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L'ultime prophétie

L'ultime prophétie

Titel: L'ultime prophétie
Autoren: Rachel Lee
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blessures.
    L'officier Tuzza avait été convié au mariage mais avait
décliné cette dignité. Ses hommes n'étaient pas encore prêts à accepter ce
qu'il était sur le point de leur demander et il n'avait pas voulu les mettre en
colère en assistant au mariage en tant qu'invité d'honneur. Il ne pouvait se
permettre de perdre l'autorité qu'il avait sur eux.
    En dépit du temps qui s'était écoulé depuis la défaite, il
n'avait pas trouvé le moyen d'aborder le sujet. Nombre de ses hommes, non, la
plupart d'entre eux, considéraient les Anari comme une race d'esclaves. Leur
objectif était d'écraser une révolte contre l'Empire de Bozandar.
    Comment les convaincrait-il qu'il existait un mal plus grand
et une cause plus noble ? Qu'ils devaient à présent y prêter allégeance, mais
qu'ils ne trahiraient pas ainsi leurs familles et leur peuple ?
    Tuzza était loin d'être stupide. Sa vive intelligence, bien
plus que ses hautes relations, l'avait élevé à son rang actuel. Il appartenait
à la famille de l'empereur, certes. Mais il n'était pas le seul. Seuls ses
exploits lui avaient permis de se tenir derrière le souverain, lors d'occasions
importantes, et de le conseiller sans intermédiaire.
    Il serait suspecté de sottise et de traîtrise quand ses
intentions seraient connues. L'un ou l'autre de ces soupçons suffirait à ses hommes
pour se retourner contre lui.
    Les yeux fermés, il écouta les sons qui provenaient de la
fête et s'appuya contre le dossier de sa chaise, fouillant son esprit à la recherche
des mots justes.
    Ses hommes avaient évidemment constaté les nombreuses guérisons
qu'avaient réalisées les magiciennes ilduins. Maints blessés graves avaient
bénéficié du pouvoir des Ilduins... dont lui-même. D'aucuns s'étaient étonnés
de voir les Ilduins prêtes à soigner leurs ennemis, après qu'elles avaient
combattu si férocement aux côtés des Anari.
    Peut-être devrait-il commencer par là. Leur parler des Ilduins
et du Seigneur Annuvil, celui qui avait été le Premier Prince, le fils aîné du
Premier Roi, bien avant que les Bozandari et même les Anari n'apparussent à la
surface de la terre. Peut-être devrait-il leur rappeler les histoires anciennes
et les prophéties presque oubliées qui avaient annoncé les événements présents.
    Bien sûr, s'il n'avait pas vu les Ilduins et leurs pouvoirs
de ses propres yeux, s'il n'avait pas vu Dame Tess mener les troupes à la
bataille, puis mettre fin au conflit d'une seule parole... Tuzza lui-même
n'aurait peut-être pas cru l'homme sombre qui était venu le voir et lui avait
dit qu'il était Annuvil.
    Les Premiers Nés Immortels avaient disparu depuis longtemps,
depuis des siècles, si bien qu'il était difficile de croire que l'un d'eux
avait survécu. Deux, en réalité, selon le Seigneur Annuvil.
    Mais Tuzza ne pouvait se voiler la face. Il avait bien vu ce
qu'il avait vu et n'était encore en vie que grâce à cela.
    Oui, les temps présents avaient été prédits. L'issue n'était
pas écrite mais le retour des Ilduins et du Premier Roi était contenu dans plus
d'une prophétie. Il était gravé dans chaque âme vivante, chaque montagne et
fleuve, chaque rocher et arbre, chaque oiseau, ours, serpent et loup des
neiges. Il avait été décidé par les dieux eux-mêmes et Tuzza n'était pas assez
fou pour remettre en cause une telle destinée.
    Sa mère le lui avait enseigné depuis sa plus tendre enfance.
Sa mère, ainsi que la vieille femme anari. Toutes deux se tenaient à son chevet
et lui racontaient des histoires lorsque la fièvre le clouait au lit. Ces deux
mêmes femmes avaient soigné les plaies de ses chutes, avaient veillé à ce que
ses draps soient propres et à ce que son oreiller fleurât bon le frais. Il
était aujourd'hui incapable de distinguer les souvenirs de sa mère et ceux de
la vieille femme anari et ne se rappelait pas laquelle des deux avait fait
telle ou telle chose.
    Elles lui avaient appris à respecter les traditions et,
parfois, quand elle était certaine que nul ne l'entendait, la femme anari lui
avait parlé dans la langue ancienne. Quelques bribes de ces mots lui revinrent
et bien qu'il ne connût pas leur signification, il éprouva une fois encore un
sentiment d'émerveillement, de contact avec la vie, avec la lumière, avec les
dieux mêmes — ces sensations qui l'avaient accompagné par le passé.
    Mais autrefois, cet émerveillement avait été léger et
brillant, n'avait été que chant
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