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La mort bleue

La mort bleue

Titel: La mort bleue
Autoren: Jean-Pierre Charland
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expéditionnaire canadien, maintenant fort de plus d’un demi-million d’hommes, mais encore le Royaume-Uni et la France, qui dépendaient également des importations venues d’Amérique pour satisfaire leurs besoins de première nécessité. Afin de permettre aux citadins d’obtenir à bon compte des légumes frais, les autorités civiles distribuaient des semences et transformaient tous les terrains vagues des villes en autant de potagers communautaires.
    â€” Qu’allons-nous semer aujourd’hui? questionna le gamin.
    â€” Des patates, des carottes, des navets…
    â€” Je n’aime pas les navets…
    â€” Des concombres, aussi.
    Fulgence se dirigeait vers sa femme en retroussant ses manches, un râteau à la main. Son fils tendit la bouteille d’eau à sa mère, tout en demandant :
    â€” Je vais pouvoir mettre les petites graines dans les trous?
    â€” Bien sûr, mon chéri, déclara-t-elle dans un sourire, son premier depuis longtemps.
    â€” Demain, nous pourrons voir si elles ont poussé?
    â€” Nous viendrons pour arroser notre section. Il faudra plusieurs jours avant de voir de petites pousses vertes. Viens, nous allons commencer tout de suite. Papa va nous suivre, pour recouvrir les semences.
    Quelques minutes plus tard, Jacques vivait ses premiers émois agricoles. Son père, songeur, marchait derrière lui afin de recouvrir de terre les graines délicatement posées dans les trous.
    * * *
    â€” Il dort comme un ange, annonça Élisabeth en revenant dans la salle à manger.
    La grande dame blonde reprit sa place au bout de la table. Édouard, assis à sa gauche, remarqua, un peu moqueur :
    â€” Bien sûr, mémère, il dort. Il ne fait que cela depuis six semaines : dormir, téter, péter…
    â€” S’il te plaît, épargne-nous la liste des fonctions biologiques de ton précieux fils, nous sommes à table.
    Eugénie présentait sa mine maussade habituelle, et un ventre de nouveau gonflé. Son troisième – et son dernier enfant, aimait-elle à répéter – naîtrait au mois d’août prochain. L’obligation de rompre ce soir-là avec son habitude des dîners dominicaux bihebdomadaires agissait sur son humeur, tout comme chacun des autres accrocs à sa routine habituelle, si minuscules fussent-ils. Sa présence dans la grande maison de la rue Scott, un samedi soir, tenait à la célébration de la fin des relevailles d’Évelyne. Six semaines après la naissance de son premier enfant, prénommé Thomas, elle présentait maintenant une silhouette de nouveau souple et fine, des joues roses et une mine satisfaite.
    â€” Alors, je n’énumérerai pas la liste des activités journalières de Junior, consentit le jeune homme en adressant un clin d’œil à son père.
    Le chef de la maisonnée, assis au bout de la table, affichait encore son plaisir de voir son petit-fils arborer son prénom. Au fil des mois, la présence de cette belle-fille timide, facilement rougissante, s’était révélée plutôt agréable. Elle ne lui adressait la parole que pour répondre à ses questions, toujours soucieuse d’offrir la bonne réponse.
    Thomas l’aîné montrait depuis peu de nombreux cheveux gris aux tempes, comme si la cinquantaine, en embuscade depuis deux ans, lui tombait dessus tout d’un coup. Pendant l’absence de sa femme, partie contempler une nouvelle fois son petit-fils, il avait allongé le bras afin de prendre le numéro du matin de La Patrie , laissé sur une desserte. Fernand Dupire, assis à sa droite, commenta en jetant un regard oblique sur un grand titre :
    â€” Les combats semblent redoubler de violence, depuis quelques semaines.
    â€” Les Américains promettent d’aligner bientôt trois millions de soldats. Les Allemands tentent une dernière grande offensive avant de les trouver en face d’eux, dans l’espoir de marquer quelques points sur les champs de bataille. En même temps, ils cherchent maintenant à entamer des pourparlers de paix, tellement leur situation paraît désespérée.
    Ces tentatives de signer une paix avantageuse avant de subir les affres d’une défaite se heurtaient à des refus têtus de la part des Alliés. Ceux-ci souhaitaient une reddition sans
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