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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus
Autoren: Max Gallo
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s’est approché de moi, m’a touché de la pointe du pied, puis s’est accroupi.
    — Celui dont on se souvient ne meurt pas, a-t-il dit.
     
    Tout à coup, il a noué ses mains autour de mon cou et a commencé à serrer. C’était comme un collier de fer.
    — Si tu veux vivre, légat…, a-t-il repris.
    J’ai ouvert la bouche pour tenter de respirer. Ses pouces m’ont écrasé la gorge et j’ai eu l’impression que mes yeux allaient éclater, jaillir des orbites.
    Le collier de ses doigts s’est quelque peu desserré.
    — Je te laisse la vie, légat, si tu promets à Zeus, à Dionysos, à tous les dieux que tu honores de tes sacrifices et de tes prières que tu protégeras Posidionos le Grec, Jaïr le Juif et Apollonia, qui vient de Thrace comme moi. Ils te raconteront l’histoire de Spartacus et tu la feras connaître quand tu le jugeras bon. Peut-être attendras-tu, si tu es prudent – et tu l’es, légat, je le sens ! – que Crassus soit mort. Mais, si tu refuses…
    J’ai senti ses ongles s’enfoncer dans ma chair.
    — Choisis, ou mes mains t’étoufferont. J’ai les pouces plus durs que le métal, capables d’arracher ta tête de ton corps, légat ! Mais si tu promets, tu partiras cette nuit avec eux. Ils seront à toi. Tu te feras reconnaître par les sentinelles romaines. Tu diras qu’ils t’ont sauvé, aidé à fuir. Tu es légat, on te croira. On respectera ta décision de les garder en vie. Ils seront tes esclaves. Tu les écouteras. Posidionos et Jaïr ont été des maîtres du savoir des lettres. Les livres sont leur pain. Apollonia, elle, parle avec les dieux. Moi, je ne suis qu’un guerrier thrace, mais ma lignée vaut la tienne : mes ancêtres ont été des hommes libres, des rois de leurs tribus. Ce sont des Romains comme toi qui m’ont réduit à la servitude et ont fait de moi un gladiateur promis à la mort. Mais les dieux généreux m’ont donné la gloire et la joie d’être à nouveau un homme libre à la tête d’une armée d’hommes, eux aussi, redevenus libres. Je veux qu’on sache tout cela !
    Il m’avait serré le cou, son front appuyé au mien.
    — Est-ce que je t’arrache la tête, légat ?
     
    J’ai choisi d’avoir la vie sauve.
    J’ai accepté la proposition de Spartacus et, après avoir regagné le camp romain, j’ai fait conduire Apollonia, Posidionos et Jaïr dans ma villa de Capoue.
    Puis j’ai repris ma place auprès de Crassus.
    Nous avons livré plusieurs batailles dans la presqu’île du Bruttium. Et nous avons vaincu.
    J’ai vu mourir Spartacus et j’ai marché le glaive au poing parmi les cadavres de ses partisans.
    J’ai entendu Crassus donner l’ordre de dresser six mille croix le long de la via Appia, entre Capoue et Rome, afin que soient suppliciés les esclaves que l’on n’avait pas égorgés après le combat.
    Les cris et les râles des hommes et des femmes crucifiés m’ont hanté.
    Puis je suis rentré à Capoue.
     
    Ma villa est située non loin de cette école de gladiateurs, de ce ludus où a débuté la guerre de Spartacus.
    Ce que j’écris d’elle et de lui au terme de ma vie, alors que Crassus est mort depuis des lustres et que la République se déchire entre fidèles et ennemis de Caius Julius Caesar, ce sont Posidionos le Grec, Jaïr le Juif et Apollonia la Thrace, prêtresse de Dionysos et devineresse, qui me l’ont appris.

 
     
     
     
     
PREMIÈRE PARTIE

 
     
3
    Elle et lui, Apollonia et Spartacus, étaient de Thrace, le pays des hommes libres.
    C’était le jour de leur union.
    Ils se tenaient debout côte à côte dans une salle ronde au centre de laquelle se trouvaient une vasque de bronze posée sur un trépied et une statue de Dionysos en marbre veinée de rouge et de noir.
    Un feu brûlait au creux de la vasque et les flammes éclairaient la couronne d’or qui ceignait la tête de Dionysos. Souvent, des jeunes femmes en tunique blanche venaient répandre des essences sur le feu, et les flammes jaillissaient, faisant surgir de la pénombre le long collier de fleurs qui descendait bas sur la poitrine du dieu et la verge dressée à laquelle étaient suspendues deux grappes de raisin aux grains charnus.
     
    Cox, l’oracle de ce temple de Dionysos, s’était approché.
    L’homme était vieux. Son visage émacié était à demi masqué par sa barbe et ses longs cheveux.
    Il avait saisi les mains d’Apollonia et de Spartacus et les avait jointes, les serrant entre ses doigts
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