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La malédiction des templiers

La malédiction des templiers

Titel: La malédiction des templiers
Autoren: Raymond Khoury
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les habitants de la ville si les Latins parvenaient à percer leurs défenses.
    Une vingtaine d’années à peine s’étaient écoulées depuis que les Latins de Constantinople avaient été exécutés. Hommes, femmes, enfants… nul n’avait été épargné. Des milliers et des milliers d’entre eux, exterminés dans une orgie meurtrière comme on n’en avait pas vu depuis la prise de Jérusalem, lors de la première croisade. Depuis longtemps installés à Constantinople dont ils contrôlaient aussi bien le commerce maritime que les finances, les marchands originaires de Pise, de Gênes ou de Venise ainsi que leurs familles – la totalité des catholiques romains de la cité – avaient été sauvagement massacrés au terme d’une brutale explosion de fureur et de ressentiment par une population locale ivre de jalousie. Les quartiers où ils résidaient avaient été réduits en cendres, leurs tombes saccagées, les rares survivants vendus comme esclaves aux Turcs. Les membres du clergé catholique n’avaient pas connu meilleur sort aux mains de leurs ennemis, de rite orthodoxe grec : leurs églises avaient été brûlées, et le représentant du pape avait été décapité en place publique, après quoi sa tête, attachée à la queue d’un chien, avait été traînée dans les rues rouges de sang sous les yeux d’une foule jubilante.
    Le vieil homme se retourna et entraîna les chevaliers vers le fond de la pièce, jusqu’à une seconde porte en partie cachée par des étagères lourdement chargées.
    — Ils parlent de reprendre Jérusalem, mais nous savons vous comme moi qu’ils n’iront jamais aussi loin, dit-il en entreprenant d’ouvrir les serrures. De toute façon, ils ne sont pas réellement animés par le désir d’aller récupérer le Saint Sépulcre. Du moins ne le sont-ils plus. Leur unique préoccupation, c’est de se remplir les poches. Quant au pape, son souhait le plus cher consiste à voir cet empire s’effondrer et ses églises passer sous l’autorité de Rome. Ils vont prendre cette ville, poursuivit-il d’un air sombre, et le moment venu je ne doute pas qu’une petite troupe d’hommes résolus aura pour unique tâche de mettre la main sur ce qui se trouve ici.
    Il poussa le battant de la porte et entra. La pièce était vide si l’on exceptait trois gros coffres en bois.
    Everard sentit son pouls s’accélérer. Il était l’un des rares, même aux plus hauts échelons de l’Ordre, à savoir ce qu’abritaient ces coffres dépourvus de tout ornement. Il savait également ce qu’il lui restait à faire.
    — Vous aurez besoin du chariot et des chevaux, et Théophile vous prêtera de nouveau la main, poursuivit le vieil homme en désignant d’un signe de tête le plus jeune des trois Gardiens, celui qui avait aidé Everard et ses hommes à pénétrer dans la ville. Mais il faudra agir avec célérité. La situation peut évoluer à tout moment. On dit même que l’empereur est sur le point de s’enfuir de la ville. Vous devrez être en route à la pointe de l’aube.
    — Nous… ? lâcha Everard, surpris par les paroles du vieil homme. Et vous ? Vous allez bien venir avec nous, n’est-ce pas ?
    L’aîné des Gardiens échangea un regard triste avec les deux autres avant de secouer la tête.
    — Non. Nous devrons couvrir vos traces. Que les hommes du pape continuent de croire que ce qu’ils recherchent est toujours ici jusqu’à ce que nous ayons l’assurance que vous ne courez plus le moindre danger.
    Le premier réflexe d’Everard fut d’élever une objection, mais il comprit très vite que les Gardiens ne se laisseraient pas fléchir. Ils avaient toujours su qu’une circonstance comme celle-ci pouvait se présenter. Ils y avaient été préparés, comme toutes les générations de Gardiens avant eux.
    Ils charrièrent les coffres jusqu’au chariot, un par un, quatre chevaliers se chargeant de transporter les plus pesants, tandis que les deux autres surveillaient les alentours. Les prémices de l’aube pointaient dans le ciel nocturne lorsqu’ils en eurent terminé.
    La Porte du Printemps, celle qu’avaient choisie les Gardiens, était l’une des voies d’entrée dans la ville les plus reculées. Flanquée de deux tours, elle était également dotée d’une poterne sur un des côtés de la porte principale. C’était vers cet endroit qu’ils se dirigeaient.
    Tandis que le chariot lourdement chargé, mené par deux individus dissimulés sous
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