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Azincourt

Azincourt

Titel: Azincourt
Autoren: Bernard Cornwell
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donc affronter la
damnation éternelle.
    — Qui sont-ils,
d’ailleurs ? demanda Hook.
    — Des Lollards.
    — Qu’est-ce que c’est,
Lollard ?
    — Un hérétique, petit morveux,
répondit jovialement Snoball. Ces gueux devaient se rassembler ici et mener une
rébellion contre notre gracieux roi, mais c’est en enfer qu’ils finiront.
    — Ils n’ont point l’air de
rebelles, dit Hook.
    La plupart étaient d’âge mûr,
certains âgés et d’autres fort jeunes. Il y avait des femmes et des fillettes
parmi eux.
    — Peu importe leur allure, ce
sont des hérétiques et ils doivent mourir, dit Snoball.
    — Telle est la volonté de
Dieu ! glapit sir Martin.
    — Mais en quoi sont-ils
hérétiques ? insista Hook.
    — Oh, mais que nous sommes
curieux, aujourd’hui, ironisa sir Martin.
    — Moi aussi, je voudrais bien
savoir, renchérit Michael.
    — Parce que l’Église en a
décidé ainsi, rétorqua sèchement sir Martin. (Puis, se radoucissant :)
Crois-tu, Michael Hook, que lorsque je lève l’hostie, elle se transmue en le
corps mystique, très saint et bien-aimé de notre Seigneur Jésus-Christ ?
    — Oui, mon père, bien
sûr !
    — Eh bien, eux ne le croient
point, dit le prêtre en désignant les Lollards agenouillés dans la boue. Ils
croient que le pain demeure pain, ce qui fait d’eux d’ignobles vermines. Et
crois-tu que notre Saint Père le pape est le vicaire de Dieu sur cette
terre ?
    — Oui, mon père, opina Michael.
    — Grâce au Ciel, sans quoi
j’aurais dû te faire brûler.
    — Je croyais qu’il y avait deux
papes ? intervint Snoball.
    — As-tu jamais vu un pécheur
brûler, Michael Hook ? poursuivit sir Martin sans relever.
    — Non, mon père.
    — Ils hurlent, mon petit Hook,
dit sir Martin avec un sourire de plaisir. Comme sanglier qu’on écorche. Si
fait ! (Il se retourna brusquement et pointa un long doigt maigre vers
Nick.) Et tu devrais prêter oreille à leurs cris, Nicholas Hook, car ils sont
la liturgie de l’enfer. Et toi, ajouta-t-il en ponctuant ses paroles de son
index, tu es voué à l’enfer. (Le prêtre fit volte-face en écartant les bras
comme un grand corbeau.) Gardez-vous de l’enfer, mes enfants !
s’exclama-t-il. Gardez-vous-en ! Pas de téton le mercredi et le vendredi,
et accomplissez chaque jour l’œuvre de Dieu avec diligence !
    D’autres cordes avaient été passées
aux enseignes voisines et à présent les soldats répartissaient les prisonniers
en groupes qu’ils poussaient vers ces gibets de fortune. Un homme se mit à
crier à ses compagnons de garder foi en Dieu et qu’ils se retrouveraient au
ciel avant la fin de la journée. Il continua ainsi jusqu’à ce qu’un soldat en
livrée royale lui casse la mâchoire d’un coup de poing. L’homme fut l’un des
deux choisis pour les bûchers et Hook, à l’écart de ses camarades, vit l’homme
hissé sur le tonneau rempli de pierres et attaché au poteau. On jeta d’autres
fagots à ses pieds.
    — Allons, Hook, ne rêvasse pas,
grommela Snoball.
    La foule de plus en plus nombreuse
restait silencieuse. Quelques-uns semblaient ravis, mais la plupart regardaient
à contrecœur, ignorant les sermons des prêtres et tournant le dos à un groupe
de moines en froc brun qui psalmodiaient des laudes.
    — Hisse-moi ce vieillard,
ordonna Snoball à Hook. Il y en a dix à pendre, alors mets-toi à
l’ouvrage !
    L’un des chariots vides qui avaient
servi à apporter le bois fut amené sous la poutre et Hook y fit monter l’homme.
Les six autres prisonniers, quatre hommes et deux femmes, attendaient. L’une
des femmes se cramponnait à son mari, tandis que la deuxième priait,
agenouillée. Les quatre prisonniers sur le chariot étaient des hommes, l’un
d’eux assez âgé pour être le grand-père de Hook.
    — Je te pardonne, mon enfant,
lui dit l’homme alors que Hook enroulait la corde autour de son cou. Tu es
archer, n’est-ce pas ? (Hook ne répondit pas.) J’étais sur la colline à
Homildon, poursuivit-il en contemplant les nuages gris. J’ai tiré mes flèches
pour mon roi, l’une après l’autre, sur les Écossais, et Dieu me pardonne, mais
j’ai fait mouche ce jour-là. J’étais archer, conclut-il en le regardant droit
dans les yeux.
    Peu de choses étaient chères à Hook
en dehors de son frère et des filles qu’il prenait dans ses bras, mais les
archers lui tenaient à cœur. C’étaient ses héros. L’Angleterre, pour
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