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Lettres - Tome II

Lettres - Tome II

Titel: Lettres - Tome II
Autoren: Pline le Jeune
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– C. PLINE SALUE SON CHER RESTITUTUS.
    L’indifférence pour les lectures publiques.
     
    Je ne puis me retenir de vous faire part du léger accès d’indignation que j’ai éprouvé à l’audition d’un de mes amis, et, puisque ce n’est pas possible de vive voix, je veux du moins l’exhaler dans une lettre. On donnait lecture d’un livre parfait de tous points. Deux ou trois auditeurs, fins connaisseurs, à ce qu’ils croient eux-mêmes ainsi qu’un petit nombre de leurs amis, l’écoutaient avec l’air de sourds-muets. Pas un mouvement des lèvres, pas un geste des mains ; ils ne se levèrent pas même une fois au moins par fatigue d’être assis. Quelle gravité ! Quelle délicatesse ! Ou plutôt quelle indifférence ! Quelle vanité ! Quelle aberration ! que dis-je ! quelle folie ! Employer un jour entier à blesser un homme, à s’en faire un ennemi, alors qu’on est venu chez lui en ami intime ! Avez-vous plus de talent que lui ? Excellente raison pour n’être pas jaloux, car la jalousie est une preuve d’infériorité. Bref, que vous valiez plus, ou moins, ou autant, louez votre inférieur, votre supérieur, votre égal ; votre supérieur parce que, s’il ne mérite des éloges, vous ne pouvez en espérer ; votre inférieur ou votre égal, car il importe à votre gloire de grandir le plus possible dans l’opinion celui que vous surpassez ou égalez. Moi, j’ai l’habitude de respecter même et d’admirer tous ceux qui tentent quelque effort dans les lettres. C’est un art difficile, décevant, et qui rend à ses détracteurs mépris pour mépris. Peut-être en jugez-vous autrement. Et pourtant qui au monde montre plus que vous de respect, de bienveillante estime pour ces travaux ? Voilà le motif qui m’a poussé à vous dévoiler mon indignation, certain que personne ne pouvait mieux la partager. Adieu.
     
    XVIII. – C. PLINE SALUE SON CHER SABINUS.
    Le procès des Firmiens.
     
    Vous me demandez de défendre la cause de la ville de Firmium ; je m’efforcerai de le faire, malgré les nombreuses occupations qui m’accablent, car j’ai le plus vif désir de m’attacher cette illustre colonie par mon assistance en justice et vous par un service que vous désirez vivement. Puisque en effet vous avez recherché dans mon amitié, comme vous vous plaisez à le publier, à la fois un appui et un honneur, je ne puis rien vous refuser, surtout quand c’est pour votre patrie que vous sollicitez. Qu’y-a-t-il de plus honorable que la prière d’un citoyen dévoué et de plus efficace que celle d’un ami ? Engagez donc ma parole à vos chers Firmiens, ou plutôt désormais aux nôtres ; car ils méritent mes efforts et mon dévouement ; j’en suis assuré par l’éclat de leur ville, et surtout parce qu’il faut les croire parfaits, puisque un homme de votre mérite consent à vivre parmi eux. Adieu.
     
    XIX. – C. PLINE SALUE SON CHER NEPOS {11} .
    Cause de l’augmentation du prix des terres.
     
    Vous savez que les terres ont augmenté de prix surtout dans la banlieue de Rome. La cause de ce renchérissement subit est un fait dont on s’est souvent entretenu ; aux derniers comices le sénat a émis des vœux fort honorables ; « que les candidats cessent de donner des banquets, d’envoyer des cadeaux, de consigner de l’argent {12}  ». De ces abus les deux premiers s’étalaient au grand jour et sans aucune retenue ; le troisième, quoique pratiqué en secret, n’en était pas moins de notoriété publique. Alors notre ami Homullus, profitant avec diligence de cet accord du sénat, demanda aux consuls quand son tour d’opiner fut venu, de faire connaître ce désir unanime au prince et de prier sa prévoyance d’appliquer à ce désordre la même répression qu’aux autres. Il l’a fait. Car une loi sur la brigue a interdit les dépenses des candidats, ces dépenses indignes qui les déshonoraient. Elle les oblige aussi à placer le tiers de leur fortune en biens fonds : le prince a jugé, et avec raison, qu’il était honteux de voir des hommes, qui briguaient les charges publiques, regarder Rome et l’Italie non comme une patrie, mais comme une maison où l’on reçoit l’hospitalité, comme une auberge où passent des voyageurs. De là grande fièvre des candidats : ils se disputent tout ce qui est à vendre et leurs achats incessants font monter les prix de ce qui est mis en vente {13} . Ainsi donc, si vous êtes lassé de vos
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