Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges
Autoren: Frédéric H. Fajardie
Vom Netzwerk:
de
fins couteaux de métal précieux d’une grande variété.
    Le masque d’argent s’approcha,
considéra les instruments avec gravité, en prit quelques-uns en main avant de
porter son choix sur un stylet dentelé en forme de scie.
    Il adressa un signe de tête au cocher qui, aussitôt,
releva sa manche sur un avant-bras couturé d’une dizaine de longues cicatrices.
    D’un geste rapide, large mais sûr, le masque d’argent
incisa profondément la chair offerte où le sang jaillit d’abondance. Un sang
que celui qui tenait encore le stylet regardait, absolument fasciné et presque
en léthargie.
    Enfin, il se reprit et fit face à la jeune
fille qui s’apprêtait à hurler lorsque la main de l’homme vérolé la bâillonna.
    Ce détail ne sembla guère déranger le masque d’argent
qui observa sa proie avec admiration :
    — Quelle vie bouillonne en toi, petite !…
Quelle insolence !… Ah, il me faut te saigner, tel est le remède !
    D’une série de petits gestes
extraordinairement précis, il entailla la poitrine de la jeune fille qui, sous
l’effet de la douleur, parvint à se libérer un instant pour pousser un cri
atroce.
    Dehors, les deux gardes du corps, gagnés par l’effroi,
échangèrent un long regard. Officiers déguisés en civils, ils avaient été
choisis pour leur indéfectible fidélité.
    Cela ne les empêchait pas de penser puisque l’un
d’eux murmura à mi-voix :
    — Le chien !
    L’autre considéra la lune, comme s’il
attendait quelque réponse de l’astre mort, puis, regardant son compagnon avec
une sympathie accablée :
    — Nous n’avons pas entendu.
    — Je l’ai entendu ! insista l’autre.
    — Nous n’avons pas entendu ce cri et je n’ai
pas entendu tes paroles.
    Il hésita un instant, puis ajouta :
    — Si tu veux vivre, camarade, apprends à
ne rien savoir des faiblesses des puissants qui mènent le monde.
    On ne perçut plus rien si ce n’est les
grognements de plaisir de l’homme au masque d’argent qui jouait du stylet avec
cette dextérité que confère l’habitude.

2
    —  Il devrait déjà
être là ! lança d’un ton impatient – qu’accentuait un fort accent italien
– l’homme aux joues poudrées et aux lèvres couvertes d’un rouge qui, cocassement,
débordait sur sa moustache soignée. N’était ce détail, le pourpre de sa robe de
cardinal s’accordait avec une élégance, une séduction et un charme qui ne
devaient pas tout au naturel.
    Le cardinal Jules Mazarin, Premier ministre du
royaume de France, regardait fixement son confesseur, le père Angello, qui
répondit d’une voix douce :
    — Il viendra. C’est le seul qui vous soit
fidèle avec très grand désintéressement. Souvenez-vous, Votre Éminence : il
a tout refusé. Terres, charges, récompenses. J’ai même cru voir l’instant où
vous alliez le blesser en insistant.
    — Mais je n’ai pas insisté plus qu’il ne
fallait ! rétorqua vivement le cardinal.
    Ses relations avec le père Angello, par leur
constance et leur ancienneté, évoluaient vers une relative familiarité, mais il
fallait aussi voir là l’aspect pratique de la chose.
    Néanmoins, le cardinal se plaisait, quelquefois,
à rappeler à l’ordre celui qu’il considérait presque comme un ami.
    Si tant est que ses extraordinaires pouvoirs
lui permettent une quelconque amitié.
    À cette idée, Mazarin haussa les épaules. En
tout lieu qu’il se trouvât, ce n’était que cortèges de solliciteurs, des
magistrats indociles du parlement aux plus puissants seigneurs. On le flattait
pour mieux le mépriser aussitôt qu’il tournait le dos. De l’apothicaire au prince
du sang, on s’essayait aux pamphlets et autres libelles, ces fameuses « Mazarinades »
qui circulaient dans Paris, moquant son accent italien.
    Plus grave, certains auteurs anonymes
présentaient la reine Anne d’Autriche comme sa maîtresse soumise.
    Chassant cette pensée, Mazarin lissa sa
moustache d’un doigt léger en disant, l’air rêveur :
    — Un tel homme m’est trop précieux, je
devrais le faire protéger.
    — Il vous a pourtant admirablement montré
qu’il savait se défendre comme quatre ! répondit le père Angello.
    — C’est vrai ! remarqua Mazarin en
se reportant quelques mois en arrière, en cette journée d’août 1648 où il
aurait dû mourir.
    N’était…
    Certes, on s’était
bien gardé d’ébruiter la chose : que quatre assassins puissent s’introduire
au
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher