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[Napoléon 3] L'empereur des rois

[Napoléon 3] L'empereur des rois

Titel: [Napoléon 3] L'empereur des rois
Autoren: Max Gallo
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tous, et pour combien de jours ? Vos hommes ont-ils cinq kilos de farine dans leurs sacs, du pain pour quatre jours et des biscuits pour six jours, comme je l’ai exigé ?
    Marbot a bien répondu. On ne gagne une guerre que par la combinaison des grandes pensées stratégiques et du souci du détail.
    Il se tourne vers Méneval, commence à dicter un ordre du jour.
    « Les officiers feront des inspections tous les matins pour s’assurer que chaque soldat n’a mangé que le jour de vivres qu’il devait, et qu’il a le reste pour le nombre de jours voulu. »
    Il faut qu’Eugène retarde le mouvement de son armée jusqu’à nouvel ordre, « car avant tout il faut que vous ayez des vivres. Faites-moi connaître combien vous avez de pain. Je me déciderai alors à vous donner un ordre de mouvement. Dans ce pays-ci, le pain est la principale des choses ». Maintenant, il faut questionner le maréchal Davout : « Je suppose que vous vous êtes assuré de vingt-cinq jours de vivres pour votre corps d’armée ? »
    Il s’arrête. Maret vient d’arriver. Le duc de Bassano, ministre des Relations extérieures, a quitté Dresde il y a quelques heures. A-t-il des lettres de l’Impératrice ? Il les tend. Napoléon les pose sur la table, puis fait signe qu’il veut rester seul. Il les lit, commence à répondre.
    « Mon amie, j’ai reçu tes trois lettres. Je commençais à trouver bien long d’être deux jours sans avoir de tes nouvelles. J’apprends avec peine que tu es triste et je sais gré à la princesse Thérèse de te faire promener. Je suis fatigué d’avoir travaillé toute la journée. Je vais monter une heure à cheval. Je partirai cette nuit pour être demain matin à Thorn. Dis bien des choses de ma part à ta tante et au roi et à la famille de Saxe.
    « Tu as raison de penser à moi. Tu sais que je t’aime et j’éprouve bien de la contrariété de ne plus te voir deux ou trois fois par jour. Mais je pense que dans trois mois cela sera fait.
    Addio, mio dolce amore .
    « Tout à toi.
    « Nap. »
    Il fait rentrer Maret. Il l’écoute évoquer les propositions de Bernadotte qui tergiverse, hésite à engager la Suède aux côtés de la France, ménage les Russes et, en fait, laisse passer le temps pour choisir de se ranger aux côtés du vainqueur.
    Napoléon donne un coup de pied dans une chaise, la renverse.
    — Le misérable ! L’occasion d’abaisser la Russie est unique, et cette occasion négligée, il ne la retrouvera plus, car on ne verra pas deux fois un guerrier tel que moi marchant avec six cent mille soldats contre le formidable empire du Nord… Le misérable, il manque à sa gloire, à la Suède, à sa patrie ; il n’est pas digne qu’on s’occupe de lui.
    Il donne à nouveau un coup de pied.
    — Je ne veux plus qu’on m’en parle et je défends qu’on lui fasse arriver aucune réponse, ni officielle, ni officieuse.
     
    Il sort, chevauche une heure, accompagné d’une faible escorte, puis, rentré, il essaie de dormir. Mais, à 3 heures du matin, il donne le signal du départ. Dans l’aube qui se lève, il observe les troupes en marche. Beaucoup de traînards. Il faudra que des unités de gendarmerie les rassemblent, les conduisent à leurs régiments.
    À l’entrée de Thorn, la voiture s’immobilise. Il descend. Les rues sont encombrées par les troupes de Jérôme et d’Eugène. Il passe au milieu des soldats. La plupart parlent allemand ou italien, ne prêtent aucune attention à lui. Il entre dans le couvent où Caulaincourt a préparé son quartier général. Les salles voûtées sont pleines d’officiers alliés, d’Allemands.
    — Que ces messieurs sortent, qu’ils ne me suivent pas d’aussi près, qu’ils restent en arrière à plusieurs journées de marche, dit-il.
    Il commence à travailler. Où a-t-on prévu d’installer les hôpitaux ? Les équipages de pont sont-ils parvenus jusqu’ici ? Il dicte, il ordonne. Il passe la Garde et l’artillerie en revue. Il sort au milieu de la nuit pour une inspection des cantonnements.
    Parce qu’il a besoin de respirer cet air plus frais de la nuit et d’entendre les voix des soldats, de retrouver l’atmosphère des veilles de bataille. Il rentre au quartier général. Il ne peut pas dormir. Mais il se sent bien. Il fredonne, puis sa voix éclate, tonnante.
    Et du nord au midi la trompette guerrière
    a sonné l’heure des combats
    Tremblez, ennemis de la France…
    Il s’interrompt.
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