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Ce jour-là

Ce jour-là

Titel: Ce jour-là
Autoren: Mark Owen , Kevin Maurer , Olivier Dow
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profondément lorsque nous quittons l’espace aérien afghan.

19
T OUCHER LA MAGIE DU DOIGT
    Mon téléphone vibrait, sonnait, bourdonnait, bipait et croulait sous un flot continu de messages.
    À peine le C-17 avait touché le sol à Virginia Beach qu’on avait tous rallumé notre téléphone, déclenchant une cacophonie de sonneries. Mon appareil, posé à côté de moi, sautait comme du pop-corn.
    Pendant que nous survolions l’Atlantique, l’opération Ben Laden embrasait les médias. Les reporters arrivaient par dizaines à Virginia Beach, ils cherchaient à interviewer des SEAL en chair et en os. À Washington, au Congrès et au Pentagone, ceux qui détenaient la moindre bribe d’information se faisaient un plaisir de la divulguer.
    Lorsque mon téléphone finit par s’arrêter, j’ai commencé à parcourir les messages. Les gens ignoraient complètement si j’avais fait ou non partie du commando. Mais tous ceux qui savaient que j’étais un SEAL cherchaient à me contacter pour m’en parler. J’avais des messages non seulement de ma famille et de mes amis, mais d’anciens camarades de classe que je n’avais pas vus depuis des lustres. Les messages étaient pratiquement tous identiques :
    Salut, vieux, qu’est-ce qui se passe ? J’ai regardé les infos et je me demandais si tu étais dans les parages.
    La mission avait été tenue tellement secrète que nous n’avions rien dit aux membres de notre propre unité restés sur place. Maintenant, je me retrouvais avec près de cent mails, cinquante messages dans ma boîte vocale et trois douzaines de textos qui me demandaient si par hasard je n’étais pas allé au Pakistan et si je savais ce qui se passait. Ma famille voulait juste savoir si j’étais là, et sain et sauf.
    À peine l’avion s’était immobilisé que la porte s’ouvrait et que le commandant de notre escadron se précipitait à bord. Il allait être le prochain patron du DEVGRU. On avait retardé la passation de pouvoirs jusqu’à la fin de l’opération, si bien qu’il n’avait pas été avec nous en Afghanistan. Il était l’un des meilleurs chefs que j’aie connus. Tous les types l’aimaient parce qu’il nous soutenait toujours.
    Tandis que nous rassemblions nos affaires, il remonta l’allée et serra la main de tout le monde et nous donna une accolade. Il tenait à être le premier à nous accueillir. On était tous encore un peu dans le coaltar à cause des somnifères, il y avait quelque chose de surréaliste à voir sa silhouette efflanquée et son crâne chauve aller et venir. Ce fut la première indication que l’accueil qu’on allait nous faire serait plus grand que ce qu’on avait imaginé.
    Le gémissement des moteurs rendait les échanges difficiles quand nous sommes descendus de l’appareil. Dehors, il faisait nuit noire. Le fait de sortir d’une cabine bien éclairée rendait le contraste plus saisissant. Mes yeux eurent besoin de quelques secondes pour accommoder et c’est là que j’ai vu les deux cents SEAL alignés, venus nous saluer. Je ne distinguais que leurs silhouettes, tandis que je me dirigeais vers les bus blancs qui nous ramèneraient à la base. Il y avait cinquante mètres à parcourir à pied, et j’ai dû serrer au moins cent mains sur le chemin.
    Nous accueillions toujours les avions quand les escadrons rentraient de mission. Je fus frappé par l’idée que chacun de ceux à qui je serrais la main aurait pu être à notre place. Nous avions été au bon endroit au bon moment. Je mesurais toute ma chance.
    Je n’avais que quelques secondes pour dire bonjour ou marmonner un remerciement. Nous étions épuisés et dépassés lorsque nous sommes montés dans le bus.
    Heureusement, de la bière bien fraîche et des pizzas chaudes nous attendaient. Je me suis installé dans mon siège en silence. Le sac à dos entre les jambes, j’ai gardé mon téléphone en équilibre sur la cuisse pendant que je mangeais et sirotais ma bière. Dans le bus, tout le monde étudiait son portable pour s’efforcer de trier la masse des messages. Le président Obama s’était adressé à la nation vingt-quatre heures auparavant.
    Pour la première fois, l’énormité de la chose commença à m’apparaître. Génial, non ? Je venais d’accomplir le genre de mission raconté dans les livres que je lisais quand j’étais gosse, en Alaska. Nous étions entrés dans l’Histoire. Mais j’ai évacué ces idées aussitôt. Si on se laisse aller à
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