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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts
Autoren: Norman Mailer
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puis mon vieux je la rosse et je la flanque dehors à coups de pied. » Il secoua la tête avec conviction. Il était de taille moyenne, un rien gras, avec une face d’adolescent, un nez camus, des taches de rousseur, des cheveux d’un brun roux. Des rides se dessinaient autour de ses yeux, et il y avait plusieurs abcès des tropiques sur son menton. Vu plus attentivement, il accusait bien ses vingt-huit ans.
    « Ça sera certainement un sale moment à passer si jamais on s’en revient », proposa Stanley.
    Le sergent Brown approuva sobrement, puis son expression devint amère : « A quoi que tu t’attends ? Est-ce que tu crois qu’on va te fêter comme un héros ? Quand tu seras de retour chez toi les gens te regarderont dans les yeux, disant : « Arthur Stanley, voilà un bout de temps que « t’étais parti », et toi tu diras : « oui », et alors eux ils diront : « Elle a été bien dure la vie ici, mais je suppose « que ça va s’arranger un peu. T’as bien de la chance « que t’as pas été là. »
    Stanley rit. « Je ne connais pas grand-chose, dit-il modestement, mais je sais que ces pauvres civils sont loin du compte.
    – Je te crois qu’ils sont loin du compte, dit Brown. Regarde, t’as assez participé à l’attaque de Motome pour en avoir une idée. Quand je pense que ma femme se paie des virées pendant que je sue là en attendant le matin, je commence à devenir fou… fou. » Il fit craquer se ? phalanges avec nervosité, tâta la barre d’acier entre les deux hamacs : « C’est pas que ça va être bien mauvais demain bien qu’on se crèvera le cul au boulot, mais c’est pas ça qui nous tuera, un peu de boulot. » Il renifla. « Merde, si le général Cummings venait me voir demain pour me dire : « Brown, je te colle au déchargement pour la durée « de la guerre », tu crois que je bisquerais ? Foutre, je bisquerais. J’ai vu assez de bagarres pour dix hommes, et cette invasion demain, je te le dis, si qu’on nous arrose d’obus du bateau à la plage et de retour ça commencera même pas de ressembler à Motome. Ça, à Motome, je savais que j’allais être tué. Je comprends toujours pas comment je m’en suis tiré.
    – Comment est-ce arrivé ? » demanda Stanley. Il plia ses genoux avec précaution, " pour éviter de se cogner à l’homme qui couchait dans le hamac supérieur, à un pied au-dessus de sa tête. Il avait entendu cette histoire une douzaine de fois depuis son arrivée dans la section, mais il savait que Brown aimait à la raconter.
    « Eh bien, quand ils ont détaché notre section à la Baker Company pour cette affaire de canots pneumatiques, on a su tout de suite qu’on était dans le bain. Mais qu’est-ce qu’on pouvait faire ? » Il raconta comment, ayant quitté leur torpilleur plusieurs heures avant l’aube,, ils furent pris dans la marée descendante et repérés par les Japonais. « Mon vieux, si tu penses que je ne serrais pas les fesses quand ces Japonais ont commencé de nous canarder avec une batterie de canons antiaériens. Y avait pas un seul de nos canots qu’a pas été touché et en train de couler, et à côté du mien y avait le canot du commandant de la compagnie, Billings il s’appelle je crois, et le pauvre bâtard il s’est tout simplement effondré. Il pleurait et gémissait et il essayait de faire partir une fusée pour avertir le torpilleur qu’ on avait besoin de couverture, mais il tremblait si fort qu’il pouvait pas tenir le fusil. Alors au milieu de tout ça Croft se met debout dans son canot et il dit : c Eh toi, sacré fils de garce, donne-moi ce fusil. » Billings le lui donne, et debout en pleine vue de tous ces Japonais sur la plage Croft tire deux fusées, puis il recharge l’arme. »
    Stanley secoua la tête en signe de commisération. « C’est un type, ce Croft, dit-il.
    – Et quel type ! Je te le dis, il est de fer. C’est le seul homme à qui je chercherai jamais des crosses. C’est probablement le meilleur sergent dans l’armée, et le pire. Il a pas de nerfs, ajouta-t-il avec amertume. De tous les vieux de la section, y a pas un seul dont les nerfs ont pas pété. Je te dirai, j’ai la trouille tout le temps, et Red aussi. Et Gallagher. Y a que six mois qu’il est avec nous mais il a été dans le bain et il compte lui aussi je suppose, il a la trouille, et Martinez qu’est le meilleur petit éclaireur que tu peux trouver il a encore plus la
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