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Lettres - Tome II

Lettres - Tome II

Titel: Lettres - Tome II
Autoren: Pline le Jeune
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Passennus Paulus, brillant chevalier romain, et personnage fort érudit, écrit des vers élégiaques. C’est un don de famille, car il est compatriote de Properce et il compte même Properce parmi ses ancêtres. Un jour qu’il faisait une lecture publique, il débuta ainsi : « Priscus, vous désirez… » À ces mots Javolenus Priscus, qui se trouvait là, puisqu’il est l’ami intime de Paulus, s’écria : « Moi ? mais je ne désire rien ». Figurez-vous les éclats de rire, les plaisanteries de l’assistance. Priscus est apparemment d’une santé d’esprit douteuse ; il prend part cependant à la vie publique, il est appelé en conseil dans les tribunaux, il donne même des consultations de droit civil, c’est ce qui rendit sa sortie plus ridicule et plus frappante. Pendant un moment cette étourderie d’un autre refroidit un peu le débit de Paulus. Ceux qui font des lectures doivent veiller non seulement à se montrer sensés eux-mêmes, mais encore à n’inviter que des gens sensés. Adieu.
     
    XVI. – C. PLINE SALUE SON CHER TACITE.
    La mort de Pline l’Ancien.
     
    Vous me demandez de vous raconter la mort de mon oncle, afin de pouvoir en transmettre un récit plus exact à la postérité. Je vous en remercie, car je vois que sa mort, si vous la faites connaître au monde, jouira d’une gloire immortelle. Quoique dans le désastre de la plus belle contrée, emporté avec des peuples, avec des villes, il n’ait semblé périr que pour revivre à jamais dans le souvenir des hommes avec celui de cet événement mémorable, quoiqu’il ait laissé lui-même tant d’œuvres durables, l’immortalité de vos écrits n’ajoutera pas peu à la perpétuité de son nom {8} . Heureux les hommes auxquels il a été donné par un présent des dieux de faire des actions dignes d’être écrites ou d’écrire des livres dignes d’être lus, mais plus heureux encore ceux à qui est échu ce double privilège. Mon oncle se trouvera au nombre de ces derniers grâce à ses écrits et aux vôtres. J’entreprends donc volontiers la tâche dont vous me chargez, ou plutôt je la réclame.
    Il était à Misène et commandait la flotte en personne. Le neuvième jour avant les calendes de septembre ma mère lui montre l’apparition d’un nuage d’une grandeur et d’un aspect inusités. Quant à lui, après un bain de soleil, puis un bain froid, il avait pris un léger repas allongé et travaillait. Il demande ses sandales, et monte à l’endroit d’où l’on pouvait le mieux observer ce phénomène. Un nuage s’élevait (de loin on ne pouvait savoir de quelle montagne, plus tard on apprit que c’était du Vésuve) ; son aspect et sa forme ne sauraient être mieux rendus que par un arbre et particulièrement par le pin parasol. Car, montant d’abord droit comme un tronc très élancé, il s’étalait ensuite en rameaux ; c’est que, je crois, soulevé d’abord par le souffle puissant du volcan, puis abandonné par ce souffle qui faiblissait et aussi s’affaissant sous sa propre masse, il se dispersait en largeur ; sa couleur était ici éclatante de blancheur, là grise et tachetée, selon qu’il était chargé de terre ou de cendre.
    Ce phénomène parut curieux à mon oncle et en vrai savant il voulut l’étudier de plus près. Il fait appareiller un vaisseau liburnien {9} , et me donne la permission de l’accompagner, si cela me plaît ; je lui répondis que je préférais travailler, et justement il m’avait lui-même donné quelque chose à écrire. Il sortait de la maison ; on lui remet un billet de Rectina, femme de Cascus, terrifiée par l’imminence du danger (car sa villa était située au pied du Vésuve et l’on ne pouvait plus fuir qu’avec une barque) ; elle le suppliait de l’arracher à un si grand péril. Alors il change de dessein, et ce qu’il avait entrepris par amour de la science, il l’achève par dévouement. Il fait avancer des quadrirèmes, s’y embarque lui-même pour porter secours non pas seulement à Rectina, mais à beaucoup d’autres (car cette côte était très peuplée à cause de son agrément) ; il se hâte vers ces lieux d’où tout le monde fuit, il dirige sa course, il dirige son gouvernail droit sur le danger, exempt de crainte, au point de dicter ou de noter lui-même tous les mouvements, toutes les formes du terrible fléau, à mesure qu’il les apercevait.
    Déjà la cendre tombait sur les vaisseaux, plus chaude et plus
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