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Mathilde - III

Titel: Mathilde - III
Autoren: Alain Pecunia
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douairière.
    – Les bandits de Mussolini, lui répondit son cousin le cardinal.
Nous devrions d’ailleurs essayer de reculer, ajouta-t-il à
l’adresse de son chauffeur.
    Mais celui-ci avait de nouveau actionné son avertisseur.
    Si certaines des Chemises noires se retournèrent vers le
véhicule en jetant des regards goguenards, d’autres se firent plus
menaçants et agitèrent leurs gourdins dans sa direction.
    – Cessez d’actionner ce maudit avertisseur, pour l’amour de
Dieu ! ordonna le cardinal à son chauffeur. Et coupez le
moteur pour montrer que nous patientons.
    – Mais nous allons être en retard à ma présentation au saint
père ! protesta la duchesse douairière.
    – Mieux vaut être en retard que d’être rossés par ces brutes,
marmonna le cardinal.
    – Quoi, s’étonna indignée la duchesse douairière de la Rable du
Puy, ces manants oseraient lever la main sur des hommes de
Dieu ! Ne voient-ils donc pas que notre véhicule porte les
armes du Vatican ?
    – Précisément, ma chère cousine, ces gens-là n’apprécient guère
ni les hommes de Dieu ni le pape.
    – Diantre, que me chantez-vous là ! M. Mussolini n’est-il
pas l’ultime rempart de l’Italie contre le bolchevisme ?
    – Certes, ma cousine, certes. Mais ils sont également
anticléricaux et antimonarchistes.
    – Mon Dieu ! s’exclama la duchesse douairière en se
signant.
    Personne ne sut jamais quelle idée put alors traverser l’esprit
de la duchesse douairière de la Rable du Puy. Toujours est-il
qu’elle ouvrit la portière et descendit de voiture avant que son
cousin eût pu l’en dissuader ni esquisser le moindre mouvement pour
l’en empêcher.
    La voyant se diriger vers le groupe de Chemises noires, il
ordonna à son chauffeur de la rattraper. Mais ce dernier interpréta
tout de travers la pensée du cardinal et remit son moteur en marche
tout en actionnant fébrilement son avertisseur.
    C’est alors que tout se déclencha.
    Le cardinal et le petit-fils de la duchesse douairière
descendirent précipitamment de voiture alors que les sinistres
canailles s’étaient retournées en un bloc menaçant vers la vieille
dame tout de noire vêtue qui s’avançait majestueusement au-devant
d’elles.
    – Mes braves ! les interpella-t-elle avec hauteur et non
sans dignité.
    – La folle ! dit son cousin le cardinal.
    – Mon Dieu ! s’exclama son petit-fils Louis-Marie alors que
le chauffeur, apeuré, s’acharnait sur son avertisseur.
    – À mort ! crièrent les fascistes. Vive la
révolution ! Vive Mussolini !
    – Mort au rouge ! hurla un grand gaillard à la poitrine
constellé de médailles et qui fondit en levant son gourdin sur le
cardinal tout de pourpre vêtu.
    Louis-Marie, le seul rescapé de cette bien cruelle malaventure,
n’en vit ni n’en entendit pas plus. Prenant ses jambes à son cou
après avoir relevé sa soutane jusqu’aux hanches, il ne dut son
salut qu’à sa vélocité juvénile qui lui procura un net et décisif
avantage sur ses quelques poursuivants plus âgés et largement
avinés.
    Lorsque la police intervint après que le cortège des Chemises
noires se fut éloigné et que les sbires de la ruelle s’y furent
mêlés, elle releva trois corps sans vie.
    Le cardinal de la Rable de la Chatterie avait eu le crâne
fracassé d’un seul coup de gourdin. Sort bien plus enviable que
celui de son chauffeur qui mit plus de temps à se faire tuer en
tentant de se protéger la tête avec ses mains.
    Quant à la duchesse douairière de la Rable du Puy, étrangement,
elle ne mourut pas d’un coup de gourdin – elle ne fut d’ailleurs
nullement frappée –, mais de simple saisissement. Ce qui laisse à
penser qu’elle avait dû mourir avant que l’on eût songé à la
frapper, car, dans le cas contraire, il n’y avait nulle raison que
ces malfaisants l’épargnassent.
    Bien évidemment, toutes les branches des De la Rable prient le
grand deuil avec ostentation – deux de leurs parents, et non des
moindres, ne venaient-ils pas de périr au nom de leur foi en saints
martyrs ? Et tout le Faubourg admit que leur martyre était des
plus édifiants quoique l’on ne sût trop penser de ce M. Mussolini
qui fut appelé les jours suivants au gouvernement de l’Italie par
son bon roi et s’était montré un si bon garant de l’ordre grâce,
malgré tout, à ses Chemises noires qui n’étaient point sans mérite
même si elles comptaient quelques brebis galeuses dans leurs
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