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Romandie

Romandie

Titel: Romandie
Autoren: Maurice Denuzière
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avaient en effet, à des degrés divers, depuis le commencement
du siècle, vécu les drames, connu les intrigues, éprouvé les chagrins et
déceptions des uns et des autres, avant de se réjouir des bonheurs enfin
accomplis de quelques-uns, dont celui de Charlotte et Blaise.
    Car Fontsalte appréciait la sérénité et le confort trouvés
au bord du Léman. L’amour de celle qui dormait dans la chambre voisine, et qu’il
s’obstinait à nommer Dorette, bien que les cheveux d’or de la Vaudoise aient
viré à l’argent, restait intact, même si la fougueuse et scabreuse passion d’autrefois
s’était muée, au fil des ans, en quiète tendresse. L’épouse divorcée de
Guillaume Métaz, devenue marquise de Fontsalte, dégustait, folâtre et gracieuse,
une félicité sociale et mondaine, longtemps inaccessible.
    L’affection filiale, devenue bien réelle, d’Axel, le fils
adultérin que lui avait si longtemps caché Charlotte, comblait le général.
Blaise possédait un héritier selon son cœur et espérait qu’Élise, la jeune
épouse du Veveysan, lui donnerait bientôt un petit-fils doté, par conjonction
héréditaire, du regard bicolore des Fontsalte. Enfin, la chaude et inaltérable
amitié de Claude Ribeyre de Béran, le compagnon d’armes, vivifiait ce qui avait
été, pendant tant d’années, leur commune raison de vivre et de mourir.
    Un coup discret frappé à la porte de la chambre et Trévotte
entra, comme chaque soir après le coucher du général, pour prendre ses ordres.
    — Ces loustics vont nous faire la nuit courte, mon
général, ronchonna l’adjudant.
    — En effet, Titus, mais nous en avons, vous et moi, connu
de plus courtes encore et de moins tranquilles. Ne nous plaignons pas et
pensons plutôt à ces braves et téméraires Polonais qui vont s’embarquer dans
une dangereuse expédition contre la Savoie !
    — J’ai bien compris qu’ils voulaient vous entraîner
dans cette affaire, mon général !
    — Tu as compris ou tu as écouté à la porte de mon
cabinet ? demanda Blaise, qui voussoyait l’adjudant pour donner des ordres
mais le tutoyait en dehors du service.
    — Les deux, mon général. Pour entendre, il fallait bien
écouter… et puis, savait-on à qui nous avions à faire, hein !
    — Vous êtes mon ange gardien, adjudant Trévotte, reconnut
Blaise en riant.
    — Bonne nuit, pour ce qu’il en reste, mon général, dit
Titus en tirant les doubles rideaux.
    Comme il se dirigeait vers la porte, Blaise le rappela.
    — Attends. Dans trois jours, nous aurons la grande
réunion de famille pour le jour de l’An. Tu t’occupes de la cave. Nous compterons
cette année, en plus des habitués, M. et M me  Laviron, de
Genève, plus le pasteur d’Ouchy et son épouse. M. Axel enverra Lazlo, le
Tsigane de Rive-Reine, pour t’aider au service.
    — De l’aide, c’est pas de refus, mon général. Et puis, je
l’aime bien, ce sauvage de bohémien. Toujours gai, poli, serviable, des muscles
de fer… et une descente, mon général, digne d’un Bourguignon ! conclut
Trévotte en passant la porte qu’il ferma avec précaution.
    La neige recouvrait les parchets de vignes, de la Côte à
Lavaux, quand, au milieu de la matinée du 1 er  janvier 1834, arrivèrent
à Beauregard les invités de Blaise et Charlotte de Fontsalte. Axel et Élise Métaz
se présentèrent les premiers dans leur cabriolet. Charlotte accueillit le
couple avec sa vivacité coutumière.
    — Alexandra n’est pas avec vous, s’étonna M me  de Fontsalte
en constatant l’absence de la petite orpheline, filleule d’Axel, recueillie au
lendemain de la noyade qui avait anéanti la famille Ruty.
    — Elle a fait un vrai caprice au moment du départ. Elle
a préféré rester à Rive-Reine pour jouer aux dames avec son amie, notre petite
voisine, la fille du notaire qui a repris l’étude de son père. Que voulez-vous,
cette enfant est trop gâtée. Axel, qui entend l’élever comme sa propre fille, lui
passe tout, sous prétexte qu’elle est seule au monde, expliqua Élise avec un
peu d’humeur.
    Charlotte avait déjà perçu la vague jalousie que suscitait, chez
Élise, la tendresse d’Axel pour la fille de la défunte Nadine Ruty. Elle
entraîna sans plus attendre sa bru au premier étage.
    — Venez voir les nouveaux rideaux que j’ai fait
suspendre dans la chambre qui sera vôtre quand vous nous ferez le plaisir de
dormir à Beauregard, dit-elle, aimable.
    Blaise conduisit
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