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Will

Will

Titel: Will
Autoren: Stephen R. Lawhead
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CHAPITRE 1
    Et voilà. Un de ces jours, ils vont me pendre. Parfait. Je
l’ai mérité des centaines de fois, il faut bien le reconnaître, et ça laisse
encore une bonne marge. L’ironie de l’histoire, c’est que le crime pour lequel
mon corps va se balancer au bout d’une corde est le seul délit que je n’ai jamais
commis. Le shérif estime que j’ai appelé à la rébellion contre le roi.
    C’est faux.
    Oh, j’ai fait pas mal de choses qui pourraient être
considérées comme de la trahison. Pour sûr, j’ai mangé plus de venaison royale
que le roi a mangé de pain, et d’honnêtes gens ont perdu leur tête pour moins
que ça ; mais dans toutes mes espiègleries, je n’ai jamais soufflé le
moindre mot déloyal envers la couronne, ni même essayé de convaincre un seul
homme, garçon, cheval ou chien de suivre mon exemple. Ah, mais ce genre de
détails subtils n’a aucune importance lorsque des princes estiment que leurs
petits sentiments délicats ont été contrariés. C’est un traître qu’ils veulent
punir, pas un voleur. Le fait de manger le gibier du roi est un motif trop
insignifiant – davantage une insulte qu’un crime – quand c’est un
rebelle aux mains tachées de sang dont ils ont besoin. Il est arrivé trop de
choses dans les forêts des Marches, et il y a trop de fierté princière en jeu
pour se montrer un tant soit peu clément envers une racaille prise à braconner
quelques biches.
    Jusqu’à cette nuit fatale, Will Écarlate courait aux côtés
du Roi Corbeau et de sa bande de joyeux voleurs. Et il courait vite et loin,
croyez-moi. Plus vite et plus loin que tous les autres, et ça veut dire quelque
chose. En deux mots : c’est le Roi Corbeau qu’ils veulent, et comme ils ne
peuvent pas l’avoir, c’est ce bon vieux Will qui est à deux doigts de faire le
grand saut.
    Pas de chance, ça. Vraiment pas de chance.
    Je me suis fait prendre comme un débutant. Je ne peux m’en
prendre qu’à moi-même. Il n’y a personne d’autre à blâmer que le chasseur quand
il se prend à son propre piège. Je ne demande nul pardon. C’est en toute
connaissance de cause que j’ai couru champs et forêts avec le Roi Corbeau et sa
troupe. Et on s’est bien amusés, enfin jusqu’à ce que je me fasse coincer. Et
même là, sans cette lance qui m’a traversé l’os de la jambe, ils n’auraient pas
réussi à m’attraper.
    Et donc nous voilà, ma jambe et moi, assis dans ce trou
froid et humide sous le donjon du baron de Braose. J’ai une cellule –
quatre murs de pierre et un sol poisseux recouvert de paille pourrissante et de
joncs rances. J’ai un surveillant, Guibert ou Gulbert, ou un nom de ce genre,
qui m’apporte de la nourriture et de l’eau quand il se donne la peine de s’en
souvenir, et m’enlève mes chaînes de temps en temps pour que je puisse m’étirer
un peu et nettoyer ma blessure. J’ai aussi un prêtre rien qu’à moi, un jeune
scribe traînard qui vient recueillir mes histoires de larcins et les épingler dans
les pages d’un livre pour tous nous condamner.
    Nous n’arrêtons pas de parler. Dieu sait que nous avons du
temps à tuer avant que vienne le moment de me tuer. À présent, je me
rappelle avec plaisir notre folle poursuite. J’ai été pris dans le plan le plus
osé, le plus extravagant qui soit pour sortir enfin de la forêt. C’était un
plan aussi désespéré que la mort, mais léger et plaisant comme le regard
enamouré d’une vierge. D’un coup d’un seul, nous comptions refroidir l’ardeur
du shérif et éveiller un courroux un tant soit peu juste dans cette Bretagne
esseulée. Nous voulions faire la nique à la couronne, pour sûr, et peut-être
attirer l’attention du roi sur notre triste sort, embarrasser son shérif et le
ridiculiser, lui et ses troupes moutonnières – le tout en un seul
mouvement. Une belle idée, si l’on met de côté mes petites difficultés, aussi
parfaite qu’une fleur – jusqu’à ce qu’on finisse par entendre les murs du
monde s’écrouler autour de nous.
    En vérité, je ne peux pas m’empêcher de me dire que si nous
avions seulement su ce qui était tombé tout cru entre nos mains, rien de tout
cela ne serait arrivé et je ne me retrouverais pas là avec une jambe en feu,
prêt à me tuer si le shérif ne le fait pas. Oh, mais cela nous emmène un peu
trop loin, il y a de la terre plus proche à labourer d’abord.
     
    Ah, mais regardez-moi ce moine ! Endormi le nez
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