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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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je vous crois chrétien ; je sais que vous ne voudriez pas me tromper. » Il n’eut garde vraiment. J’étais sûr qu’il me reviendrait ; et pourtant là-bas il ne manquait pas de drôles pour lui dire : « Tom, que ne prenez-vous le chemin du Canada ? » – « Oh ! moi, pas pouvoir : maître s’être fié à Tom ! » Je l’ai su par d’autres. Je suis fâché de me séparer de Tom, je l’avoue. Allons ! il faut qu’il couvre la différence, et solde ma dette ; vous diriez oui, Haley, si vous aviez un peu de conscience.
    – J’en ai autant qu’il en faut dans les affaires – tout juste assez pour jurer dessus, dit le marchand d’un ton badin ; et je ne demande pas mieux que de faire ce qui est raisonnable pour obliger des amis, mais c’est par trop exiger d’un pauvre homme – vrai, c’est trop dur ! »
    Le marchand soupira d’un air de componction, et se versa une nouvelle rasade.
    « Eh bien ! donc, Haley, comment vous plait-il de traiter ?
    – N’avez-vous pas quelque chose, garçon ou fille, à jeter dans la balance avec Tom ?
    – Hem !… personne dont je puisse me passer. À dire vrai, il faut une nécessité absolue pour me décider à vendre. Je n’aime pas à me défaire de mes mains – c’est un fait. »
    Ici, la porte s’ouvrit, et un petit quarteron, de quatre à cinq ans, fit son entrée dans la salle. Il était remarquablement beau et attrayant. Ses cheveux, aussi fins que de la soie grège, tombaient en boucles autour de ses joues rondes, à riantes fossettes, tandis que deux grands yeux noirs, pleins de feu et de douceur, lançaient de dessous ses longs cils des regards curieux. Une jaquette à raies écarlates et jaunes serrait sa taille bien prise et faisait ressortir son opulente et sombre beauté. À un certain mélange de timidité et d’assurance comique, on devinait un petit favori du maître, accoutumé à être remarqué et caressé par lui.
    « Holà ! Jim Crow [9] , dit M. Shelby en sifflant, et lui tendant une grappe de raisin : happe-moi cela ! »
    L’enfant rassembla ses petites forces, et sauta pour atteindre l’appât, aux éclats de rire du maître.
    « Ici, Jim ! ici, petit corbeau ! »
    L’enfant s’avança : le maître passa la main sur sa tête et lui prit le menton.
    « À présent, Jim, montre à ce monsieur comment tu sais danser et chanter. »
    Le petit garçon entonna, d’une voix claire et sonore, un de ces chants grotesques qu’affectionnent les nègres, et qu’il accompagna d’évolutions comiques des mains, des pieds, de tout le corps, à l’unisson de la musique.
    « Bravo ! s’écria Haley, lui jetant un quartier d’orange.
    – À présent, Jim, reprit le maître, marche comme le vieil oncle Cudjoe quand il a son rhumatisme. »
    À l’instant les membres flexibles de l’enfant se contournèrent, tandis que, le dos courbé en deux, la canne du maître à la main, il faisait en boitant le tour de la chambre, grimant de rides son visage enfantin, et crachant de droite à gauche, à l’imitation du vieillard. Les deux spectateurs riaient à gorge déployée.
    « Maintenant montre-nous comment le vieux Robbins entonne la psalmodie. »
    L’enfant allongea démesurément sa mine de chérubin, et nasilla l’air du psaume avec une imperturbable gravité.
    « Hourra ! bravo ! dit Haley, voilà un curieux petit singe ! Ce gaillard-là promet. Tenez, ajouta-t-il, frappant tout à coup sur l’épaule de Shelby, mettez ce petit drôle pour appoint, et je règle l’affaire. – Vrai ! – voyons, c’est ce qui s’appelle être raisonnable. »
    À ce moment, la porte, doucement entrouverte, laissa passer une jeune quarteronne d’environ vingt-cinq ans.
    Il suffisait de comparer l’enfant à la femme pour reconnaître la mère ; mêmes yeux profonds et noirs, mêmes longs cils, mêmes ondes de cheveux soyeux. À travers la teinte brune de sa peau on voyait rougir ses joues sous le regard hardi que l’étranger fixait sur elle avec une impudente admiration. Ses vêtements propres et soignés faisaient ressortir l’élégance de sa taille. Une main délicate, un pied petit et bien fait, une cheville moulée, étaient des valeurs de prix qui n’échappèrent pas à l’examen scrutateur du marchand, accoutumé à juger d’un coup d’œil les points capitaux de l’article femelle.
    « Que veux-tu, Éliza ? dit son maître en la voyant s’arrêter sur le seuil avec
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