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L'inconnu de l'Élysée

L'inconnu de l'Élysée

Titel: L'inconnu de l'Élysée
Autoren: Pierre Péan
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considèrent comme un grand connaisseur. »
    Deydier n'est pas le seul à voir dans le président de la République un éminent spécialiste de l'art chinois. Han Wei, ex-directeur de l'Institut de recherche sur l'archéologie du Shaanxi, est du même avis, ainsi qu'il l'a confié à l'agence Xinhua 5  : « J'admire beaucoup son charme personnel, et plus encore sa compréhension profonde de la civilisation orientale. » Cet archéologue chinois a apporté une importante contribution à la recherche archéologique sur les dynasties Zhou, Qin, Han et Tang. Il est également expert en objets anciens en bronze, en or et en argent. Depuis 1992, date à laquelle Han Wei et Jacques Chirac se sont connus à Xi'an, capitale de la province du Shaanxi, en Chine du Nord-Ouest, ils se sont rencontrés plusieurs fois à Paris et à Xi'an, tout en entretenant une correspondance. Han Wei a même été reçu à l'Élysée le 6 juillet 1998.
    « Il existe sept grandes merveilles du monde, et la découverte des guerriers et chevaux en terre cuite fabriqués sous le règne de l'empereur Shihuangdi devrait être la huitième », a déclaré Jacques Chirac après avoir visité le musée des guerriers et chevaux en terre cuite, ajoutant que si ceux qui n'ont pas visité les pyramides ne peuvent prétendre être réellement allés en Égypte, ceux qui n'ont pas contemplé l'armée de terre cuite ne peuvent dire qu'ils ont vraiment visité la Chine. Selon Han Wei, le président français est un des rares dirigeants étrangers à comprendre la civilisation extrême-orientale, en particulier la culture chinoise antique. Il connaît bien la route de la Soie des dynasties Han et Tang, les poteries émaillées tricolores, les poteries aux couleurs secrètes, ainsi que les contes de la dynastie Tang. Han Wei a été décoré de la Légion d'honneur en 1999 par le chef de l'État.
    Le président confirme qu'il ne nourrit « aucun complexe à l'égard de ses guides archéologues chinois ». Et, à propos de Xi'an, il complète l'anecdote racontée par Han Wei en affirmant que les Chinois ont installé une énorme pancarte à l'entrée du tombeau : « Xian, la huitième merveille du monde » – Jacques Chirac.
    Après que je lui eus rapporté l'appréciation flatteuse de Deydier sur sa connaissance des bronzes archaïques, le président émet ce commentaire :
    « C'est gentil, mais ce n'est malheureusement pas vrai… »
    Puis, après un temps de réflexion, il atténue sa dénégation :
    « Cela a pu être vrai il y a dix ans, mais ce n'est plus le cas… Il y a un autre grand spécialiste de tout l'art de l'Extrême-Orient, c'est Jean-François Jarrige 6 , mais aussi sa femme, une grande experte, qui passe plusieurs mois par an sous des climats pas possibles, au Pakistan ou ailleurs…
    – Deydier m'a dit que vous lisiez beaucoup, que vous vous teniez informé des résultats des fouilles effectuées en Chine…
    – C'était vrai, mais je n'ai plus assez de temps.
    – … Que vous receviez les résultats des fouilles opérées en Chine sur ordre du président chinois…
    – Il est vrai que j'ai toujours eu de très bonnes relations avec les autorités chinoises successives… Au fond, ils sont assez flattés qu'on connaisse leur culture et qu'on s'intéresse à leur histoire ; c'est un élément de sympathie, ils n'ont pas l'habitude que les Occidentaux soient familiers de leur histoire et s'y s'intéressent. Je me souviens d'un dîner avec Jiang Zemin (1993-2003), le prédécesseur de Hu Jintao. Nous parlions de la période qui a précédé les Tang et je lui disais qu'il y avait eu trois empereurs. Il me répondit : “Non ce n'est pas vrai : il n'y en a eu que deux…” En réalité, il y a bien eu trois empereurs, mais il est vrai que le troisième avait 9 ans quand il a été assassiné. On n'a pas pu se mettre d'accord. Les siens s'alignaient sur lui, les miens [les membres de la délégation française qui assistaient au dîner] ne disaient rien… Vers onze heures et demie, minuit, on s'est quittés, et à deux heures du matin Jiang Zemin m'a téléphoné – je dormais déjà – et m'a dit : “Vous aviez raison, j'ai consulté des historiens, vous aviez raison…” Ça a créé des liens d'estime et d'amitié, de montrer qu'on connaît et respecte ainsi leur culture… »
    J'ai tenté, lors d'un autre rendez-vous, de savoir s'il s'était intéressé à la philosophie chinoise et s'il avait été influencé
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