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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord
Autoren: Bernard Cornwell
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assuré, bouclier baissé et la pointe de
Souffle-de-Serpent frôlant l’herbe. Ils prirent ce refus de répondre pour de l’arrogance,
alors qu’en vérité c’était de l’hésitation. J’avais pensé me faire appeler d’un
autre nom que le mien, car je ne voulais pas que Kjartan ou mon traître d’oncle
sachent mon retour, mais mon nom était aussi redoutable et je fus imprudemment
tenté d’en user quand l’inspiration me vint.
    — Je suis Steapa de Defnascir, annonçai-je.
L’homme qui a envoyé Svein du Cheval Blanc à son dernier repos sous terre, me
vantai-je, au cas où ce nom aurait été inconnu ici.
    Mon interlocuteur recula d’un pas.
    — Steapa ? Celui qui sert Alfred ?
    — Lui-même.
    — Seigneur… dit-il en baissant son épée.
    L’un des jeunes gens toucha son crucifix et
mit un genou en terre. Un troisième rengaina son épée et les autres l’imitèrent,
par prudence.
    — Qui es-tu ? demandai-je.
    — Nous servons le roi Egbert, répondit l’autre.
    — Et les morts ? demandai-je en
désignant la rivière où un autre cadavre dérivait. Qui sont-ils ?
    — Des Danes, seigneur.
    — Vous tuez des Danes ?
    — C’est la volonté de Dieu, seigneur.
    — Cet homme est un Dane et aussi un ami, dis-je
en désignant le navire de Thorkild. Le tueras-tu ?
    — Nous connaissons Thorkild, seigneur. Et
s’il vient en paix, il vivra.
    — Et moi ? Que feras-tu de moi ?
    — Le roi te recevra, seigneur. Il t’honorera
d’avoir massacré tant de Danes.
    — Ceux-là ? demandai-je, méprisant, en
désignant les cadavres dans la rivière.
    — Il honorera la victoire sur Guthrum, seigneur.
Est-ce vrai ?
    — C’est vrai. J’étais là.
    Je me retournai, rengainai mon épée et fis
signe à Thorkild qui détacha son navire et commença à remonter le fleuve. Je
lui criai que les Saxons d’Egbert s’étaient soulevés contre les Danes, mais que
ces hommes avaient promis de le laisser en paix s’il venait en ami.
    — Que ferais-tu à ma place ? répondit-il.
    — Je descendrais la rivière, criai-je en
danois. Je trouverais des guerriers et j’attendrais de savoir ce qui se passe.
    — Et toi ?
    — Je reste.
    Fouillant dans sa bourse, il me jeta quelque
chose qui brilla dans le crépuscule et alla se perdre dans les boutons d’or qui
jonchaient la prairie.
    — Voilà pour ton conseil, dit-il. Et
puisses-tu vivre longtemps, qui que tu sois.
    Il fit péniblement faire demi-tour à son
navire dans l’étroite rivière et s’éloigna. J’appris plus tard que son grenier
avait été pillé, le seul Dane armé qui le gardait massacré, et sa fille violée :
mon conseil valait donc bien la pièce d’argent qu’il m’avait lancée.
    — Tu l’as laissé partir ? me
reprocha l’un des hommes.
    — Je te l’ai dit, c’était un ami, dis-je
en ramassant la pièce dans l’herbe. Alors, comment sais-tu la victoire d’Alfred ?
    — Un prêtre est venu et nous l’a dite, seigneur.
    — Un prêtre ?
    — Du Wessex, seigneur. Il a fait tout le
chemin pour apporter un message du roi Alfred.
    J’aurais dû me douter qu’Alfred voudrait que
la nouvelle de son triomphe sur Guthrum soit connue de tous. Il avait envoyé
des prêtres partout auprès des Saxons pour annoncer que Dieu et ses saints lui
avaient accordé la victoire. Celui qui avait été dépêché à Egbert était arrivé
la veille, et c’est là que les sottises avaient commencé.
    Le prêtre à cheval, son froc rangé dans ses
fontes, était allé de maison saxonne en maison saxonne dans la Mercie tenue par
les Danes. Les Saxons l’avaient aidé en chemin, lui fournissant une monture à
chaque étape et l’escortant devant les garnisons des Danes jusqu’à la capitale.
Mais ce qui avait surtout séduit les Northumbriens, c’était un conte ridicule :
le prêtre prétendait que saint Cuthbert était apparu en rêve à Alfred pour lui
montrer comment obtenir la victoire, alors qu’il s’était replié durant l’hiver
avec une poignée d’hommes après la défaite d’Æthelingæg. Cette histoire de
miracle était taillée sur mesure pour les Saxons d’Egbert qui vénéraient le
saint plus que nul autre. Saint Cuthbert était l’idole de la Northumbrie, l’homme
le plus pieux qui ait jamais vécu sur ces terres, et on le priait chaque jour
dans tous les foyers. L’idée que le saint patron du Nord avait aidé le Wessex à
défaire les Danes avait fait perdre ses esprits
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