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Les Mystères de Jérusalem

Les Mystères de Jérusalem

Titel: Les Mystères de Jérusalem
Autoren: Marek Halter
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s'approchant de sa victime. Il se pencha pour s'emparer du sac à dos et prit le temps de vérifier qu'il contenait bien l'ordinateur. Au troisième étage, une fenêtre se souleva. La mère d'Aaron inclina la tête. Elle se mit à crier au moment o˘ l'homme disparaissait dans la Lincoln parvenue à sa hauteur.
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    Tom ne savait plus comment se tenir. Toutes les vingt secondes, il changeait de position, s'appuyant tantôt d'une épaule, tantôt de l'autre, contre le chambranle de la porte. Finalement il se redressa, tout droit sur le seuil de la chambre. Suzan s'activait avec les gestes secs d'une marionnette. Par pleines brassées, elle attrapait ses vêtements dans le dressin& et revenait les enfourner dans les deux sacs ouverts sur le lit. A chaque allerretour elle prenait bien soin d'éviter son regard. quand elle repartait vers le dressing, ses hanches, malgré elle, dansaient sous la tunique qu'ils avaient achetée ensemble dans une boutique de Prince Street.
    Tom, lui, ne pouvait s'empêcher de scruter les lèvres closes de Suzan. Ces lèvres qu'il avait tant aimé embrasser et qu'un rictus de colère tendait maintenant comme deux lames de glace.
    Il se décida enfin à abandonner le seuil de la chambre. Il était six heures du matin et bien trop tard pour éviter le pire. S'il restait à la regarder, il risquait de se mettre à hurler, peut-être même à pleurer. Ce qu'il ne se serait pas pardonné pour le restant de ses jours. La nuit avait été
    suffisamment stupide et épouvantable pour qu'il puisse maintenant abdiquer.
    De toute façon, il était épuisé.
    Il alla s'affider sur le canapé du salon, ferma les yeux comme il le faisait quand il était tout gosse à Duluth, Minnesota, et qu'il voulait échapper aux colères de son père. Il imaginait alors que des êtres sans bras nijambes venaient le chercher dans leur ovni et l'emportaient sur la face cachée de la Lune pour faire des expériences très intéressantes. Mais il y avait vingt ans de ça. Aujourd'hui, il avait presque trente ans et ne croyait plus aux petits êtres sans bras ni jambes.
    Et il savait que la face cachée de la Lune n'était qu'un enfèr de poussières sans vie et congelées à moins 180 'C. ¿ peu près la chaleur du regard de Suzan!
    Penser à son enfance rappela à Tom son grand-père, l'évangéliste, qui trouvait dans chaque journée vingt fois l'occasion de citer Luc. Une manie qu* alors, exaspérait Tom. Pourtant, pareille à un héritage génétique, cette manie de la citation était devenue la sienne. Avec étonnement, hésitant entre l'agacement et une nostalgie amusée, il avait constaté que, dans les moments de tension, les citations préférées de son grand-père lui revenaient, intactes. Comme inscrites àjamais dans son ‚me. En un instant comme celui-ci, le grand-père aurait certainement trouvé la citation adéquate. quelque chose comme : MaMeur quand tous les hommes diront du bien de vous... Oui, c'était tout à fait ça!
    Tout avait commencé ou plutôt s'était déclenché la veille. Pour fêter sa série d'articles sur la mafia russe parue dans le Aew Tork Times, il avait invité Suzan au restaurant du Righa Royal Hotel, à deux pas du MOMA. Cela avait un petit côté naÔf et content de soi : nous deux sur le toit du monde. C'était vrai qu'il était plutôt fier de lui, mais il y avait de quoi. Un an de travail, une enquête dangereuse menée en profondeur dans Little Odessa, une source rare dans Brighton Beach et des infos comme personne n'en avait eu sur l'Organizatsyia. Pas même les flics qui, il n'y a pas si longtemps encore et par la bouche dejoe Valiquette, le porte-parole du bureau du YBI de New York, déclaraient que " le critère " russe "
    pour parler d'une bande mafieuse est un critère ethnique inutilisable ". Un superbe boulot qui avait fait grimper les ventes du journal de 0,25 p. 100.
    Depuis une semaine, quand il traversait la salle de rédaction, il n'était plus un anonyme parmi quatre cents journalistes anonymes. Même les stagiaires levaient le nez de leurs ordinateurs pour lui dire bonjour. Le grand chef, Sharping, lui avait fait passer une carte. Il avait reçu une vingtaine de coups de fil de félicitations dont trois de la part de types qu'il avait suffisamment admirés il y a dix

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    ans pour avoir envie de devenir comme eux. Même Bernstein, son rédacteur en chef, connu pour préférer se faire trouer l'estomac par un ulcère plutôt que de se fendre d'un compliment,
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