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Lettres - Tome II

Lettres - Tome II

Titel: Lettres - Tome II
Autoren: Pline le Jeune
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grand mérite sur qui il sera aussi difficile que glorieux de l’emporter. En proie à l’anxiété, tiraillé par l’espoir et la crainte, j’oublie que j’ai été consul, car je me crois de nouveau candidat à toutes les charges que j’ai remplies.
    Naso mérite ces soucis par sa longue affection pour moi. Mon amitié pour lui n’est pas précisément un héritage paternel (car mon âge s’y opposait) ; cependant dès ma première adolescence on me montrait son père avec les plus grands éloges. Il aimait avec passion non seulement les lettres mais les lettrés, et presque chaque jour il accourait aux leçons de ceux que je fréquentais moi aussi alors, aux leçons de Quintilien, de Nicetes Sacerdos ; c’était d’ailleurs un homme connu et important et dont la mémoire devrait servir son fils. Mais des sénateurs d’aujourd’hui beaucoup ne l’ont pas connu, beaucoup d’autres l’ont connu, mais n’ont de considération que pour les vivants. Aussi Naso doit-il, ne comptant guère sur la gloire de son père, qui lui vaut beaucoup d’honneur, peu de crédit, tout attendre de ses efforts, de ses travaux personnels. C’est d’ailleurs ce qu’il a toujours fait avec constance, comme s’il prévoyait les circonstances présentes. Il s’est créé des amis et les a cultivés ensuite ; quant à moi, dès qu’il s’est cru en état de juger, il m’a choisi pour ami et pour modèle. Quand je plaide, il est dans l’assistance plein d’émotion, il s’assied près de moi pendant mes lectures publiques. Je l’associe aux débuts et même à la naissance de mes plus petits ouvrages, je l’associe seul maintenant, auparavant avec son frère, qu’il vient de perdre et dont je dois lui tenir lieu, dont je dois remplir la place vide. Quelle douleur pour moi ! L’un est enlevé cruellement par une mort prématurée, l’autre est privé de l’appui du meilleur des frères et abandonné à la protection de ses seuls amis.
    Voilà pourquoi j’exige que vous veniez et que vous unissiez vos recommandations aux miennes. Il est d’une grande importance pour ma cause que je vous montre partout, que j’aille partout accompagné de vous. Telle est votre influence que mes prières, je crois, appuyées par vous, seront plus efficaces même auprès de mes amis. Rompez donc tous les liens qui peuvent vous retenir ; vous devez cet effort à mon intérêt, à ma réputation, et je dirai même à ma dignité. J’ai lancé une candidature, et tout le monde le sait ; c’est donc moi qui sollicite, moi qui cours les risques ; en somme si Naso réussit, à lui l’honneur ; s’il échoue, à moi l’affront. Adieu.
     
    VII. – C. PLINE SALUE SA CHÈRE CALPURNIA.
    L’épanchement intime.
     
    Vous m’écrivez que mon absence vous afflige beaucoup et que votre seule consolation est d’avoir mes livres au lieu de moi et de les mettre souvent aux places que je préférais. Il m’est agréable que vous me regrettiez, agréable que vous trouviez un apaisement dans de telles distractions. De mon côté je relis sans cesse vos lettres et de temps en temps je les reprends comme si je venais de les recevoir. Mais elles ne font que rendre mes regrets plus vifs. Car lorsque les lettres d’une personne ont tant de charme, quelle doit être la douceur de sa conversation ? Écrivez-moi pourtant le plus souvent possible, quoique j’en éprouve autant de tourment que de joie. Adieu.
     
    VIII. – C. PLINE SALUE SON CHER PRISCUS.
    L’amitié de Pline pour Atilius Crescens.
     
    Atilius Crescens est connu et aimé de vous ; car de quel personnage un peu en vue n’est-il pas connu et aimé ? Moi, j’ai pour lui non pas l’affection de beaucoup de gens, mais une tendresse profonde. Nos villes natales ne sont distantes que d’une journée de marche. Nous, notre amitié mutuelle est née, et ce sont les amitiés les plus ardentes, dès notre première adolescence. Elle a persisté depuis et le jugement, loin de la refroidir, l’a fortifiée. Ceux qui nous voient familièrement l’un et l’autre le savent bien ; car lui publie partout l’amitié qu’il a pour moi, et moi je me vante du souci que je prends de sa bonne conduite, de son repos et de sa tranquillité. Voyez même ! Comme l’insolence d’un futur tribun de la plèbe l’inquiétait et comme il m’en avait fait part, je lui répondis : «  Nul n’oserait, tant que je vivrai. » Où tendent ces détails ? À vous apprendre que, de mon
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