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L'Hôtel Saint-Pol

L'Hôtel Saint-Pol

Titel: L'Hôtel Saint-Pol
Autoren: Michel Zévaco
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temps une pensée d’espoir, sans doute, s’était levée dans l’âme de Laurence, et s’y fortifiait.
    Un soir, une fanfare de trompettes passa au coin de la rue Saint-Martin et se perdit au loin vers l’Hôtel Saint-Pol. Laurence d’Ambrun jeta sur Roselys un regard brûlant, et son cœur, éperdûment, cria :
    – Tu es sauvée ! Tu ne mourras pas de honte ! « Hardy ne te chassera pas ! » Car ton infamie de fille sans nom, JE VAIS LA RACHETER AU PRIX DE MA PAUVRE VIE INUTILE ET BRISÉE !
    Le dimanche, commença au palais sa semaine de nuit.
    Le mercredi, toutes ses dispositions étaient prises, sans doute : dans la journée, elle habilla Roselys avec une coquetterie exquise, et l’emmena avec elle… « à l’Hôtel Saint-Pol ! ».
    Nous ne dirons pas ses précautions pour l’introduire secrètement.
    C’est le soir de ce mercredi que Jean sans Peur entra au palais de la reine ! Ce fut ce soir-là que, dans les profondeurs de la galerie silencieuse, un sanglot répondit au serment du comte de Nevers ! Ce fut ce soir-là, vers onze heures, que la reine Isabeau pénétra dans le couloir réservé aux chambres des filles d’honneur. C’est à cette heure-là que, d’un geste frénétique, elle ouvrit toute grande la porte de l’une de ces chambres… celle de Laurence d’Ambrun !…

II – LA MÈRE DE ROSELYS
    Laurence, frissonnante et fébrile, avait réveillé Roselys, endormie dans un fauteuil où elle l’avait couchée presque entièrement vêtue, pour qu’elle fût prête le lendemain matin au moment voulu. En un tour de main, elle eut rajusté les vêtements de l’enfant. D’une voix morne, elle répétait : « Fuir ! Il faut fuir ! Cela a été horrible ! Allons ! Dépêchons ! Il faut fuir !… » À ce moment, et comme elle attachait le manteau de Roselys, le bruit de la porte s’ouvrant frappa son cerveau comme un fracas de tonnerre. Dans la même seconde, elle fut debout, face à la porte, les lèvres entre les dents jusqu’au sang pour ne pas crier, et, couvrant de son corps, cachant le fauteuil au fond duquel elle avait rejeté l’enfant…
    Isabeau semblait calme. Ce fut distraitement qu’elle dit :
    – Je vous avais ordonné de rentrer au logis Passavant…
    – Ce malaise, Majesté, murmura Laurence, avec une volubilité confuse. C’est passé. Tout à fait. Majesté… je…
    – Restez !…
    Laurence s’immobilisa. Et, presque aussitôt, la reine ajouta :
    – Qui est cette enfant ?… Cette enfant que vous cachez ?…
    C’était l’attaque. Laurence vacilla. La reine se mit à rire, montrant une double rangée de petites dents aiguës.
    – Une idée folle, ma chère… j’ai cru une seconde… j’ai cru que vous étiez la mère !
    Laurence ne broncha pas. Dans sa tête, il n’y avait plus que des remous d’horreur.
    – Mais riez donc ! Était-ce fou ! Une demoiselle d’honneur fille-mère et introduisant l’enfant d’ignominie au foyer de la reine ! Voyez-vous la belle, la sage, la sévère d’Ambrun attachée au pilori des Halles pour crime d’infamie et de lèse majesté !…
    Laurence grelotta. La reine marcha sur elle et, tout près, la voix changée :
    – Vous ne dites rien ?… C’est votre fille, n’est-ce pas ?… Non ?… C’est non ?… Soit ! Comment s’appelle-t-elle ?
    – Roselys, bégaya Laurence toute raide.
    – Charmant. Mais Roselys qui ? Roselys quoi ? De quelle famille ? Parlez !…
    – Je ne veux pas ! râla Laurence.
    – Vous ne voulez pas ?… Non ?… Allons ! Vous avez introduit chez mois une bâtarde !
    Laurence, péniblement, tourna la tête vers sa fille. Et il y avait une épouvantable tristesse sur son visage où coulaient des larmes lentes. Elle parvint à murmurer :
    – Pitié, madame, pitié, oh ! pitié pour cette toute petite innocente… que je…
    – Que vous avez recueillie, n’est-ce pas ? N’ayez pas peur… C’est cela ?… dites ?…
    – Oui, Majesté, oui ! C’est cela ! cria Laurence en se raccrochant à l’espoir.
    – Pauvre petite !… Recueillie, soigneusement cachée par vous au logis Passavant… pas de nom ?… dites !…
    – Sans nom, oui ! répéta Laurence.
    – Eh bien, dit tranquillement la reine, « il faut qu’elle ait un nom !… ».
    Laurence, violemment, redressa la tête. Ses yeux furent deux abîmes de terreur. À ce moment, Isabeau lui asséna le coup décisif :
    – Pour qu’elle ait un nom,
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