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L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince
Autoren: Jocelyne Godard
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fielleux.
    — Veux-tu dire que le premier corps d’armée
financé par le Palais était relatif au Prince ?
    — Exactement.
    — Alors, pourquoi as-tu formé un autre
escadron militaire quelques mois plus tard ?
    — Parce que le premier bataillon d’hommes
avait une moyenne d’âge trop avancée pour le prince. Il ne pouvait s’entraîner
avec des coéquipiers plus forts et plus compétents que lui.
    Senenmout eut un rictus mauvais.
    — Et pourquoi as-tu financé un troisième
régiment qui, en fait, est une école d’entraînement pour garçonnets qui
apprennent exclusivement l’art du combat ?
    Antef ne répondit pas. Senenmout se tourna
vers l’assemblée.
    — Les désirs de ce jeune prince semblent
bien fantaisistes et ne s’orientent que vers le côté militaire. Or, il n’y a
aucun point à l’ordre du jour qui parle de guerre.
    Il pivota soudain vers la reine, l’observa
quelques instants et, à nouveau, se retourna vers l’assemblée.
    — En quoi, dans ce conseil, cet enfant
bien jeune encore pourrait-il nous être utile ? Notre pays est riche. Nos
voisins territoriaux sont calmes. Aucun bruit d’invasion ne nous parvient.
Pourquoi perdre de l’argent à renforcer des armées inutiles ?
    Antef réprima une forte contraction de sa
mâchoire proéminente. Il ne pouvait, certes pas, avouer que le jeune prince et
ses amis ne vivaient plus que sur un pied de guerre et que, justement, s’il n’y
en avait pas, il fallait en provoquer une.
    Qu’aurait dit l’assemblée si, à cette heure,
elle avait su que le futur Thoutmosis III devait être un des plus braves
et des plus farouches guerriers de toute l’histoire des pharaons ? Prédiction
qui pouvait plonger Hatchepsout dans d’interminables cauchemars et le conseil
qui soutenait le prince dans une démente euphorie.
     
    *
    * *
     
    Mérytrê était une fillette chétive. Délicate,
certes, mais jamais malade ! Déplaisante plus volontiers que laide.
Pourtant, le velouté de son regard était si absorbant que chacun pouvait se
perdre dans les méandres incontournables qu’elle essayait de tendre à tous ceux
dont elle voulait l’estime.
    Elle compensait son manque d’énergie par des
talents très féminins qui, plus tard, font de la femme une parfaite maîtresse
de maison. Elle équilibrait aussi ses lenteurs à réagir et son absence d’esprit
par les aptitudes qu’elle avait à manier les fils à tisser, à chanter parfois,
à jouer du sistre, du tambourin ou des crotales.
    Satiah était à l’opposé. Très peu compétente
dans l’art de chanter et si peu experte dans celui de tendre des fils sur un
métier à tisser, elle aimait bouger, nager, danser, tirer à l’arc, tenir les
rênes d’un cheval et même, quand Thoutmosis la laissait faire, conduire son
char sur un petit parcours.
    Ses activités essentiellement sportives l’avaient
inévitablement rapproché du prince qui, lui aussi, ne tenait guère en place. Et
pourtant, c’était incontournable, il devait épouser Mérytrê dans quelque temps
pour s’adjoindre le pur sang royal que détenait la princesse et devenir un jour
pharaon.
    Mais, Thoutmosis ne se tracassait guère. Un
secret d’enfant le liait à Satiah depuis qu’un jour, sur le bord dallé de
marbre rose d’une piscine, ils s’étaient juré de se marier. Satiah serait donc
sa Seconde Épouse.
    Comme tous les secrets qui se respectent, ils
n’en avaient encore soufflé mot à personne. Seule, Mérytrê avait des doutes.
Mais, comme il est d’usage que les pharaons aient plusieurs épouses, elle ne s’en
formalisait pas, l’essentiel étant qu’elle soit la reine et restât la Première Épouse
Royale.
    Même adolescente, Mérytrê n’ignorait pas qu’un
jour, le futur pharaon son époux ne pourrait plus compter ses femmes et ses
concubines tant il en aurait dans son harem.
    Déjà, attendaient dans les appartements du
palais trois princesses syriennes, une de Basse-Nubie et deux autres de Libye,
toutes filles d’otages ramenés en Égypte lors des incursions guerrières du
pharaon précédent, son père.
    Mais, ce jour-là, Satiah était absente et Mérytrê
s’ennuyait. Il faut dire que son amie avait le don de l’amuser et que, sans
elle, Mérytrê riait peu et tombait dans une mélancolie et un désœuvrement que
ses servantes avaient du mal à combattre.
    Mérytrê porta sa main en visière. Le ciel
avait ce bleu intense et dur qui annonce une chaude et sèche journée.
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