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Staline

Staline

Titel: Staline
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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enfance
pendant « une bonne heure ». Propos que Joukov résumera dans ses Mémoires en cinq lignes sèches, pourtant jugées indiscrètes sous Brejnev : « Il
me dit qu’il avait été un enfant malingre. Jusqu’à l’âge de 6 ans, ou
presque, sa mère ne le laissait pas s’éloigner d’elle et elle l’aimait
beaucoup. En réponse au désir de sa mère, il fit ses études au séminaire pour
devenir desservant du culte. Mais comme depuis l’enfance il avait un caractère
très rétif il ne s’entendait pas avec l’administration et il fut chassé du
séminaire [18] . »
    Le futur maréchal naît au fin fond du sud de l’Empire, au
cœur de la Géorgie, à Gori, grosse bourgade paisible de 6 000 habitants
environ, sans industrie ni vie intellectuelle, tapie au creux d’une vallée et
adossée à une chaîne des monts du Caucase aux pics éternellement enneigés. La
Koura, dont Gorki a célébré les eaux boueuses et mugissantes, la traverse avant
de baigner Tiflis et de continuer sa course à travers l’Arménie et l’Azerbaïdjan
jusqu’à la Caspienne. Quelques rues de la cité sont pavées de galets de la
rivière, les autres sont en terre. Depuis dix ans, s’y arrête le chemin de fer
de la ligne Tiflis-Poti, achevée en 1871.
    Cette cité provinciale endormie appartient à une histoire
façonnée de légendes, d’invasions perpétuelles et de guerres permanentes. De
Prométhée, cloué à un rocher par Zeus, à l’arche de Noé abandonnée à la fin du
déluge, les montagnes et les vallées du Caucase foisonnent de mythes. Sa partie
occidentale, la Colchide, fut à l’époque hellénique le royaume de la Toison d’or
et de Médée, la magicienne qui assassina ses propres enfants pour punir l’infidèle
Jason, lointaine ancêtre de celui qui confiera plus tard : « Choisir
la victime, préparer minutieusement le coup, assouvir une vengeance implacable
et ensuite aller se coucher… il n’y a rien de plus doux au monde [19] . »
    L’histoire de la Géorgie, au carrefour des invasions, est
une longue tragédie. Conquise par Rome, elle est christianisée dès le début du
IV e  siècle, sous le règne de Constantin à Byzance, cinq siècles
avant la « Rouss » kievienne. Sainte Nino y découvre une robe du
Christ déposée au lendemain de la Crucifixion et que la Providence divine lui
signale en faisant pousser un grand cyprès au-dessus de la grotte où elle
repose. À sa demande, un ange édifie à cet endroit une colonne de vie lumineuse
qui multiplie les miracles. Nino convertit le roi de Géorgie Mirian, son épouse
Nana et le pays entier. La Géorgie regorge bientôt de saints thaumaturges,
comme saint Pétéré Mourvanos qui fait pleuvoir aux époques de sécheresse, rend
la fécondité aux femmes stériles, guérit les malades, emplit de poissons les
filets des pêcheurs, jouit du don de prophétie et du pouvoir exceptionnel de
contempler de temps à autre les âmes des saints ; il entend régulièrement
une voix descendue du ciel et a même eu une vision du Christ entouré d’anges.
    Le miracle, la conversion et saint Pétéré Mourvanos n’empêchent
pas les hordes venues de l’Est ou du Sud de ravager régulièrement le pays. Dès
le V e  siècle, la Géorgie est envahie par les Perses, puis au
VII e par les Arabes qui veulent convertir le pays à l’islam. Tous
les envahisseurs déportent et massacrent à l’envi. Au XII e  siècle,
sous le règne de la reine Thamar, la Géorgie connaît un bref âge d’or, bientôt
balayé par les hordes mongoles et tatares qui, du XIII e au XV e  siècle,
traversent le pays au grand galop, brûlent, pillent, tuent. Puis les Turcs et
les Perses se partagent le pays dont ils razzient et déciment la population
jusqu’au XVIII e  siècle, les Perses occupant l’Est, les Turcs l’Ouest.
Tiflis, la capitale de la Géorgie, au sud de Gori, a été en quinze siècles
saccagée, détruite et brûlée dix-huit fois. À la fin du XVIII e  siècle,
il reste à peine plus d’un million de Géorgiens.
    Pour tenter d’échapper à ce carrousel d’invasions, la
Géorgie se tourne vers la Russie, soucieuse de s’ouvrir la route du Caucase. En
1783, le roi Irakli II et Catherine de Russie signent un traité qui fait
de ce petit pays un protectorat russe, transformé, en 1801, par Paul I er en province de l’Empire ; l’Église géorgienne, autonome depuis le IV e  siècle,
est soumise au saint-synode de l’Église
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