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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand
Autoren: Gary Jennings
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de me voir sourire devant l’ignorance de ce barbare.
    Je n’en ricanai pas moins, et assurai d’un air
méprisant :
    — Vous avez peut-être détruit un parchemin, mais en
aucun cas ce qu’il signifie. Mon frère tient toujours la cité stratégique de Singidunum [3] .
C’est ce qui a persuadé l’empereur de lui accorder ce pacte, et toutes les
assurances qu’il contient. Mon frère n’aura qu’à demander et vous pouvez être
sûr que Zénon lui en signera aussitôt un nouveau, en tous points identique.
    Strabo grogna sans se laisser démonter :
    — Ton frère tient Singidunum ? La belle affaire…
Moi, je tiens sa sœur. Nous verrons bien ce qui pèsera le plus lourd dans la
balance.
    Il se tourna vers l’ optio et dit :
    — Très bien, Ocer. Pas la peine de nous éterniser ici.
Envoie-moi deux hommes atteler des chevaux de trait à la carruca, et
débarrasse-la du cadavre de la fille. Fais-y ensuite ramener cette princesse,
fourre-la à l’intérieur, et veille à ce qu’elle n’en sorte pas.
    Se tournant vers moi, il ajouta :
    — Je regrette de devoir écourter ton repos nocturne,
princesse. Mais je tiens à ce que nous ayons repris la route au point du jour.
Nous allons devoir forcer l’allure, et ne nous arrêterons de nouveau qu’à la
nuit tombée. Si tu veux prendre un peu de repos pendant qu’il est temps, je te
conseille de le faire tout de suite.
    Je ne lui accordai qu’un regard de dédain, aussi se
tourna-t-il une fois de plus vers l’ optio, et enchaîna :
    — Pendant ce temps, Ocer…
    J’aurais bien aimé entendre la suite de ses instructions,
mais je fus bousculé en direction de l’obscurité, et dès que les chevaux furent
attelés à la voiture, mes deux gardes m’y poussèrent sans ménagement. Le corps
d’Amalamena avait été retiré, et il ne restait plus rien d’elle, hormis la
légère trace de sang séché marquant l’endroit où elle avait été laissée
gisante. J’exigeai de mes gardes qu’ils m’indiquent les dispositions prises
quant à ses restes. Je craignais qu’un corps aussi désirable et aussi jeune,
encore si doux, si flexible et si pénétrable, n’aille tenter la fruste
soldatesque, qui en eût sans doute disposé de la manière la plus dépravée.
    — Nous sommes des Ostrogoths comme vous, me
répondit-il, hautain. Nous respectons les morts. Votre servante sera traitée
avec les mêmes égards que tous les guerriers morts au cours de cette rixe.
    Mes deux gardiens n’eurent pas d’égards aussi respectueux
envers une jeune femme bien vivante. Lorsque j’entrepris de fermer les rideaux
de la carruca , ils m’obligèrent à les laisser ouverts des deux côtés.
Puis, appuyant leurs blagues les plus grossières de force gestes obscènes, ils
tentèrent de me persuader de me mettre en tenue pour la nuit – autrement
dit de me déshabiller –, tout en me reluquant à la lumière de leur torche.
Je les ignorai ostensiblement, et m’allongeai tout habillé sur la couche
d’Amalamena, fermant les yeux et tâchant de prendre un peu de repos, tout en
passant en revue la succession échevelée des derniers événements.
    J’aurais aimé pouvoir dire que je ne songeais qu’à ma pauvre
princesse morte, que je la pleurais amèrement, et que je sentais toujours près
de moi sa douce présence à l’intérieur de la carruca. Son parfum,
certes, flottait toujours, puisque je le portais. Mais la seule autre trace qui
subsistait d’elle, bien que noyée derrière la lourde senteur d’essence de rose,
était l’entêtante odeur du brómos musarós et franchement, ce n’était pas
ce souvenir que je voulais conserver. Je préférais garder la dernière image que
j’avais eue d’elle, vivace, heureuse, lorsqu’elle semblait avoir retrouvé goût
à la vie. J’espérais avoir bientôt l’occasion de changer de tenue, et
débarrasser la voiture de tout ce qu’imprégnait encore cette horrible odeur.
    Je tripotais fiévreusement les ornements pendus à la chaîne
de mon cou, et priais en silence :
    — S’il vous plaît, faites que Swanilda ait rallié
Théodoric saine et sauve !
    Depuis mon départ de Constantinople, le cours des événements
n’avait guère suivi mes plans initiaux, mais j’étais toujours en vie, et me
trouvais même dans une position assez avantageuse, surtout si Théodoric était
entré en possession de son pactum , et que Strabo persistait à croire que
ce n’était pas le cas.
    Mais certains
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