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La complainte de l'ange noir

La complainte de l'ange noir

Titel: La complainte de l'ange noir
Autoren: Paul C. Doherty
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élèvent cochons et poules. Je m’y suis rendu les premiers temps et n’y ai rien remarqué de répréhensible. Ils ont bâti une chapelle rudimentaire et un réfectoire. Quand le temps se met au beau, ils vont en quête d’aumônes sur la grand-route.
    — Et les villageois ?
    — Ils s’en méfiaient au début. Les pastoureaux, cependant, surtout Maître Joseph et Philip Nettler, s’avérèrent gens honnêtes et travailleurs, aussi finirent-ils par les accepter. Certains d’entre eux – des hommes et des femmes – ont d’ailleurs rejoint la communauté et se sont mis en route...
    — Mis en route ? l’interrompit Ranulf. Comment cela, Messire ?
    Ce fut Alice qui expliqua :
    — Ils sont habités par une vision, celle du retour imminent du Christ. Après avoir été purifiés et préparés, ils voyagent jusqu’à Hull ou tout autre port, et là s’embarquent pour la Terre sainte. Selon Maître Joseph, ils doivent se retrouver au mont des Oliviers, où le Christ reviendra bientôt dans un char de feu.
    — Ils y croient vraiment ? s’étonna Ranulf, narquois.
    — Pourquoi pas ? rétorqua Alice. Ce genre de communauté fleurit dans toute la chrétienté, si je ne me trompe.
    — Et personne n’y met le holà ? persista Ranulf.
    — Les pastoureaux viennent nous voir également, raconta mère Cecily. Nous leur donnons des vêtements, du vin et de la nourriture. En retour, ils travaillent sur les terres du prieuré, dans le jardin et le verger, comme ils le font pour Sir Simon. Leur communauté est très fluctuante, mais ces jeunes gens et ces jeunes femmes sont habités par l’Espoir. Ils passent quelques semaines à l’Ermitage, pour ce que Maître Joseph appelle la période de purification, puis Maître Philip ou lui les emmène au port le plus proche. Ils reçoivent un viatique, un laissez-passer, des vêtements de rechange, des vivres et... vogue la galère !
    Elle haussa les épaules.
    — Ils paraissent être d’honnêtes chrétiens. Ils partagent tout et font bourse commune.
    Ranulf lut dans le sourire qu’elle lui décocha une certaine concupiscence.
    « En voilà une qui doit être assez portée sur la chose, se dit-il avec amusement. Gageons qu’une petite visite chez ces bonnes chanoinesses ne serait pas inutile. »
    Ranulf répétait souvent à Maltote avec fierté : « A trompeur, trompeur et demi ! Moi, les coquins, je les flaire de loin ! »
    Et ce soir-là, il flairait leur présence. Tout en soutenant le regard de la prieure, il se demanda brièvement quelle opinion s’était forgée son « Maître Longue Figure ».
    — Et les femmes partent à l’étranger, elles aussi ? s’étonna Corbett.
    — Bien sûr ! répondit le père Augustin. Quel sort attend une jeune paysanne ? Un dur labeur, le mariage avec une brute ! Être rompue par les naissances avant d’avoir atteint son vingtième printemps ! Quant aux hommes, ils ne sont pas mieux lotis : enchaînés à la charrue ou engagés comme soldats dans les guerres d’Écosse.
    — Ils ne me plaisent pas ! s’exclama Adam Catchpole.
    Il appuya soigneusement sur la table ses avant-bras épais et musclés.
    — Je n’aime ni Philip Nettler ni ce dévot de Maître Joseph. Des fainéants, tous les deux ! Je viens d’un village identique.
    Sa voix rude s’amplifia soudain :
    — J’en ai vu, de ces communautés. Leurs membres affirment aux naïfs que Jérusalem se trouve derrière la colline ou le premier tournant. C’est faux, bien sûr.
    Il fixa Corbett.
    — Et vous le savez, n’est-ce pas, Sir Hugh ? Sinon vous et Messire Monck ne seriez pas ici.
    — D’une certaine façon, oui ! répondit posément Corbett.
    Il s’interrompit pendant qu’un page le resservait, puis reprit :
    — Pastoureaux signifie « bergers ». Ce mouvement est né en France. Il fut créé, il y a quelque cinquante ans, par un moine défroqué appelé Jacob qui s’affubla du titre étrange de Maître de Hongrie.
    Corbett but une rasade.
    — D’après certains témoignages, Jacob déclarait avoir eu une vision lui ordonnant de rassembler les pauvres, à l’image des bergers de Bethléem, et de les envoyer en Terre sainte pour y attendre le retour du Christ. Malheureusement, il attira la lie de la société : apostats, prostituées, voleurs, criminels et bandits de grand chemin. Il les regroupa en compagnies, et au lieu de marcher vers Jérusalem, ces marauds se mirent à piller la contrée comme
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