençaient déjà à fuir.
Les cloches sonnaient à toute volée à La Roche-Derrien, pour fêter la capture
de Charles de Blois et son humiliante entrée dans la ville.
    Thomas suivit son cousin des yeux. Il avait honte, car une
petite partie de lui, une toute petite partie, l’avait pris en traître. Il
avait été tenté d’accepter sa proposition. De rejoindre son cousin, retrouver
une famille, partir à la quête du Graal et exploiter son pouvoir. La honte
était amère, semblable à la honte de la reconnaissance qu’il avait éprouvée
envers Taillebourg lorsqu’il avait cessé de le torturer.
    — Chien ! hurla-t-il vainement. Chien !
    — Chien !
    C’était la voix de messire Guillaume qui venait de se
superposer à celle de Thomas.
    Messire Guillaume, accompagné de ses deux hommes d’armes,
était en train de faire avancer un prisonnier en le poussant dans le dos avec
la pointe de son épée. Le prisonnier portait une armure et l’épée crissait
dessus à chaque poussée.
    — Chien ! aboya de nouveau messire Guillaume.
    Puis il vit Thomas.
    — C’est Coutances ! le présenta-t-il en enlevant
le heaume de son prisonnier. Regarde-le !
    Le comte de Coutances, mélancolique, chauve comme un œuf,
faisait de son mieux pour paraître digne. Messire Guillaume lui administra un
nouvelle bourrade.
    — Tu peux me croire, Thomas, dit-il, la femme de ce
chien et ses chiennes de filles vont devoir faire les putes pour payer sa
rançon ! Elles vont devoir jouer de la croupe devant tous les mâles de
Normandie pour racheter cette couille molle ! (L’armure du prisonnier crissa
une nouvelle fois sous la lame.) Je vais te pressurer jusqu’à la moelle des
os !
    Messire Guillaume remit son prisonnier en route, exultant de
joie vengeresse.
    La femme poussa un nouveau cri perçant.
    Il avait entendu bien des femmes crier au cours de la nuit,
mais quelque chose, dans ce cri, attira l’attention de Thomas. Il se retourna,
en alerte. Le cri retentit pour la troisième fois et il se mit à courir.
    — Robbie ! hurla-t-il. À moi !
    Ils s’élancèrent à travers les vestiges d’une tente en feu,
soulevant des braises et des étincelles à chaque pas. Ils contournèrent un
brasier fumant, trébuchèrent sur un blessé qui
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