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L'inconnu de l'Élysée

L'inconnu de l'Élysée

Titel: L'inconnu de l'Élysée
Autoren: Pierre Péan
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adorait ! »
    Le retour en région parisienne est particulièrement rebutant pour le jeune Jacques qui se souvient : « Quand je suis rentré en 45, j'ai été pendant quelques mois au lycée de Saint-Cloud. J'ai eu quelques problèmes et me suis fait virer à cause du lance-pierres que j'avais ramené du Rayol. Le lance-pierres a été un élément marquant de cette période de ma vie… Au Rayol j'ai toujours marché pieds nus, comme les gamins de cette époque en cet endroit. Quand on marche pieds nus, on finit par se faire de la corne sous les pieds. Une fois rentrés, ma mère m'a dit : “Maintenant, c'est fini, il faut que tu mettes des chaussures…” On m'a acheté des chaussures. Je ne pouvais pas les supporter. Et comme il n'était pas question de discuter, je sortais les chaussures aux pieds, et dès que j'avais passé le tournant, j'enlevais mes chaussures, les fourrais dans le sac et continuais pieds nus. J'ai fait cela pendant très longtemps… Quand nous nous sommes installés à Paris, rue Frédéric Bastiat [près de Saint-Philippe-du-Roule], même chose : je n'avais toujours pas réussi à m'habituer vraiment aux chaussures. »
    C'est dans ce contexte-là que le président se souvient d'avoir fait l'école buissonnière au musée Guimet où il était entré un jour parce qu'aller au lycée Carnot lui « cassait un peu les pieds ».
    « Ça m'a plu et je m'y suis installé. Évidemment, j'ai eu des problèmes parce que je sautais des cours… En troisième ou en seconde, j'avais un professeur de français qui s'appelait Vandaele. Cet homme, comme les gens distingués de cette époque, avait un vélo fabuleux en aluminium, rutilant. Naturellement, on ne laissait pas les vélos dehors, il entrait avec son vélo dans la classe, le posait, et il désignait un élève pour le nettoyer pendant l'heure de cours. Je ne devais pas être très studieux, je dois le reconnaître. Au bout d'un mois, quand il entrait dans la classe, il posait son vélo et disait “Chirac”. J'ai dû briquer ce vélo pendant la totalité des heures de classe de français de M. Vandaele. Il y avait Jacques Friedman avec moi. Un jour, je me suis battu avec lui et lui ai déchiré son pardessus – hélas, je crois qu'il était neuf. Madame Friedman, une sainte femme, pour qui j'avais affection et respect, est venue, folle de rage, chez ma mère, exigeant qu'on remplace le pardessus. (Jacques Chirac rit aux éclats en se remémorant cette histoire.) Friedman était sage, lui ne nettoyait pas le vélo de M. Vandaele…
    – Vos résultats en français n'ont pas dû être terribles.
    – Ah ! c'est sûr… Et comme dans les autres classes je me faisais généralement foutre dehors… On avait un type formidable qui était prof d'histoire naturelle. Quand on se faisait mettre à la porte, on se retrouvait dans le grand hall du lycée Carnot. Le secrétaire général passait et demandait à ceux qui traînaient ce qu'ils faisaient là. Et là… Il s'agissait donc de s'éclipser à temps. Ce brave professeur d'histoire naturelle recueillait donc ceux qui avaient été flanqués dehors par tel ou tel de ses collègues… Si bien que je n'ai jamais autant suivi de cours d'histoire naturelle qu'à cette époque… »
    Les carnets de notes du jeune Chirac corroborent grosso modo l'image que le président en donne aujourd'hui. En troisième, il « doit se discipliner pour arriver à de meilleurs résultats » ; en seconde C, ses résultats ne sont pas bons : il n'obtient qu'un accessit en… éducation physique ; l'année de la première partie du baccalauréat, le prof de géo le trouve « sympathique, mais vraiment trop dissipé », et l'appréciation générale du second trimestre n'appelle pas de commentaire : « Attention à la tenue si l'élève veut terminer son année au lycée ! »

    Revenons dans la petite chambre du XIV e où le jeune Chirac, envoyé par de « vieux messieurs » du musée Guimet, rencontre pour la première fois Vladimir Belanovitch :
    « Si tu veux, je t'apprends le sanscrit », lui dit le Russe.
    L'adolescent se met à apprendre les rudiments du sanscrit. Au bout de trois mois, estimant que ses progrès ne sont pas notables, Belanovitch lui conseille de renoncer :
    « Tu n'es pas doué pour le sanscrit, ça ne sert à rien de t'acharner. Il vaudrait mieux que tu apprennes le russe… »
    Jacques Chirac s'est donc mis à apprendre le russe avec cet original qui s'interdisait de
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