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Il suffit d'un Amour Tome 2

Il suffit d'un Amour Tome 2

Titel: Il suffit d'un Amour Tome 2
Autoren: Juliette Benzoni
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avait pu voir, par la petite fenêtre de la tourelle donnant sur la rue, l'homme au chapeau en éteignoir qui arpentait ladite rue, toujours sur le même trajet. Il allait du coin de l'hôtel de Brazey jusqu'à la boutique de maître Aubin, le grand parcheminier chez qui Garin se fournissait, examinait d'un air innocent les belles peaux blanches, soigneusement préparées et ornées qui décoraient la devanture, puis repartait, pour revenir quelques instants plus tard. Songeuse, Catherine rentra chez elle, hésitant sur le parti qu'elle devait prendre. Si Sara ne l'avait pas quittée, elle l'eût envoyée directement trouver le bonhomme et, en un rien de temps, eût été renseignée. Nul ne s'entendait comme la tzingara à tirer les vers du nez des gens. Mais elle n'avait plus Sara et, une fois de plus, son absence se faisait cruellement sentir. Abou- al-Khayr était trop voyant et d'aspect trop pittoresque pour qu'on le chargeât d'une mission de ce genre et Catherine ne se voyait pas descendre dans la rue pour interroger l'espion.
    L'aspect de l'homme dirigea ses soupçons vers le jeune et charmant capitaine des gardes qui se troublait si visiblement en sa présence. Elle pensa : il faut que j'en aie le cœur net !
    Vers l'heure de sexte1, elle se rendit au Palais Ducal pour prendre son service auprès de la duchesse Marguerite. Cette fois, un mendiant sale et déguenillé était attaché à ses pas et la suivit presque jusqu'au corps de garde, mais elle n'y prêta pas autrement attention, entra au palais sans faire mine de l'avoir vu et monta chez la duchesse. Celle-ci venait de s'endormir, après un léger repas, engourdie par la chaleur de ce jour d'été, et Catherine ne trouva qu'Ermengarde qui, d'ailleurs, s'apprêtait visiblement à en faire autant. La Grande Maîtresse avait du mal à tenir les yeux ouverts.
    — Si vous voulez faire un somme en notre auguste compagnie, dit-elle à Catherine, en étouffant un bâillement derrière sa belle main blanche, je n'y vois aucun inconvénient. Mais dans le cas contraire, allez donc profiter du soleil et revenez plus tard. Son Altesse dormira bien jusqu'après none2.
    Enchantée de l'occasion qui lui permettait de mettre tout de suite à exécution le plan préparé à l'avance et qu'elle avait espéré réaliser en sortant de son service, Catherine la remercia et la quitta en disant qu'elle irait, dans ce cas, s'installer au jardin pour s'y reposer à l'air. Elle descendit, erra un moment dans les allées pavées qui entouraient le bassin où nageaient des poissons et les arabesques de petit buis formant massif, respira, aux arceaux fleuris, les roses rouges qu'affectionnait la duchesse Marguerite, puis obliqua résolument vers les dépendances du palais où étaient logés les soldats et où le capitaine des gardes avait sa chambre.
    — Midi.
    — Trois heures.
    La chaleur était intense. Des mouches et des guêpes bourdonnaient un peu partout. Appuyés sur leur lance, le casque de travers, les gardes du palais dormaient debout. Catherine parvint sans difficulté à l'escalier qui menait chez Jacques de Roussay. Il y régnait Une température de four, parce que les garnitures de plomb des toitures chauffaient comme l'enfer. La jeune femme sentit la sueur couler le long de son corps, cependant à l'aise dans une légère robe de candal vert pomme rayé d'argent, d'une couleur acide et fraîche comme l'eau d'une fontaine. Ses cheveux étaient simplement roulés sur les oreilles et emprisonnés dans deux résilles d'argent retenues par un fil mince d'où pendait, au milieu du front, une perle en poire.
    Dans l'escalier, un bruit de voix frappa ses oreilles et ralentit son pas. Elle reconnut celle de Jacques de Roussay. À cause de la chaleur, il avait dû laisser la porte de sa chambre ouverte.
    — Laissons maintenant ceci, disait le capitaine. Je vais te dicter une lettre pour Monseigneur. Voici au moins deux jours qu'elle devrait être écrite et je ne peux différer plus longtemps car un chevaucheur part ce soir pour Gand. Il est vrai qu'il y a si peu à dire ! ajouta-t-il avec un soupir. Tu y es ?
    — J'y suis ! fit une voix inconnue de Catherine.
    Celle-ci, poussée par une irrépressible curiosité,
    s'était arrêtée sur la dernière marche de l'escalier, juste avant le tournant d'où elle eût été visible. Son instinct lui disait qu'elle allait entendre des choses intéressantes.
    « Très illustre et très puissant Seigneur, dictait Jacques, j'implore
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