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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire
Autoren: C.L. Grace
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médecin de Bald. Ils avaient appartenu à son père, et elle dut ouvrir la chaîne qui les maintenait à l’étagère, car c’est ainsi que son père conservait toujours ses ouvrages précieux. Bien qu’elle sût comment soigner les brûlures, elle aimait à s’en assurer. Cela fait, elle déposa deux cuillerées d’onguent dans un morceau de parchemin et sortit d’un petit panier d’osier un fin rouleau de bandage. Ensuite, après avoir tout remis en place, elle tordit le parchemin contenant l’onguent comme pour en faire une papillote et s’en retourna à la cuisine. Édith et Eadwig y mangeaient de bon appétit. Elle s’assit en face d’eux.
    — Édith ?
    La fillette leva les yeux. Kathryn poussa devant elle le petit paquet d’onguent.
    — Dis à ton père de garder la brûlure sèche jusqu’à ce que se forme une cloque. Quand celle-ci crèvera, qu’il enduise la plaie avec l’onguent avant de la recouvrir du bandage. Ensuite il la laissera cicatriser.
    — Qu’est-ce qu’il y a dans l’onguent ? demanda Édith d’une voix flûtée.
    — Une certaine mousse pilée avec un peu de vin, du sel et du vinaigre.
    — Comment cela guérira-t-il la brûlure ? s’enquit Eadwig.
    — Nous l’ignorons, répliqua Kathryn, nous savons seulement que cela la guérira. Si la blessure est bien propre et qu’on la laisse sécher, il se formera une jolie cicatrice. Édith fit la grimace.
    — Pressez-vous, les enfants, intervint alors Thomasina, il faut rentrer chez vous. Kathryn s’en fut se laver les mains à l’évier de plomb de l’office pendant que Thomasina faisait filer les jumeaux puis donnait ses ordres à la fille de cuisine. Kathryn prit son manteau et la broche que lui avait donnée son mari, sur laquelle on pouvait lire, inscrit en rubis et saphirs : « Je suis ici à la place d’un ami que j’aime. » Elle l’accrocha distraitement à sa robe sous le regard attentif de Thomasina. Sous ses dehors bourrus, celle-ci s’inquiétait | pour sa maîtresse dont le mari, en partant pour la guerre, avait disparu de la surface du monde. S’était-il enfui ? Avait-il été tué et l’avait-on enterré dans quelque fosse commune ? Thomasina n’en savait rien. Alexander était un jeune homme bien tourné, un bon apothicaire qui avait fait un honnête mariage en épousant la fille d’un docteur. Il n’était marié à Kathryn que depuis sept mois quand il était parti à Londres servir dans les troupes de Faunte.
    À ce jour, Thomasina n’en avait parlé à personne, mais elle s’était demandé si Alexander Wyville n’était pas deux personnes en une : un honnête marchand et un ivrogne qui battait sa femme. Car la servante avait souvent entendu les cris et les sanglots de sa maîtresse. Une fois même, elle avait aperçu Alexander, l’oeil hagard, le visage défait, qui titubait dans le passage. Le vieux médecin n’était pas dupe non plus, mais il était trop âgé pour intervenir, et pouvait seulement se désoler. Trois mois après le départ d’Alexander, le vieux docteur était mort. Thomasina avait espéré que les choses s’amélioreraient, mais sa maîtresse semblait abattue comme si elle gardait pour elle un terrible secret.
    Par toutes les fées des forêts, pourquoi Kathryn ne se déclarait-elle pas veuve ? Elle pourrait ainsi se remarier ! Thomasina, elle, avait bien eu trois époux.
    La servante se sourit à elle-même. Si l’un de ses trois maris avait levé le petit doigt sur elle, elle l’aurait bourré de coups !
    — Pourquoi souris-tu, Thomasina ?
    — Pour rien, Maîtresse. Allons-y, maintenant.
    Thomasina se tourna pour crier encore quelques ordres à Agnes, puis descendit le couloir jusqu’à la porte d’entrée qui ouvrait sur Ottemelle Lane. La journée s’annonçait belle, et le soleil chauffait déjà les tas d’immondices ; à cause des troubles dans la ville, les ramasseurs n’étaient pas sortis, aussi les rigoles et les pavés des venelles étaient-ils souillés d’ordures et d’excréments puants, après la nuit. Au coin de la ruelle se tenait Rawnose, le colporteur, avec son plateau suspendu à son cou par un ruban rouge en lambeaux. Il héla Thomasina et sa maîtresse. Kathryn s’approcha de lui en soupirant. Elle aimait bien le vieux mendiant depuis qu’un jour il était venu demander à son père de lui recoudre les oreilles qu’on lui avait méchamment coupées parce qu’il s’était fait prendre à voler pour la
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