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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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spectacle de ces légions de miséreux gisant dans la rue, malades, à moitié morts. J’ai vu hier un gamin sous un porche de Cheapside, ses pieds nus à demi rongés par la gelure. Je lui ai donné six pence, mais, Matthew, c’est de soins hospitaliers qu’il avait besoin.
    — Mais, comme tu l’as dit, la plupart des hôpitaux ont été fermés.
    — Voilà pourquoi je vais proposer la fondation d’un hôpital financé par les écoles de droit. On commencera par une souscription, suivie de la création d’un fonds alimenté par les legs et les donations de la part d’avocats.
    — Tu en as parlé à l’intendant ?
    — Pas encore. » Il sourit à nouveau. « J’affûte mes arguments sur ces collègues. » Il indiqua d’un signe de tête le corps replet de Loder. « Puisque Ambrose, ici présent, prétend que les odeurs et les émanations délétères dégagées par les indigents gênent tous les passants, peut-être acceptera-t-il de donner de l’argent pour faire nettoyer les rues. D’autres se plaignent d’être importunés par les gueux qui réclament un penny au nom de la charité chrétienne. Je leur promets donc une vie plus tranquille. Ce sont là des arguments susceptibles de convaincre ceux qui manquent de charité. » Il sourit avant de fixer sur moi un regard grave. « Veux-tu m’aider ? »
    Je réfléchis quelques instants. « Même si tu réussis, que peut faire un seul hôpital au milieu de cet océan de misère ?
    — Soulager quelques pauvres hères.
    — Je t’aiderai, si je le peux. » Si quelqu’un était capable de mener à bien cette tâche, c’était Roger. Son énergie et sa vivacité d’esprit joueraient un rôle primordial dans une telle entreprise. « Je vais apporterma contribution personnelle et ensuite je t’aiderai à lever des fonds, si tu veux. »
    Il me pressa le bras. « Je savais que tu m’aiderais. Je vais bientôt former un comité…
    — Un comité de plus ? » Dorothy était revenue, le visage empourpré par la chaleur des fourneaux. Elle posa sur son mari un regard interrogateur. Roger lui passa un bras autour de la taille.
    « Pour la fondation de l’hôpital, ma chérie.
    — Tu auras du mal à persuader les gens d’apporter leur obole. Les impôts royaux grèvent déjà leur budget.
    — Et il risque de souffrir encore plus, dis-je. Il paraît qu’on va demander au nouveau Parlement des fonds supplémentaires pour que le roi puisse faire la guerre à la France.
    — Quel gâchis ! s’écria Roger avec aigreur. Quand on pense à la façon dont pourrait être utilisé cet argent ! Bien sûr, il va considérer que c’est le moment idéal pour se lancer dans l’aventure, puisque depuis la mort du roi d’Écosse le trône est occupé par cette bambine. Les Écossais ne peuvent donc pas intervenir pour soutenir les Français.
    — Oui, le roi a renvoyé chez eux les seigneurs écossais capturés après la bataille de Solway Moss. Il paraît qu’ils ont juré de faciliter le mariage entre le prince Édouard et la petite Marie.
    — Tu es toujours aussi bien informé, Matthew, dit Dorothy. Ton Barak te rapporte-t-il toujours des ragots recueillis auprès de ses amis serviteurs de la Cour ?
    — En effet.
    — Le bruit court que le roi cherche une nouvelle épouse.
    — On raconte ça depuis l’exécution de Catherine Howard, dit Roger. De qui s’agit-il à présent ?
    — De lady Latimer, répondit Dorothy. Son mari est mort la semaine dernière. De grandes funérailles doivent avoir lieu après-demain. On dit que le roi a le béguin pour elle depuis plusieurs années et qu’il ne va pas tarder à faire sa demande. »
    Je n’avais pas entendu la rumeur. « Pauvre femme ! Elle doit craindre pour sa tête, ajoutai-je en baissant le ton.
    — Certes, dit Dorothy, avant de lancer en frappant dans ses mains : Le dîner est servi, mes amis ! »
    Nous nous dirigeâmes tous vers la salle à manger. Des assiettes d’argent étaient disposées sur la longue et ancienne table de chêne et des serviteurs posaient des plats sous la direction d’Elias, la place d’honneur revenant à quatre gros poulets. Le carême n’étant pas encore terminé, la loi n’autorisait normalement que la consommation du poisson. Toutefois, le gel du fleuve cet hiver-là ayant rendu lepoisson hors de prix, le roi avait permis à ses sujets de manger de la viande blanche.
    Nous nous assîmes. J’étais placé entre Loder, avec qui
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