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Meurtres Sur Le Palatin

Meurtres Sur Le Palatin

Titel: Meurtres Sur Le Palatin
Autoren: Cristina Rodriguez
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ne
regarde pas la garde prétorienne mais les vigiles de Rome ! Qu'on aille donc
réveiller un centurion de chez eux !
    Hélas
pour Kaeso et son besoin de sommeil, la maison d'Apollon était mitoyenne de
celle de la grande Antonia, fille de Marc-Antoine, belle-soeur de l'empereur
Tibère et grand-mère de Caligula... Et ça, ça changeait pas mal de choses car
ce qui concernait, de près ou de loin, la sécurité de la famille impériale ou
de l'État romain, concernait aussi directement la prestigieuse garde prétorienne.
    Prestige
dont on aurait certes pu douter à voir l'un de ses officiers les plus réputés
dans cette sombre ruelle du Palatin, accroupi près d'un cadavre lardé de coups
de couteau et les mains souillées de sang.
    -
Cette maison n'appartient-elle pas à la veuve de Silanus Varus ? demanda-t-il à
ses compagnons. Pourquoi l'avoir rebaptisée la maison d'Apollon ?
    -
Parce qu'elle ne lui appartient plus, centurion, l'informa Mustella. D'après ce
que j'ai compris, dame Prisca en aurait fait don il y a quelques mois au prêtre
d'une secte orientale, ou quelque chose comme ça.
    Kaeso
laissa échapper un nouveau juron en germain.
    -
Une secte orientale ? Ici, sur le Palatin ? Encore ?
    Les
cultes exotiques, pour ne pas dire "bizarres", étaient à la mode
depuis quelques années et le phénomène allait s'intensifiant.
    -
Comme si nous n'avions pas assez de problèmes avec ces maudits eunuques de
Cybèle et leurs insupportables piaillements ! ronchonna Matticus.
    -
Ah ? s'étonna le jeune ordonnance. Moi, je trouve leurs chants plutôt jolis.
    Des
rires et des bruits de cymbales et de flûtes s'élevèrent soudain d'une maison
voisine, et Kaeso essuya ses mains sur un pan de la tunique du cadavre
miraculeusement épargné.
    -
Il n'y a pas que les galles de Cybèle qui paillent sur le Palatin, ce soir,
soupira-t-il. Quel boucan !
    Mustella
leva le sourcil.
    -
On dirait que ça vient de chez le sénateur Pontius Nigrinus, non ?
    -
Nigrinus ? s'étonna Matticus. Je le croyais parti en villégiature d'été à Baia,
avec sa femme...
    Kaeso
roula des yeux et laissa échapper un ricanement narquois.
    Le
Palatin, véritable petit village réservé aux classes nanties au sein de la
capitale de l'empire, abritait à lui seul plus de demeures patriciennes et de
personnages influents que d'échardes sur le dos d'un âne, et était un véritable
réservoir à cancans.
    Tout
le monde se connaissait et savait plus ou moins, ou plutôt, se débrouillait
pour savoir via esclaves, serviteurs, régisseurs, amis, affranchis, commerçants,
et même parfois devins, ce qui se passait chez le voisin. De préférence
d'inavouable ou de particulièrement savoureux, bien entendu.
    Et,
dans une ville de près d'un million d'âmes (et même un peu plus si l'on
comptait les proches faubourgs surpeuplés) où chacun essayait par tous les
moyens de se faire une place, ou d'obtenir un peu plus de pouvoir que son
prochain, les scandales ne manquaient pas.
    Mustella
laissa soudain échapper une exclamation étouffée et ses compagnons levèrent le
nez du cadavre.
    Tendu
comme la corde d'un arc et les yeux écarquillés fixés sur la porte du jardin de
la maison, le jeune homme paraissait s'être changé en statue de pierre.
    Sa
bouche béait à un point tel qu'il tenait du miracle que la moitié des colonies
de mouches du Palatin n'aient pas déjà pris leurs aises dans l'agréable et
moelleux domicile.
    -
Quoi ? éructa Matticus.
    Pour
toute réponse, et sans changer le moins du monde d'expression, l'interpellé
pointa lentement le doigt sur le jardin de la maison d'Apollon, qu'il fixait
sans sourciller.
    Les
regards de ses compagnons glissèrent du petit visage de fouine couvert de
taches de rousseur, qui lui avait valu son surnom (2), à son épaule ; suivirent
le bras nu jusqu'au poignet et, de là, l'extrémité du long doigt pour se poser
finalement sur ce qui l'avait plongé dans la stupéfaction la plus extrême.
    Au
début, Kaeso crut que ses yeux lui jouaient un vilain tour. Ou alors, cette
maison portait excessivement bien son nouveau nom...
    Un
éphèbe avançait vers les trois prétoriens au milieu du jardin comme s'il
flottait au-dessus du sol, nimbé d'un halo de lumière dorée qui paraissait
jaillir de sa blonde chevelure bouclée, retenue sur son épaule par un ruban
lâche.
    Chaque
détail de son corps mince et gracieux se devinait aisément sous sa longue robe
immaculée, ample et vaporeuse, dont l'artistique
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