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Les pièges du désir

Les pièges du désir

Titel: Les pièges du désir
Autoren: Diane Gaston
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salle… 
    Mais le regard vert cherchait de nouveau le sien. 
    – Saviez-vous que le peintre expose une autre toile ici ? 
    Elle s’empara de son bras. 
    – Venez, je vais vous la montrer. Vous allez être surpris. 
    Elle le conduisit à l’autre bout de la salle, là où elle avait remarqué son œuvre, parmi celles de tous les grands artistes. 
    – Là, regardez ! 
    Elle lui montra la peinture, où un soldat brandissait le drapeau anglais à Badajoz. 
    – Voyez l’expression du soulagement et du triomphe sur son visage ! Et aussi sa fatigue… 
    Elle ouvrit le catalogue et le feuilleta. 
    –  Victoire de Badajoz . De Jack Vernon. 
    Son regard retourna vers le tableau. 
    – Ce que je trouve fascinant, c’est la façon dont ce Vernon a su rendre toute la souffrance que le soldat a dû endurer avant de conquérir la place. C’est merveilleux, ne trouvez-vous pas ? 
    Jack n’aurait pas été plus comblé si le président de l’Académie, Benjamin West en personne, lui avait décerné cet éloge. Il avait peint Victoire à Badajoz pour rendre cet instant fugace où l’issue avait semblé justifier toutes les souffrances du siège. Et elle avait saisi exactement ce qu’il avait voulu transmettre. 
    Il se tourna vers elle. 
    – Vous connaissez bien la psychologie des soldats, à ce qu’il semble. 
    Elle rit de nouveau. 
    – Pas le moins du monde ! Je fais appel à mon imagination, c’est tout. 
    Elle lui reprit le bras. 
    – Laissez-moi vous montrer un autre tableau. 
    Cette fois, elle le conduisit vers une peinture intitulée Le Siège de Barcelone . Le duc de Wellington y figurait à cheval et vêtu d’une toge romaine, en train de recevoir la reddition de la ville espagnole représentée sous les traits d’une femme. La composition du tableau évoquait les frises de l’Antiquité classique. D’un point de vue technique, il était parfait. 
    – Vous l’aimez aussi ? Il est très bien exécuté. 
    Elle eut un geste dédaigneux. 
    – Il est ridicule. Wellington en vêtements romains ! 
    Il sourit, amusé. 
    – C’est une allégorie. 
    Elle eut un regard méprisant. 
    – Je le sais bien ! Mais ne trouvez-vous pas stupide de peindre cet événement comme s’il était survenu dans la Rome ancienne ? Il est bien peint, je vous l’accorde. Mais il semble bien fade en comparaison de l’autre. Où est l’émotion dans celui-ci ? 
    Il ne put résister au désir de prolonger la discussion. 
    – N’est-il pas injuste de les comparer, quand leur objectif est si différent ? L’un est une allégorie, l’autre une peinture historique. 
    Elle poussa une exclamation d’impatience et secoua la tête. 
    – Cet artiste tue complètement l’émotion et le sens de l’événement en en faisant une allégorie classique. Il les banalise. Le tableau de Badajoz, à mon sens, lui est cent fois supérieur. Je préfère que l’on me montre les choses telles qu’elles se sont passées. 
    Telles qu’elles s’étaient passées ? Si elle pouvait se douter à quel point il avait idéalisé cet instant à Badajoz ! Il n’avait pas montré le sang sur les pierres de la forteresse, les hommes blessés ou mourants… S’il avait dépeint l’émotion de la victoire, ce n’était pas de propos délibéré. Il avait seulement voulu montrer qu’il était capable d’exécuter autre chose que des portraits. A présent que la guerre était finie, les sujets militaires pouvaient susciter un certain intérêt. Si on lui commandait un tableau de bataille, il s’acquitterait de la tâche, dût-il arranger la réalité. 
    De nouveau, il compara du regard l’autre toile et la sienne. Une intensité dramatique se dégageait de son tableau à lui, c’était indéniable. Une émotion dont l’autre était dépourvue. 
    – Je comprends ce que vous voulez dire. 
    Elle eut un sourire satisfait. 
    – Parfait ! 
    – Et je m’incline devant votre avis d’experte. 
    – Experte ? Allons donc ! J’en connais encore moins sur l’art que sur les militaires. 
    Ses yeux pétillèrent de malice. 
    – Mais cela ne m’empêche pas de donner mon opinion, n’est-ce pas ? 
    Jack eut soudain l’irrépressible envie de lui dire qu’il était l’artiste qu’elle admirait. 
    – Permettez-moi de me présenter… 
    – Ariana ! 
    Une femme plus âgée, de toute beauté elle aussi, se précipita vers la jeune fille. 
    – Je t’ai cherchée
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