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Les pièges du désir

Les pièges du désir

Titel: Les pièges du désir
Autoren: Diane Gaston
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dormir. Après avoir assisté à toutes ces horreurs, pourrait-il jamais retrouver le sommeil ? 
    Ils barricadèrent la porte avec une partie du mobilier détruit et Jack tira des décombres une chaise encore intacte. Il la plaça devant la fenêtre et s’assit. Le capitaine fit signe à la femme et au gamin de s’étendre sur le matelas. Puis il s’installa lui-même sur le sol, le dos contre le mur. 
    Dehors, les bruits du carnage continuaient, mais il n’y avait personne en vue. La rue que Jack surveillait était trompeusement paisible. D’ici le matin, le pillage aurait pris fin et il pourrait retourner à son camp. Peut-être son commandant et les autres patrouilleurs seraient-ils encore en vie. Et peut-être aussi, avant que cette guerre ne s’achève, Edward Tranville tomberait-il d’un coup d’épée en plein cœur, pour expier sa part de responsabilité dans cette abomination. 
    Jack rechargea son pistolet et le plaça à portée de sa main. Dans le calme de la pièce, les scènes atroces de la journée le hantaient sans répit, torturantes. Il aurait voulu pouvoir rejeter loin de lui ces images pour goûter enfin un peu de paix. 
    ***
    Les premières lueurs de l’aube firent pâlir le ciel. Jack entendait encore des vociférations d’ivrognes, des coups de mousquet et des hurlements. Le jour se levait, mais le pillage n’avait pas cessé pour autant. 
    Le capitaine Dean se réveilla et le rejoignit, aux aguets. 
    – Bon sang, ils n’ont pas encore fini ! 
    Il se frotta le visage. 
    – Prenez un peu de repos, enseigne. Nous allons attendre. Les choses vont bien finir par se calmer. 
    Jack donna son siège au capitaine et jeta un coup d’œil vers le matelas. Roulé en boule, le garçon semblait très jeune et vulnérable. Mais la femme, elle, ne dormait pas. Les yeux grands ouverts, elle suivait des yeux tous ses gestes. 
    Jack examina la pièce et se mit à ramasser les feuilles de papier éparses. 
    – En avez-vous l’utilité ? 
    Elle secoua la tête et se retourna sur sa couche. 
    Certains documents étaient apparemment des lettres, peut-être écrites par des êtres chers demeurés au pays. Jack se sentit vaguement coupable de les prendre ; mais son carnet de croquis était resté au camp, rangé dans son havresac, et il avait grand besoin de papier. Il alla s’asseoir en tailleur près d’une autre fenêtre, posa un large morceau de carton sur ses genoux et fouilla dans sa poche pour en extraire un morceau de fusain. Puis il exhala un lourd soupir et se mit à dessiner. 
    Les images prisonnières en lui semblaient couler de ses doigts sur le papier. Il y en avait un tel flot qu’il arrivait à peine à suivre le rythme. Mais il le fallait. Il fallait qu’il les dessine toutes. 
    Quand il aurait fixé chacune d’elles, alors seulement il en serait libéré. Alors seulement il oserait goûter un peu de repos – et dormir enfin. 

Chapitre 1 

    Londres, juin 1814  
    Il avait l’impression de vivre un rêve. 
    Scènes historiques, paysages, allégories et portraits étaient suspendus les uns à côté des autres, pareils aux pièces d’un puzzle. Les tableaux occupaient tout l’espace, du sol au plafond. 
    Jack parcourait la salle d’exposition de la Royal Academy of Arts et l’incroyable variété, la facture et la beauté des œuvres le plongeaient dans l’admiration. En vérité, il avait quelque peine à croire qu’il était là. 
    Il y avait pourtant près d’un an que son régiment avait été rappelé en Angleterre. Napoléon avait abdiqué et l’armée, pour le moment, n’avait plus besoin de ses services. Comme la plupart des jeunes officiers qui avaient survécu à la guerre, Jack était monté en grade. D’enseigne, il avait été promu lieutenant, ce qui lui permettait de toucher une demi-solde un peu plus élevée. Il avait l’opportunité, enfin, de faire ce dont il avait tellement rêvé. Dessiner. Peindre. Créer de la beauté, pour oublier la destruction et la mort. 
    Tout juste démobilisé, il s’était rendu chez sa mère et sa sœur, à Bath – où habitait aussi son mentor et ami, sir Cecil Harper. Lui-même artiste, sir Cecil l’avait encouragé à peindre depuis son enfance, et c’était lui qui avait insisté pour qu’il soumette ses toiles à l’Académie Royale, pour leur exposition d’été. Extraordinaire bonne fortune, les juges en avaient accepté deux. Elles étaient accrochées aux murs de Somerset
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