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Lettres - Tome II

Lettres - Tome II

Titel: Lettres - Tome II
Autoren: Pline le Jeune
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LIVRE SIXIÈME
     
    I. – C. PLINE SALUE SON CHER TIRO.
    Les regrets de l’absence.
     
    Tant que j’étais au delà du Pô et vous dans le Picenum, je vous réclamais moins vivement ; depuis que je suis à Rome et que vous êtes encore dans le Picenum, mon désir grandit ; c’est peut-être que les lieux où nous avons l’habitude d’être ensemble, me rappellent plus vivement votre souvenir ; ou peut-être que rien n’aiguise les regrets de l’absence comme le voisinage, et que plus se rapproche l’espoir de la jouissance, plus s’avive l’impatience de la privation. Quoi qu’il en soit, délivrez-moi de ce tourment. Revenez, ou c’est moi qui retournerai aux lieux d’où je me suis hâté de partir si inconsidérément, ne serait-ce que pour voir si, vous trouvant à Rome sans moi, vous m’écrirez des lettres pareilles à celle-ci. Adieu.
     
    II. – C. PLINE SALUE SON CHER ARRIANUS.
    Les avocats et les claqueurs.
     
    Il m’arrive souvent de chercher dans nos audiences M. Regulus ; je ne dis pas de le regretter. Pourquoi je le cherche, direz-vous ? Il tenait nos fonctions en honneur ; il tremblait, il pâlissait, il écrivait ses discours, quoique incapable de les apprendre par cœur. Certaines habitudes même, telles que de se border de fard tantôt l’œil droit, tantôt l’œil gauche, le droit, s’il avait à plaider pour le demandeur, le gauche s’il soutenait le défenseur, de transporter une mouche blanche d’un sourcil à l’autre ; de consulter sans cesse les aruspices sur l’issue du procès, témoignaient d’une superstition excessive, mais aussi de la haute idée qu’il se faisait de ses fonctions. Et ce qu’il y avait de très agréable quand on plaidait en même temps que lui, c’est qu’il réclamait un temps de parole illimité, qu’il se chargeait de réunir des auditeurs. Quel plaisir, que de pouvoir, sous la responsabilité d’autrui, parler aussi longtemps qu’on veut, et avec toute tranquillité, devant une assistance rassemblée par un autre et où l’on arrive à l’improviste.
    Malgré cela, Regulus a bien fait de mourir. Il eût mieux fait encore de mourir plus tôt, car aujourd’hui il aurait pu vivre sans danger pour le public sous un prince, qui l’aurait mis dans l’impossibilité de nuire. Aussi est-il permis de le chercher quelquefois. Car depuis sa mort s’est répandue et a prévalu l’habitude de ne donner et de ne demander que deux ou qu’une et parfois même qu’une demi clepsydre. Car les orateurs aiment mieux avoir plaidé que plaider, et les auditeurs, en avoir fini que juger. Tant sont grandes la négligence, la paresse, l’absence d’égards pour nos propres travaux et pour les dangers des parties. Sommes-nous plus habiles que nos ancêtres, plus justes que les lois mêmes, qui dispensent tant d’heures, tant de jours, tant de remises {1}  ? L’esprit de nos pères était-il si obtus et si lent ? Avons-nous la parole plus claire, l’intelligence plus prompte, le jugement plus sûr, nous qui demandons moins de clepsydres {2} pour bâcler des causes qu’ils ne mettaient de jours à les étudier ? Ou êtes-vous, Regulus, vous dont les intrigues obtenaient de tous ce qu’un si petit nombre accordent à la conscience ?
    Pour moi toutes les fois que je remplis les fonctions de juge, ce qui m’arrive même plus souvent que celles d’avocat, plus on me demande d’eau, plus j’en accorde. C’est une vraie présomption, à mon avis, de deviner combien doit durer une cause qu’on n’a pas encore entendue, et de délimiter le temps accordé à une affaire dont on ignore l’ampleur, alors surtout que le premier devoir d’un juge envers sa conscience est la patience, qui est même une grande partie de la justice. Mais, objecte-t-on, que de paroles superflues ? Soit ; mais il vaut encore mieux les dire que de ne pas dire tout le nécessaire. D’ailleurs on ne peut savoir qu’elles sont superflues, qu’après les avoir entendues. Mais nous parlerons de cette question beaucoup mieux de vive voix, ainsi que de plusieurs travers de nos concitoyens. Car vous aussi, par amour du bien public, vous souhaitez de voir chasser des défauts qu’il est désormais difficile de corriger.
    Maintenant jetons un regard vers nos familles. Tout va-t-il bien dans la vôtre ? Chez moi rien de nouveau. Or pour moi le bonheur me devient de plus en plus précieux par sa durée, et les désagréments de plus en plus légers par
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