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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue
Autoren: Michel Zévaco
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son armée s’ébranlait lentement. Pardaillan trottait parmi les officiers du roi qui, parfois, l’appelait près de lui et l’interrogeait.
    Lorsqu’on arriva devant le château de Plessis, on vit que toute l’armée d’Henri III était campée là. Les officiers frémirent et, plus que jamais, conseillèrent au roi de s’abstenir.
    – Au moins, s’écria l’un d’eux, allons-y tous ensemble, et, par la mordieu, nous verrons ce que cent huguenots peuvent faire en cas d’alarme.
    – Et vous, monsieur de Pardaillan, que me conseillez-vous ? dit le roi.
    – D’y aller seul, sire ! Seul avec cinq ou six de vos gentilshommes. S’il y a guet-apens, cent ne feront pas plus que six devant six mille hommes ; et si Henri de France est loyal, vous lui aurez prouvé que vous aviez mis en lui toute votre confiance.
    Le roi approuva d’un signe de tête et choisit trois officiers pour l’escorter, c’est-à-dire Agrippa d’Aubigné, du Bartas et Pardaillan lui-même. Les autres mirent pied à terre à trois cents pas du château.
    – Ventre-saint-gris ! dit le Béarnais, au moins si je vais à la mort, j’y aurai été en bonne compagnie !
    Et il jeta un dernier regard à Pardaillan qui répondit :
    – Sire, c’est au trône et non à la mort que vous allez. Mais, si, par hasard, c’était à la mort, vous auriez le regret de ne pas y aller en ma compagnie, car je vous y précéderais.
    Et ils s’avancèrent tous les quatre, le Béarnais en tête.
    Cependant, le bruit d’une entrevue entre le roi de Navarre et le roi de France s’était répandu à Tours et dans les environs. Une multitude de peuple s’était approchée du château, et, comme on avait laissé les portes grandes ouvertes, s’était massée aux abords d’un grand et magnifique jardin, les uns grimpant sur les statues de marbre, d’autres se juchant dans les arbres.
    Henri III attendait dans le jardin, vêtu d’un magnifique costume de satin blanc, portant au cou le grand collier de l’ordre dont il était le fondateur, appuyant sa main sur une poignée d’épée toute constellée de diamants, et les épaules couvertes d’un court manteau de soie cerise. Derrière lui, sur quinze ou vingt rangs de profondeur, ses courtisans et ses officiers revêtus de leurs habits de cérémonie lui formaient un cadre d’une splendeur étrange. En arrière de cette masse de costumes chatoyants, à gauche et à droite, un double rang de hallebardiers en costume de cour, majestueux et imposants, fermaient trois côtés d’un grand carré dont un seul était ouvert. Enfin, derrière les hallebardiers, trois régiments en tenue de campagne : au fond, les arquebusiers ; à droite et à gauche, les pertuisaniers. Au milieu de cette énorme mise en scène que contemplait la foule, Henri III, seul dans un espace vide, attendait immobile.
    Le Béarnais s’avança, suivi de son escorte de trois hommes tout poussiéreux de la route qu’ils venaient de faire. Un rapide sourire balafra le visage astucieux du Gascon lorsqu’il vit le déploiement de forces et de magnificences imaginé par Henri III. Il voulut que le contraste fût plus violent encore entre cette richesse qui demandait grâce et sa pauvreté qui venait au secours de cette splendeur… D’un geste, il arrêta ses trois compagnons, et s’avança seul.
    Un silence de plomb s’abattit sur toute cette cour et sur le peuple attentif, lorsque le Béarnais s’arrêta à trois pas d’Henri III, tout seul, avec son vieux pourpoint usé, son chapeau gris orné d’une belle médaille, – son seul luxe – ses bottes aux semelles éculées, aux éperons rouillés. Une minute pendant laquelle on eût entendu le vol des papillons qui se poursuivaient au grand soleil de juillet, une minute qui fut un siècle d’angoisse et d’attente tragique, les deux rois se regardèrent sans pleurer.
    Brusquement, le Béarnais ouvrit ses bras. Henri de Valois, la poitrine oppressée, fit trois pas rapides et s’y jeta en murmurant :
    – Mon frère ! Ah ! mon frère !… je suis bien malheureux !…
    A ce spectacle, un frémissement prolongé parcourut les rangs de la cour et des soldats, gagna le peuple, s’accentua comme le bruit des feuilles quand vient le coup de vent, monta, gonfla, et soudain, tandis que toutes les têtes se découvraient, éclata en une immense acclamation de : « Vive le Roi !… » Et alors, à ce cri qu’il n’avait pas entendu depuis bien longtemps, Henri
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