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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale
Autoren: Sinclair McKay
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milliers de personnes dévouées, jeunes pour la plupart, dont bon nombre sortaient tout droit de l’université et certains du lycée.
    À mesure que la guerre progressait, les effectifs augmentèrent. En dehors des universitaires, on trouvait des pôles de traduc-trices, des centaines de Wrens 2 dont la mission était de faire fonctionner des prototypes d’ordinateur affreusement compliqués, ainsi qu’un grand nombre de débutantes de bonne famille recherchées dans la société et elles aussi déterminées à apporter leur pierre à l’édifice.
    Un nombre surprenant de personnes installées à Bletchley Park étaient déjà célèbres ou le deviendraient peu de temps après leur séjour. De la sensuelle actrice de cinéma Dorothy Hyson (avec des apparitions occasionnelles de la part de son amant, l’acteur Anthony Quayle) au futur romancier Angus Wilson (qui allait devenir célèbre au Park pour ses nerfs à fleur de peau, ses airs de grande folle, les crises qu’il piquait et ses nœuds papillons aux couleurs vives), en passant par le futur ministre de l’Intérieur Roy Jenkins (un « redoutable casseur de codes »). Ian Fleming, le créateur de James Bond, qui travaillait à l’époque dans le service de renseignement de la marine, faisait régulièrement des apparitions à Bletchley Park.
    La jeunesse de la plupart des recrues colorait profondément les lieux. Celles-ci faisaient preuve dans leur travail d’une vigueur et d’un sérieux exceptionnels, mais affichaient également une créativité hors pair lors de leur temps libre. Ces jeunes gens, dont bon nombre appartenaient à une classe moyenne en plein essor, jugeaient leur séjour à Bletchley Park, non pas comme une « pause » dans leur cursus éducatif, mais comme une sorte d’expérience universitaire particulière.
    Sans surprise, les idylles se multipliaient dans ce qu’un ancien de la maison appelait « l’atmosphère incandescente » de Bletchley Park. Nombre de ceux tombés amoureux à Bletchley scellèrent avec bonheur leur union par un mariage durable, qui tient encore aujourd’hui pour certains.
    Cette « serre » faisait également peser sur les épaules de leurs occupants un lourd fardeau. Le serment de garder le secret que prêtaient les recrues est resté valable de nombreuses décennies après la fin de la guerre. Maris et femmes avaient l’interdiction de parler de ce qu’ils avaient fait derrière ces murs et ne pouvaient narrer à leurs parents ce qu’ils avaient accompli, même si ces derniers étaient mourants, ni en faire part à leurs enfants.
    Voilà pourquoi, depuis que le silence a été levé à la fin des années 1970, les souvenirs des anciens de Bletchley Park semblent être empreints d’une netteté et d’une clarté spéciales. Ils n’ont pas été transformés, édulcorés, ni embrouillés à force d’être racontés. Ajoutez à cela le fait qu’il régnait au Park une concentration et un sérieux qui gravaient les souvenirs dans la mémoire.
    L’historienne en architecture Jane Fawcett, membre de l’ordre de l’Empire britannique et recrutée jeune à Bletchley Park, en 1940, souligne l’incroyable et obscure pression qu’ils subissaient. « Nous savions que notre action était capitale, dit-elle. Nous étions conscients que beaucoup de choses reposaient sur nous. »
    « C’était trop pour certains, commente un ancien. La pression se faisait vraiment sentir. » Un autre locataire des lieux, S. Gorley Putt rapporte : « L’un après l’autre, nous perdions la boule d’une manière ou d’une autre. »

2
1938-1939 : l’école des codes
    Jusqu’à ce qu’éclate la guerre, puis pendant de nombreuses années, la ville de Bletchley, située à mi-chemin entre Londres et Birmingham, se distinguait surtout par sa banalité absolue.
    Même le très respecté historien d’art Nikolaus Pevsner conseillait à ses lecteurs de ne pas visiter Bletchley. Il estimait que cette commune ne présentait aucun monument intéressant, ni paysage séduisant. C’était une ville de passage et de jonction ferroviaire. L’autre industrie présente à Bletchley était la briqueterie. Par une chaude journée estivale, une forte odeur émanant de l’usine planait sur les environs.
    Avec ses 22 hectares de terrain, la bâtisse singulière du xix e  siècle, située de l’autre côté des voies de chemin de fer par rapport aux rues principales de Bletchley, fut choisie pour accueillir la
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