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Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde
Autoren: Jean Markale
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ne
mirent pas longtemps à revenir, avec un grand nombre de leurs guerriers, et ils
établirent leur camp sous les murailles de Kaerlion. Ils espéraient bien que
cet étalage de leurs forces suffirait à démoraliser les partisans d’Arthur et
que celui-ci, comprenant que la partie était perdue d’avance, abandonnerait ses
prétentions à vouloir être le roi d’un royaume qui ne voulait pas de lui. Mais
Arthur était bien décidé à tenir tête, d’autant plus qu’une multitude de
petites gens d’alentour était venue se joindre à la troupe de chevaliers qui
lui étaient restés fidèles. Quant à l’archevêque, celui qui avait présidé au
couronnement d’Arthur, il monta sur les remparts et harangua le camp adverse, menaçant
d’excommunier tous ceux qui se dresseraient contre la volonté du roi choisi par
Dieu. Mais les onze rois, après avoir écouté poliment l’archevêque, firent
savoir qu’ils ne tenaient aucun compte de son discours et qu’ils étaient
disposés à aller jusqu’au bout pour débarrasser le royaume d’un bâtard qu’ils
considéraient comme un usurpateur, voire un simple aventurier qui avait abusé
de la bonne foi de tous. Et chacun se prépara à la bataille.
    C’est alors que Merlin, après s’être glissé furtivement à travers
le camp des onze rois, pénétra dans la forteresse. Il avait pris la forme d’un
homme vigoureux et avait revêtu une robe de bure qui le faisait passer pour un
clerc. Il alla tout de suite vers Arthur et lui dit : « Roi, si tu
veux donner une leçon à ces orgueilleux, voici ce que je te conseille de faire.
Fais armer tous tes gens et rassemble-les derrière la grande porte. Moi, je guetterai
avec attention leurs moindres gestes et, quand je jugerai le moment opportun, je
te donnerai un signal. Alors, sans crainte, tes chevaliers et toi, vous
sortirez en masse et vous les attaquerez. Je te garantis qu’ils seront vite
défaits et mis en fuite ! »
    Sans chercher à savoir qui était ce clerc, ni d’où il venait,
Arthur fit rassembler ses gens en armes derrière la grande porte de Kaerlion. Quant
à Merlin, il monta sur la plus haute tour et jeta un enchantement tel que toutes
les tentes et les pavillons des rebelles se mirent à flamber, ce qui provoqua
un immense mouvement de panique. Alors Merlin donna le signal. La porte s’ouvrit
brusquement et le roi Arthur et les siens se précipitèrent dehors aussi vite
que leurs chevaux pouvaient galoper, la lance basse et le bouclier devant leur
poitrine. Cette irruption inattendue accrut grandement le désordre provoqué par
l’incendie, et la confusion la plus totale s’introduisit dans les rangs ennemis.
    Cependant, le roi Nantre, qui était grand et fort, se dit
que s’il parvenait à tuer Arthur, le combat serait bientôt terminé. Il saisit
une lance courte mais très dure, à grosse tête, et courut dans la direction du
roi. Arthur le vit foncer vers lui. Il s’assura sur ses étriers et, de sa lance
de frêne, il heurta le roi Nantre avec tant de force qu’il lui perça son
bouclier, le jetant même à terre par-dessus la croupe de son destrier, si
durement que la terre résonna sous le choc. Voyant le roi Nantre en mauvaise
posture, ses gens accoururent à son secours et parvinrent à le remettre sur son
cheval. Quant aux gens d’Arthur, ils se précipitèrent à l’aide de leur seigneur.
La mêlée devint tout à coup inextricable.
    Mais la lance d’Arthur était maintenant rompue. Il saisit
son épée Excalibur, celle qu’il avait retirée du perron : elle jetait autant
de clarté que deux cierges allumés. Le roi la brandit au-dessus de sa tête et
commença à frapper à droite et à gauche, si vivement qu’on eût dit qu’il était
entouré d’éclairs. Ceux qui n’étaient pas blessés par ses coups s’enfuyaient de
tous côtés, ce que voyant, six des rois rebelles se jetèrent tous ensemble sur
lui, de telle sorte qu’ils parvinrent à le renverser avec son cheval. Mais
Antor, suivi de Kaï et de Bedwyr, et de quelques-uns de leurs hommes, surgit de
la mêlée pour protéger celui qu’il avait élevé avec tant d’affection. Kaï
chargea le roi Loth qu’il connaissait fort bien et lui porta un tel coup sur le
heaume qu’il l’abattit sur l’arçon. Puis, frappant sans relâche, s’acharnant
sur son adversaire, il le fit choir au bas de son destrier, tout pâmé.
    À ce moment, la foule du menu peuple sortit de la forteresse
et se précipita à son
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