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Même les oiseaux se sont tus

Titel: Même les oiseaux se sont tus
Autoren: Arlette Cousture
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yeux de Tomasz...
    Daniel, pour ton amour, ta collaboration, ton soutien et ta confiance, merci!
    Arlette C OUSTURE

Premier temps
    1939-1944

1
    – Élisabeth, attends-moi!
    Jan avait aperçu sa sœur à l’intersection des rues Nicolas et Sainte-Croix. Il lui fit un signe de la main et, un cartable lourd pendant au bout du bras, il la rejoignit en courant et sautillant de plaisir. Elle le regarda venir.
    – L’école est finie! L’école est finie, Élisabeth! J’ai plein de projets pour l’été.
    Ils étaient rendus devant la maison et ils montèrent l’escalier jusqu’au premier. M me Grabska, la concierge, balayait le palier et elle gronda gentiment Jan d’avoir marché dans les poussières.
    – Mais qu’est-ce qui vous arrive aujourd’hui?
    – L’école est finie! Et demain c’est le 24 juin, la fête de mon saint patron, et mon frère Jerzy va prendre le train pour aller à Wezerow.
    Jan avait parlé si vite que M me Grabska, agacée, ne s’était même pas donné la peine de le faire répéter. Elle savait que depuis cinq ans, depuis qu’il avait eu douze ans, Jerzy vivait ses étés à la campagne. Elle regarda Élisabeth pénétrer chez elle et fit un signe réprobateur à Jan qui ne cessait de bousculer sa sœur pour la presser. Il allait disparaître quand il ressortit la tête par l’embrasure pour dire à M me Grabska que, dans deux ans, lui-même irait à la campagne pour tout l’été.
    – À douze ans, on commence à travailler à la ferme. Mon père veut que nos mains soient aussi habiles que notre tête.
    Jan ferma très fort et M me Grabska entendit M me Pawulska, leur mère, interrompre un morceau de piano, certainement pour réprimander son fils.
    Élisabeth posa sa serviette et alla embrasser sa mère.
    – Vous avez eu une belle journée?
    – Comme toutes les dernières journées de classe. Les ursulines riaient plus que d’habitude et les filles parlaient de leurs projets de vacances.
    Zofia regarda sa fille. Elle serra les lèvres, incrédule devant les onze ans qu’Élisabeth portait avec une maturité et une élégance que ses jeunes amies lui enviaient. Elle et Tomasz, son mari, ne cessaient de remercier le ciel de leur avoir donné trois enfants aussi attachants. Zofia passa une main sur le front d’Élisabeth pour repousser une mèche blonde accrochée aux sourcils et tenta de la faire tenir derrière l’oreille. Elle lui demanda ensuite de vider son cartable et de jeter tous les papiers inutiles.
    – Peux-tu demander à ton frère de venir me saluer? J’ai l’impression qu’il a oublié.
    Élisabeth frappa à la porte de la chambre de Jan et entra sans attendre sa permission. Son frère était installé sur le lit, occupé à regarder les pages d’un herbier. Élisabeth s’assit à ses côtés.
    – Maman veut te voir. – J’y vais.
    – Où as-tu pris ça?
    – C’est un grand qui me l’a donné. Il m’a dit qu’il n’en aurait plus besoin au lycée.
    Jan tourna encore quelques pages et posa l’herbier sur les cuisses de sa sœur avant de sortir. Zofia l’attendait et elle lui sourit en le voyant.
    – Qu’est-ce qui peut être si important que tu en oublies de venir m’embrasser?
    Jan lui baisa les mains avec frénésie pour se faire pardonner. Zofia éclata de rire, lui tapota le derrière de la tête et lui rappela que leur père serait accompagné du père Villeneuve.
    – Oh non! Ça veut dire que Jerzy, Élisabeth et moi nous allons manger tout seuls dans la cuisine?
    Zofia se mordit les lèvres devant son air absolument catastrophé.
    – Je vais en discuter avec ton père. M’est avis qu’il va accepter que vous soyez là. Le père Villeneuve quitte Cracovie demain pour le Canada.
    – Ouais! Il rentre au Canada?
    Zofia fut déroutée par la joie visible de son fils.
    – Mais, Jan, il n’y a rien de réjouissant. Le père Villeneuve aurait aimé demeurer ici une année de plus.
    – Ça, c’est peut-être triste. Mais moi je suis content parce qu’il va pouvoir m’expédier des belles feuilles d’érable toutes rouges. Je vais les mettre dans mon herbier.
    – Tu as un herbier, maintenant?
    – Oui, depuis aujourd’hui.
    Jan alla retrouver sa sœur, insensible à la musique du piano qui venait d’envahir les pièces de la maison.
    Tomasz céda le pas à l’abbé Villeneuve et l’invita à passer au salon. Zofia se joignit à eux, portant un plateau sur lequel elle avait posé deux verres de vin blanc. Jan etÉlisabeth
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