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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris
Autoren: Michel Zévaco
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sur
son front, il ajoute :
    – Un magnifique Bonnat, d’ailleurs…
Allons, nous étions fous… fermons cette porte !…
    Et Gérard, après des allées et venues, s’est
arrêté devant la porte du cabinet.
    Adeline hausse les épaules, et, lentement,
s’avance vers lui…
    – Voyons, dit-elle, tu as peur ?…
Dis ?… Peur ! Quand je suis là ! Quand je t’ouvre
mes bras ! Quand mes yeux te crient mon amour ! Quand
j’ai soif de tes baisers !… Gérard !… Ton premier baiser…
je l’attends encore !… Aime-moi, oh ! aime-moi !… Je
t’aime, moi, vois-tu !… Et quand l’enfer serait là… quand il y
aurait derrière cette porte un spectre… tiens, entrons !… Et
puisque son portrait peut nous voir à défaut de lui qui ne nous
verra jamais, je veux lui porter le défi suprême ! Je veux me
venger de tous les mensonges, de toutes les humiliations, de
l’horrible existence de ce faux amour que j’inventai pour me
rapprocher de toi !… Baron d’Anguerrand, où es-tu ?… Où
es-tu, Hubert ?… Tu n’as pas compris mes nuits de larmes et de
honte !… Tant pis, je me venge !… D’un seul
baiser !… Regarde, Hubert d’Anguerrand, regarde !…
    Frénétiquement, elle saisit Gérard, l’enlace
de son bras droit, approche ses lèvres de feu des lèvres de l’homme
qu’emporte maintenant le coup de passion…
    Et au moment où leurs bouches vont s’unir…
enfin !… oui, à ce moment, par une hideuse bravade à l’ombre
du mort, Sapho, rudement, de la main gauche, ouvre la porte toute
grande…
    Et alors… oh ! alors… un faible
gémissement expire sur ces bouches qui ne se sont pas touchées…
    Dans leur enlacement, Gérard et Sapho
demeurent pétrifiés, incapables d’un geste, d’un cri, d’une fuite,
debouts par miracle dans l’effondrement de tout ce qui constitue la
vie, et pareils alors à ces couples de damnés que le sombre génie
du moyen âge sculptait en des poses de torture…
    Car là, dans ce cabinet, un homme est
assis…
    Et cet homme, lentement, se redresse et les
regarde…
    Et c’est le spectre évoqué par Sapho !…
C’est le père de Gérard, l’amant d’Adeline, le baron Hubert
d’Anguerrand… oui ! c’est le mort… l’assassiné !…
    L’apparition, debout, marche sur le couple
hideusement enlacé ; elle marche sans hâte, comme marche
l’inévitable ; elle s’approche ; en vain ils veulent
fuir, leurs membres sont de plomb… et l’apparition les atteint… son
bras se lève et, du bout du doigt, elle touche Gérard à la
poitrine…
    Sous ce contact à peine perceptible, comme un
coup qui l’assommerait, Gérard s’abat à genoux, ses cheveux se
hérissent, ses yeux s’exorbitent, et, dans un râle, il
murmure :
    – Est-ce vous, mon père… Est-ce donc vous
qui venez du fond de la mort ?…
    L’apparition se tait. Et tandis qu’Adeline,
pantelante, décomposée, fait un effort surhumain et inutile pour
reculer, Gérard continue :
    – Grâce, mon père !… grâce !…
On dit que les morts pardonnent… par pitié, retirez-vous de ma
présence… Pardonnez !…

Chapitre 7 SPECTRES EN PRÉSENCE
    Le front du misérable éperdu de superstitieuse
épouvante, digne rejeton des races dégénérées, son front frappe le
tapis, ses ongles s’incrustent dans la moquette, il grelotte, il
claque des dents, il sent qu’il va mourir… mourir de peur…
    Et à ce moment, un nouveau bouleversement se
produit en lui… la peur des réalités visibles et tangibles,
soudain, remplace la peur des irréalités fantômales… ce n’est plus
la superstition qui le fait trembler, mais l’épouvante du juge, de
la cour d’assises et de l’échafaud… car l’apparition jusque-là
muette vient de parler… et c’est un son de voix vivante… bien
vivante… trop vivante qui retentit aux oreilles de Gérard comme un
coup de tonnerre…
    Le baron d’Anguerrand a parlé…
    – Relève-toi, Gérard…
    Et d’un bond, Gérard est debout, un
pétillement rouge au fond de ses yeux, les mâchoires serrées, les
poings crispés… la tête pleine de visions de meurtre !…
    Maintenant, il n’a plus peur !… Ce n’est
pas un spectre qui est là… ce n’est que son père… Et ce père…
oh !… il faut qu’il disparaisse à jamais, cette
fois !…
    D’un geste aussi tranquille qu’était calme sa
voix, le père tire un revolver de sa poche : il a compris
l’attitude de son fils !…
    Rudement, Gérard
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