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La Prophétie des papes

La Prophétie des papes

Titel: La Prophétie des papes
Autoren: Glenn Cooper
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astres, mais il pensait qu’aucun de ses prédécesseurs n’avait eu une aussi belle occasion. Quel désastre, quelle catastrophe, si le ciel avait été couvert.
    Il lui fallait voir la Lune de ses propres yeux !
    Et au moment précis où il devait compter les étoiles !
    Les éclipses totales de Lune étaient assez rares et celle de ce soir était incomparable.
    Cette nuit, la Lune était en Poissons, la constellation sacrée.
    Et elle venait de boucler son cycle de dix-neuf ans, pour replonger sous la pointe sud de l’ellipse solaire, le point d’adversité maximale, la Queue du Dragon, comme l’appelaient les astrologues.
    Cette convergence d’événements célestes ne s’était peut-être jamais produite auparavant et ne se reproduirait peut-être jamais ! C’était une nuit d’importance, pleine de gloire. C’était une nuit pendant laquelle un homme comme Malachie pouvait énoncer une prophétie d’une grande puissance.
    Maintenant, tout ce qui lui restait à faire, c’était attendre.
    Il faudrait presque une heure pour que la Lune dorée disparaisse dans les ténèbres, son disque grignoté progressivement par un géant invisible.
    Lorsque ce moment viendrait, il faudrait que Malachie soit prêt, que son esprit ne soit aucunement distrait. Sa vessie lui faisait un peu mal. Il remonta son habit et se soulagea, regardant, amusé, son urine couler le long du toit avant de tomber dans le jardin du pape. Dommage que ce porc ne soit pas là, la tête levée, la bouche ouverte.
    L’éclipse progressa jusqu’au quart, puis à la moitié, puis aux trois quarts. Il sentait à peine le froid de la nuit. Lorsque la dernière lueur de la Lune disparut, une pénombre soudaine s’installa, épaisse et d’une chaude couleur ambrée. C’est alors que Malachie vit ce qu’il attendait. Des étoiles scintillaient dans la pénombre. Elles n’étaient ni rares ni nombreuses.
    Il aurait le temps de les compter et de vérifier leur nombre avant que la Lune réapparaisse.
    Dix.
    Cinquante.
    Quatre-vingts.
    Cent.
    Cent douze.
    Il se concentra le plus possible et répéta l’exercice.
    Oui, cent douze.
    L’éclipse commença son évolution inverse et la pénombre disparut.
    Malachie redescendit à pas hésitants et prudents jusqu’à la porte, reprit l’escalier et refit le parcours jusqu’à sa chambre. Il ne devait pas perdre un instant.
    Il alluma une grosse bougie, plongea une plume dans un encrier et se mit à écrire aussi vite qu’il le pouvait. Il travaillerait toute la nuit, jusqu’à l’aube. Il avait une vision claire, aussi claire que les étoiles scintillantes gravées dans son esprit.
    Ici, dans le palais du Latran, ici, à Rome, ici, dans le sein de la chrétienté, le domaine de son grand ennemi, de l’ennemi de son peuple, Malachie eut une vision lucide et certaine de ce qui adviendrait.
    Il y aurait cent douze autres papes : cent douze jusqu’à la fin de l’Église. Et la fin du monde tel qu’ils le connaissaient.

1
    R OME, EN L’AN 2000
    Â«Â Q ue veut K ? » demanda l’homme.
    Il était assis et ses doigts boudinés tambourinaient nerveusement sur les accoudoirs en bois de son fauteuil. Bien qu’il n’y ait plus personne au bout du fil, l’autre homme tenait toujours le combiné. Il le reposa sur son socle et attendit qu’un bus municipal passe sous leur fenêtre ouverte et que le grondement de son moteur s’atténue.
    Â«Â Il veut qu’on la tue.
    âˆ’ Eh, bien, on va la tuer. Nous savons où elle habite. Nous savons où elle travaille.
    âˆ’ Il veut qu’on le fasse ce soir. »
    L’homme assis alluma une cigarette avec un briquet en or. Il portait une inscription gravée : À ALDO, DE LA PART DE K .
    Â«Â Je préfère quand on a plus de temps pour s’organiser.
    âˆ’ Bien sûr. Moi aussi.
    âˆ’ Je ne t’ai pas entendu protester.
    âˆ’ Ce n’était pas un de ses hommes. C’était K en personne ! »
    L’homme assis se pencha en avant sous l’effet de la surprise et laissa échapper une bouffée de fumée dont les volutes allèrent se mêler aux effluves d’essence.
    Â«Â C’est lui qui
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