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L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince
Autoren: Jocelyne Godard
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cueillait comme un fruit délicieusement frais,
sucré, juteux.
    L’enfant n’avait pas plus d’arrière-pensée que
sa compagne la princesse Mérytrê que sa mère avait, elle aussi, laissée aux
bons soins des serviteurs du palais de Thèbes.
    Elles attendaient ce retour avec une patience
toute relative, scandée par leurs jeux, leurs promenades et leurs études, gérée
par une organisation quotidienne dont elles acceptaient fort bien les
contraintes, sachant que du débarquement final viendraient fleurir de
merveilleuses histoires.
    Mais, pour l’instant, Séchât se repaissait
avec ardeur des caresses qu’elle dispensait à sa fille.
    — Maman, tu vas m’étouffer, dit la
fillette en riant.
    Elle s’écarta un peu de la jeune femme et
reprit, volubile :
    — Thoutmosis dit que la prochaine fois
que repartiront les grands navires, il s’en ira avec eux. Est-ce vrai ?
    Séchât hésita. Comment lui répondre sur une
question concernant le prince héritier ?
    — Sans doute, fit-elle avec embarras.
    — Alors, je souhaite que ce nouveau
départ n’ait jamais lieu.
    Séchât l’observa avec une attention accrue. Parlait-elle
pour sa mère ou pour l’adolescent avec qui elle semblait si bien s’entendre ?
    — Ma chérie ! Ces grands voyages ne
peuvent se faire que rarement dans une vie.
    — Parce qu’ils coûtent beaucoup d’argent ?
    Décidément, sa fille avait de la répartie.
Cela lui plut et, joyeusement, elle répondit :
    — Ils en rapportent aussi. Depuis notre
arrivée, l’Égypte s’est enrichie de multiples trésors.
    — Que m’as-tu rapporté, Maman ?
Thoutmosis m’a dit que la reine avait ramené un léopard. C’est quoi un léopard ?
    — Une jolie bête toute tachetée de jaune,
de brun, de beige. Et toutes ces couleurs-là se confondent si bien entre elles
qu’on ne sait plus où sont les unes et où sont les autres.
    Satiah parut subjuguée.
    — Et moi ! fit Séchât en attirant de
nouveau sa fille contre elle, je t’ai rapporté deux animaux.
    — Deux ! fit la petite en ouvrant
ses yeux d’étonnement.
    — Oui deux, puisque Maâthor m’a assuré
que tu aimais chats et chiens plus que tes propres jouets.
    Satiah releva son buste et se fit importante.
    — J’aime aussi les oiseaux et Thouty m’a
donné une grande volière pour moi toute seule.
    — Thouty ? Qui est-ce ?
    — Mais, c’est Thoutmosis !
    Séchât ne répliqua rien, surprise que la
fillette appelât d’une façon aussi intime le jeune prince héritier. Plus
étonnée encore qu’en quelques minutes à peine, elle le citât trois fois.
    — Alors, Thouty a bien fait, si tu aimes
les oiseaux, dit-elle simplement.
    Mais, cette fois, sa fille revenait à des
considérations plus intéressées.
    — Que m’as-tu rapporté, Maman ?
    — Une grande lionne qui m’a sauvé la vie
et, en retour, j’ai sauvé la sienne.
    — C’est une histoire d’amour, en sorte.
Tu ne devrais pas t’en séparer. Pourquoi ne la gardes-tu pas ?
    Décidément les répliques de sa fille la surprenaient.
Elle sourit et répondit à Satiah.
    — Alors, nous pourrons partager son
affection.
    — C’est entendu.
    — À condition, toutefois, que tu
conserves pour toi seule le petit singe que je t’ai aussi ramené. Il est tout
noir, docile, affectueux et obéissant. Tu lui feras faire tout ce que tu veux.
    La fillette exultait.
    — Où est-il, Maman ? Et où est la
lionne ?
    — Dans une cage où elle doit rester
enfermée. C’est une bête sauvage qui vient directement d’une Afrique très
lointaine où, jusqu’à présent, elle vivait en liberté.
    — Ne sera-t-elle pas malheureuse en cage ?
    — Crois-tu que le léopard de Thoutmosis
sera satisfait, lui aussi, entre ses barreaux ? Hélas, ma chérie, c’est
ainsi que la société est faite. Quand ces animaux-là sont prisonniers, ils sont
encagés comme les esclaves qu’un pharaon ramène d’une campagne guerrière.
    Séchât caressa la joue satinée de sa fille.
    — Un lion ou un esclave encagé !
Tout dépend ensuite de la sagesse de celui ou de celle qui l’emprisonne.
Parfois, il faut savoir desserrer les barreaux.
    — Je comprends, fit l’enfant. Mais, si le
léopard de Thouty et ma lionne se connaissent, nous pourrons peut-être les
encager ensemble.
    — Peut-être.
    Cette idée sembla lui plaire. À nouveau, elle
se mit à rire. Enjouée, radieuse, aussi tourbillonnante qu’un papillon, Satiah
ne tenait
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