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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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Palais-Royal, voilà qui pourrait donner des idées à beaucoup d’autres.
    D’autant que, pour le pouvoir royal, chancelant,
les choses se gâtaient. Rien que de prévisible, au fond. À la mort de Richelieu
et du roi Louis XIII, le dauphin et futur Louis XIV [1] n’avait que cinq ans ce qui, par la logique et la tradition, appelait
une Régence.
    Pas de roi, période dangereuse !
    Mazarin l’avait parfaitement compris. D’autant
qu’au conseil de Régence, mis en place du vivant de feu-Louis XIII, les
ambitieux ne manquaient pas.
    De là datait le premier acte politique de la
reine, habilement conseillée par Mazarin. Un acte indispensable, mais qui
déchaîna la tempête. S’appuyant très exceptionnellement sur le parlement, elle
avait fait casser la décision de Louis XIII, dissous le conseil et exercé
seule la Régence, secondée par son Premier ministre.
    Décision brutale.
    On réagit. Par des murmures ou des hauts cris,
selon qu’on fût humble ou puissant.
    En le royaume, le parlement, les provinces et
les grands seigneurs, excités par une foule d’agitateurs, manifestaient leur
hostilité.
    À l’extérieur, la guerre. À la mort de Louis XIII,
en 1643, elle durait déjà depuis huit ans… et se poursuivait encore maintenant.
L’Espagne, l’incontournable et très catholique Espagne, attaquait au sud, mais
aussi au nord et au nord-est, depuis ses anciennes conquêtes. Et comme si ce
malheur ne suffisait pas, elle s’était alliée à l’autre branche des Habsbourg, la
puissante famille qui régnait sur l’Autriche.
    Et la guerre ne venait pas seule. Famines et
épidémies lui faisaient escorte, laissant les campagnes désolées et des
milliers de cadavres pourrissants.
    Le peuple grondait dangereusement. Les nobles,
sarcastiques, attendaient la suite des événements. Les bourgeois se lamentaient
en constatant l’effondrement du commerce. Les magistrats du parlement
soufflaient sur les braises. Quant à l’Église, ses princes et ses humbles
vicaires ne voyaient qu’impardonnable trahison dans les alliances que la France
de Mazarin passait avec des pays protestants pour combattre la sainte Espagne
catholique.
    La Fronde !
    Ce nom, accolé aux « événements », venait
de ce jeu dangereux très en faveur parmi la jeunesse qui s’y essayait dans les
larges fossés de la capitale.
    Une Fronde parlementaire, certes, et jusqu’ici
contenue.
    Dès février de cette année 1648, le parlement
avait manifesté sa mauvaise humeur, rendant arrêt sur arrêt, arrachant des
privilèges, osant se réunir dans la chambre Saint-Louis avec la prétention de
travailler à réformer l’État, révoquant les intendants du royaume, créant une
chambre de justice à sa dévotion.
    Et il fallut céder !
    Certes, la victoire de Lens sur l’armée
espagnole avait redoré le royal blason. D’une foudroyante rapidité, Mazarin
avait aussitôt mis cet événement à profit : Te Deum à Notre-Dame pour
fêter la victoire du royaume des lys d’un côté, arrestations des opposants du
parlement de l’autre.
    Un pari risqué… et perdu !
    Le 27 août, Paris se hérissait de barricades. Force
fut, la mort dans l’âme, de libérer le très populaire conseiller Broussel et le
président Blancmesnil.
    Céder ! Encore céder !
    Paris se montrait si peu sûr qu’il devint
prudent d’évacuer la cour en catastrophe vers Rueil.
    Toujours céder !
    Donner, dans ce très ancien pays de droit
divin, le pouvoir au parlement et revenir à Paris en rasant les murs.
    Et de nouveau, en cette fin décembre, rien n’allait
plus. Il serait bientôt nécessaire de partir une nouvelle fois en emportant la
reine et le dauphin sur les mauvais chemins menant au château de
Saint-Germain-en-Laye.
    Le cardinal, bel homme, la quarantaine à peine
finissante, se sentait vieux. Un rempart dérisoire contre ces bourgeois
brouillons de la Fronde parlementaire et ces seigneurs heureusement stupides
qui rêvaient d’un retour en arrière, d’une France féodale qu’ils se
partageraient entre grandes familles.
    Mais que les braillards du parlement et les
princes comprennent qu’il était, lui, Jules Mazarin, cardinal et Premier
ministre, leur ennemi commun : alors tout serait perdu.
    À jamais !
    Le cardinal frissonna.
    — Son Éminence a froid ?… Décembre
est glacé, cette année ! risqua le père Angello.
    Mais Mazarin ne l’entendit pas même, perdu en
ses sombres pensées.
    Vieux, certes. Usé. Las.
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