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Le soleil d'Austerlitz

Le soleil d'Austerlitz

Titel: Le soleil d'Austerlitz
Autoren: Max Gallo
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théâtre. Il a demandé qu’on donne un concert en l’honneur de la Cour.
    Talleyrand, qui vient d’arriver, s’est assis près de lui et chuchote tout au long du concert, expliquant qu’il faudrait ne pas écraser l’Autriche, mais plutôt conclure avec elle une alliance contre les vraies puissances ennemies, l’Angleterre, la Russie, la Prusse.
    Talleyrand apporte aussi les dernières nouvelles de France. Les inquiétudes des gens d’argent sont toujours vives. La banque Récamier et la banque Hervas sont en faillite. On craint une guerre longue au sort incertain.
    L’or aussi va vers les vainqueurs, dit Napoléon. Il faut donc achever la guerre par la victoire.
    Talleyrand approuve, puis parle de Joséphine, si soucieuse de n’avoir pas reçu de lettres de l’Empereur, si parfaite qu’elle a séduit Strasbourg, où elle attend le bon vouloir de l’Empereur.
     
    « L’on m’a donné des détails qui m’ont prouvé toute la tendresse que tu me portes, lui écrit Napoléon le soir même. Mais il faut plus de force et de confiance. J’avais d’ailleurs prévenu que je serais six jours sans écrire.
    « Ma santé est assez bonne. Je m’avance contre l’armée russe. Il faut être gaie, t’amuser, espérer qu’avant la fin du mois nous nous verrons.
    « J’ai donné hier aux dames de cette Cour un concert. Le maître de chapelle est un homme de mérite. J’ai chassé à une faisanderie de l’Électeur : tu vois que je ne suis pas si fatigué. Talleyrand est arrivé. »
     
    Le lendemain, Napoléon quitte à nouveau les palais. Il faut oublier les bains chauds, les concerts, reprendre la route.
    Parfois, dans la berline, ou bien même à cheval, quand il a décidé d’avancer ainsi, au milieu de ses soldats, sous la neige, il pense qu’il aime cette vie-là, errante, périlleuse et rude. Il couche dans des presbytères au confort rudimentaire. À Lembach, il loge dans un couvent. La cellule où il s’installe pour la nuit est glacée, la sensation de froid est encore plus grande que sur la route, dans les bourrasques de neige.
    « Je suis en grande marche, écrit-il à Joséphine. Le temps est froid, la terre couverte d’un pied de neige. Cela est un peu rude. Il ne manque heureusement pas de bois ; nous sommes, ici, toujours dans les forêts. Je me porte assez bien. Mes affaires vont d’une manière satisfaisante ; mes ennemis doivent avoir plus de souci que moi.
    « Je désire avoir de tes nouvelles et apprendre que tu es sans inquiétude.
    « Adieu, mon amie, je vais me coucher. »
    Mais comment dormir ? Il reprend le rapport que lui a communiqué le général Savary. Il le relit, se souvient de cet homme étrange dont Savary lui a parlé déjà, un citoyen du pays de Bade, fils de pasteur, quincaillier, épicier, marchand de tabac, mais habile espion, longtemps au service des Autrichiens. Ce Schulmeister était encore dans Ulm auprès du général Mack il y a quelques jours. Puis Schulmeister a changé de camp, fait des offres à Murat et à Savary, apporté des renseignements sur la marche des troupes russes. Koutousov aurait l’intention d’attirer les Français loin vers l’est. Schulmeister se serait infiltré dans l’état-major austro-russe, se faisant passer pour officier. Savary a joint à son rapport les notes de Schulmeister, qui signe Charles-Frédéric.
    Les espions sont indispensables.
    Napoléon déchiffre pour la troisième fois cette écriture minuscule. Les détails donnés par Schulmeister confirment les intuitions de Napoléon. Il faut arrêter la retraite de l’ennemi vers l’est. Il n’est donc pas suffisant, comme le font Bernadotte ou Ney, de le battre, d’entrer à Salzbourg, à Innsbruck, ou comme Lannes et Murat de s’emparer des ponts sur le Danube qui permettront d’encercler Vienne et d’occuper la troisième ville d’Europe.
    Il faut battre et surtout détruire l’ennemi comme je l’ai fait à Ulm .
     
    Depuis la grande pièce où il s’est installé dans le palais des États à Linz, Napoléon aperçoit la grande place et la haute colonne de la Trinité érigée en 1723 en mémoire de la délivrance de la ville de la peste et des Turcs.
    Napoléon se tient devant la fenêtre et se souvient de ce projet qu’il avait eu de partir pour Constantinople.
    Il pense à ce destin qui l’a conduit ici, à Linz, si près de Vienne, où il va entrer, il en est sûr, dans cette capitale dont les Turcs ont fait le siège en vain.
    Il songe à toutes
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