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Fiorinda la belle

Titel: Fiorinda la belle
Autoren: Michel Zévaco , Aline Demars
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cynique :
    « Puisque vous ne me paierez que si vous réussissez, mon intérêt est de me taire. »
    Ils ne l’écoutaient plus : ils étaient déjà partis en trombe.
    La mère Culot passa dans la salle commune. Elle voyait que le cabaretier ne la perdait pas de vue. Elle alla d’elle-même se mettre au fond de la salle, le plus loin qu’elle put de la porte. Et elle se tint tranquille sur son escabeau, marmottant des prières. Il était clair qu’elle ne pensait pas à fuir.
    Non, elle n’y pensait pas. Elle n’était pas si sotte. Mais le soupçon de Ferrière avait fait naître une idée dans son cerveau. Et c’était cette idée qu’elle creusait en ayant l’air de prier :
    « Pourquoi pas ?… Pourquoi n’aviserais-je pas M. le baron ?… Je lui ferai une si belle histoire qu’il faudra bien qu’il me pardonne ma trahison… Dieu merci, j’ai l’imagination fertile et je n’ai point ma langue dans ma poche… Ainsi je ne perdrai rien de ce côté… et il paie largement, M. le baron, c’est une justice à lui rendre… Oui, ainsi si je le préviens, il accourra au bastillon, le damoiseau ne pourra pas reprendre sa tourterelle et je perdrai les dix bourses promises. Ah ! misère, qu’il est donc difficile de gagner honnêtement sa pauvre vie !… Voire… Voire… Si M. le baron arrive trop tard ?… Le damoiseau enlève sa belle et me paie… M. le baron me paie aussi… car ce n’est point de ma faute à moi s’il est arrivé trop tard ! Voilà la bonne combinaison, ainsi je touche des deux mains, ma fortune est faite. Quant à bouger d’ici, je n’aurai garde… Il ne faut pas que le damoiseau puisse me soupçonner. »
    Ayant arrangé sa petite affaire dans sa tête, la vieille passa aussitôt à l’exécution. Elle observa ce qui se passait autour d’elle. À une table, non loin de là, elles étaient deux filles minables, lamentables, assises en face l’une de l’autre, un pot de cervoise entre elles deux. La mère Culot se glissa jusqu’à elles, et leur parla à voix basse.
    L’entretien ne fut pas très long. Au bout de quelques minutes, les deux filles réglèrent leur pot de cervoise, se levèrent et sortirent d’un air nonchalant.
    Le cabaretier ne s’était pas aperçu qu’elles venaient de s’entretenir avec sa prisonnière. Car il la considérait comme telle.
    La vieille revint s’asseoir dans son coin. Elle souriait maintenant de son sourire visqueux, tandis que la main dans la poche dénombrait discrètement, sans bruit, les pièces contenues dans la bourse de Ferrière.

XXVIII – LE BASTILLON DU PRÉ-AUX-CLERCS
    Ferrière et ses compagnons s’étaient lancés au pas de course vers le pont au Change.
    Ce fut également au pas de course qu’ils traversèrent la Cité, l’Université, et franchirent la porte de Nesle. Ils ne modérèrent leur allure que lorsqu’ils se virent sur le Chemin-aux-Clercs : on pouvait les voir venir du bastillon, et ils ne voulaient pas donner l’éveil.
    Ils vinrent s’arrêter devant la haute et forte muraille qui ceinturait le corps de logis. Deux portes perçaient cette muraille : une grande à double battant et une petite.
    Ce fut dans la serrure de celle-ci que Ferrière introduisit la clef avec un serrement de cœur : la vieille pouvait avoir donné la première clef venue.
    Non, la porte s’ouvrit.
    Devant eux, une petite cour pavée, un perron de six marches. C’était là…
    Deux bonds pour traverser la cour, deux autres pour franchir les six marches du perron. Les voici devant la porte d’entrée de la maison. Pourvu qu’elle ne soit pas fermée à clef !…
    Non, on ne les a pas vus, pas entendus. Les estafiers se croyaient en sûreté derrière leur haute muraille. Ils étaient chez eux, bien à l’abri. Comment imaginer qu’une surprise pareille se produirait.
    Elle se produisit pourtant. Malheureusement pour eux.
    Une poussée violente rabattit la porte. Ils savaient qu’ils pénétraient dans le corps de garde, où ils étaient dix qui n’en bougeaient pas.
    Ils foncèrent dans le tas, sans crier gare.
    Pris à l’improviste, les estafiers n’eurent même pas le temps de se mettre en garde. Cinq d’entre eux tombèrent assommés. Les quatre autres tentèrent une résistance honorable. Mais ils n’étaient pas de force. Ils y gagnèrent chacun un coup d’épée qui les coucha sanglants sur le carreau.
    Cela ne faisait que neuf. Le dixième manquait. Ils ne s’attardèrent pas à le
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