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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord
Autoren: Bernard Cornwell
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Northumbrie, ôta la tête de chien sculptée de sa proue pour
ne pas effrayer les esprits de la terre. Et le soir, sous un ciel lavé, nous
arrivâmes à Eoferwic, capitale de Northumbrie et ville où mon père avait été
tué, faisant de moi un orphelin ; là, j’avais été recueilli par Ragnar l’Ancien
qui m’avait inculqué l’amour des Danes.
    Thorkild m’avait relevé et je ne ramais plus
quand nous arrivâmes. De la proue, je contemplais la fumée qui s’élevait des
toits puis, en baissant les yeux, je vis le premier cadavre flotter dans la
rivière. C’était un garçon d’une dizaine d’années, vêtu seulement d’un linge à
la taille. Il avait été égorgé, et ses longs cheveux flottaient comme des
algues sous l’eau.
    Nous en vîmes deux autres, puis nous fûmes
assez près pour voir sur les remparts des hommes bien trop nombreux, armés de
lances et de boucliers, et d’autres encore sur les quais, en cotte de mailles, qui
nous dévisageaient avec méfiance, leurs épées tirées. Thorkild donna l’ordre de
lever les rames. Le navire suivit le courant, et j’entendis des hurlements dans
la ville.
    Nous étions chez moi.

1
    Thorkild laissa le bateau poursuivre sur une
centaine de coudées, puis le fit échouer sur la rive près d’un saule. Il sauta
à terre, attacha une corde au tronc. Mais, avec un regard inquiet vers les
hommes en armes qui nous observaient depuis le haut de la rive, il remonta
prestement à bord.
    — Toi, me dit-il, va voir ce qui se passe.
    — Du grabuge, répondis-je. Que veux-tu
savoir de plus ?
    — Ce qui est arrivé à mon grenier, dit-il.
Je ne veux pas demander à ces hommes. Toi, tu le feras.
    Il m’avait choisi car j’étais un guerrier, et
si je mourais il n’aurait point de peine. La plupart de ses rameurs étaient
capables de se battre, mais il évitait le combat autant que possible car le
sang et le commerce ne sont point amis. Les hommes armés descendaient, à
présent. Ils étaient six, mais ils approchaient en hésitant, car nous étions le
double et tous armés de haches et de lances.
    J’enfilai ma cotte de mailles, sortis le
glorieux casque couronné d’un loup que j’avais pris sur un navire dane au large
des Galles, ceignis Souffle-de-Serpent et Dard-de-Guêpe, mes épées, et ainsi
vêtu pour la guerre je sautai gauchement à terre. Je glissai sur le talus, me
cramponnai en jurant à des orties qui me piquèrent et remontai le sentier. J’étais
déjà venu ici, car c’était le vaste pâturage en bordure du fleuve où mon père
avait mené l’attaque sur Eoferwic. Je
coiffai mon casque et criai à Thorkild de me lancer mon bouclier. Alors que je
reprenais ma marche vers les six hommes qui tenaient leur épée en main, Hild
sauta pour me rejoindre.
    — Tu aurais dû rester à bord, lui dis-je.
    — Pas sans toi. (Elle portait notre
unique sac de cuir contenant quelques vêtements, un couteau et une pierre à
affûter.) Qui sont-ils ?
    — Nous allons le savoir, dis-je en
dégainant Souffle-de-Serpent.
    Les ombres étaient longues, et la fumée des
cheminées rouge et or dans le crépuscule. Des freux regagnaient leur nid et j’apercevais
au loin des vaches rentrant pour la traite. J’avançai vers les six hommes. Voyant
ma cotte, mon bouclier et deux épées, un casque et des bracelets valant trois
belles cottes, les six hommes se regroupèrent craintivement et m’attendirent. Ils
avaient tous dégainé leur épée, mais deux d’entre eux portaient des crucifix. C’étaient
sans doute des Saxons.
    — Quand un homme revient chez lui, dis-je
en angle, il ne doit pas s’attendre à être accueilli par des lames.
    Deux étaient plus âgés, la trentaine, avec d’épaisses
barbes et des cottes de mailles. Les quatre autres portaient une cuirasse ;
ils étaient plus jeunes, dix-sept ou dix-huit ans, et leurs épées leur
semblaient aussi peu familières qu’à moi un soc de charrue. Ils devaient me
croire dane, car je descendais d’un navire dane, et pensaient qu’à six ils
pourraient tuer un seul homme ; mais ils savaient aussi qu’un seul Dane
dans toute sa splendeur guerrière pouvait en occire deux avant de rendre gorge.
Ils furent donc soulagés de m’entendre parler angle. Et surpris.
    — Qui es-tu ? demanda l’un des plus
âgés.
    Je continuai sans répondre. S’ils avaient
décidé de m’attaquer, j’aurais été contraint de fuir ignominieusement ou de
mourir, mais je marchais d’un pas
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