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[Napoléon 3] L'empereur des rois

[Napoléon 3] L'empereur des rois

Titel: [Napoléon 3] L'empereur des rois
Autoren: Max Gallo
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réticences de son frère au moment du sacre impérial, de son refus d’accepter la vice-royauté d’Italie, de sa jalousie de frère aîné qui subit la gloire de son cadet.
    Napoléon s’approche de Miot de Melitto.
    — Tous les sentiments d’affection cèdent actuellement à la raison d’État, dit-il. Je ne reconnais pour parents que ceux qui me servent… C’est avec mes doigts et ma plume que je fais des enfants… Je ne puis plus avoir de parents dans l’obscurité. Ceux qui ne s’élèveront pas avec moi ne seront plus de ma famille. J’en fais une famille de rois, ou plutôt de vice-rois…
     
    Quelques jours plus tard, Napoléon reçoit une lettre de Joseph, roi de Naples.
    « Une fois pour toutes, écrit Joseph, je peux assurer Votre Majesté que tout ce qu’elle fera, je le trouverai bien… Faites tout pour le mieux, et disposez de moi comme vous le jugerez le plus convenable pour vous et pour l’État. »
    Napoléon est bien le Maître.

2.
    Il a quitté Munich le vendredi 17 janvier 1806 alors que la nuit tombe. Dans la voiture, il lit les dépêches à la lueur vacillante des lampes à huile. Lorsque aux relais on change les chevaux, il ne descend pas de voiture. Il grignote une cuisse de poulet froid, il boit du chambertin dans un gobelet d’argent, puis il somnole.
    Il songe qu’il a passé une grande partie de sa vie sur les routes, à cheval ou dans l’une de ces berlines dont le balancement ne le gêne pas. Il aime au contraire cette sensation de mouvement, ces longues étapes, parfois d’une quarantaine d’heures, qui lui font éprouver physiquement la domination qu’il exerce sur les pays et les hommes.
    Il faut qu’on le voie partout là où il règne.
    Lorsque, le samedi 18 janvier, à 16 heures, il arrive à Stuttgart, c’est le roi de Wurtemberg qui l’accueille et lui fait les honneurs du palais royal.
    Partout dans les salons, les galeries, des hommes et des femmes courbés, des regards curieux et soumis. Cela suffit. Napoléon ordonne : demain dimanche, il assistera à une représentation théâtrale ; lundi à 8 heures, il chassera dans les forêts proches de Stuttgart, et il souhaite que le roi l’accompagne.
    Puis il se retire dans le bureau qu’on lui a préparé. Les courriers de Paris sont arrivés.
     
    Paris, c’est le centre. Tout se décide là-bas. Les victoires qu’il remporte, c’est aussi pour que là-bas on sache qu’il est invincible. Car l’esprit public, à Paris, est volage. Il n’est jamais définitivement conquis.
    Napoléon ouvre d’abord les dépêches du ministre de la Police générale.
    « Sire, écrit Fouché, Austerlitz a ébranlé la vieille aristocratie. Le faubourg Saint-Germain ne conspire plus. » Les nobles d’Ancien Régime attendent avec impatience le retour de l’Empereur pour se ruer aux Tuileries en solliciteurs. Ils veulent des titres, des places, des honneurs, des bénéfices.
    Napoléon replie la lettre de Fouché.
    Voilà les hommes tels qu’ils sont. Qui résiste à l’attrait qu’exerce le pouvoir victorieux ?
     
    Le lundi matin, dans les forêts qui bordent le Neckar, il chevauche loin devant le roi de Wurtemberg et les autres cavaliers, chasseurs de la Garde ou nobles conviés à la chasse. La brume glacée et la nuit l’enveloppent, le cheval parfois se cabre. Mais Napoléon tient ferme les rênes et serre les flancs avec ses étriers. Il maîtrise sa monture comme il dompte l’Histoire.
     
    À midi, il part pour Karlsruhe, puis il traverse Ettlingen, Rastatt, Lichtenau, et enfin il atteint le Rhin.
    Napoléon fait arrêter la berline. Au-delà du fleuve, il aperçoit les lumières de Strasbourg.
    Il regarde le fleuve, traînée plus claire dans la nuit. De sa source à son embouchure, le Rhin doit être la frontière de l’Empire, et sur sa rive droite il faut que des États viennent constituer une grande confédération alliée, protégeant l’Empire. À leur tête, il placera des souverains, des princes, dont il sera le protecteur, qui fourniront subsides et troupes, et ainsi se dessineront une nouvelle carte d’Allemagne, un nouveau visage de l’Europe, qui confirmeront ce qu’avait commencé la Révolution et retrouveront les traces de l’empire de Charlemagne.
    Il faudra que tous, à Vienne, à Berlin, à Saint-Pétersbourg, à Londres, à Rome, l’admettent.
    « Je suis Charlemagne, l’épée de l’Église, leur Empereur. »
    Ce sont les mots qu’il a écrits au pape. Et
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