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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale
Autoren: Sinclair McKay
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allaient pénétrer au cœur du secret de guerre le plus précieux. Chaque message ennemi intercepté, chaque signal de n’importe quel capitaine, commandant, division, cuirassé, U-Boot, toutes ces communications chiffrées, transformées en groupes de
4 ou 5 lettres apparemment formés aléatoirement et transmis par radio, étaient recueillis par les nombreux postes d’écoute disséminés sur le littoral britannique. Ces transmissions étaient ensuite systématiquement envoyées à Bletchley Park. Et c’est dans ces baraquements quelconques que la majeure partie des esprits les plus intelligents de leur génération s’attelaient au défi coriace que le haut commandement allemand considérait comme impossible à relever : se montrer plus malin et maîtriser son ingénieuse technologie de chiffrement Enigma.
    Les machines Enigma, compactes, joliment conçues, ressemblant à des machines à écrire dotées de lampes, étaient employées par toutes les forces militaires allemandes. Portatives, elles généraient des millions de combinaisons de lettres, déguisant ainsi les communications.
    Au début de la guerre, lorsque les nazis eurent conquis une grande partie de l’Europe occidentale, la Grande-Bretagne affichait une vulnérabilité des plus inquiétantes, par manque de préparation et d’armement. Dès le départ, le besoin impérieux de casser les codes Enigma représenta plus qu’un simple but tactique. C’était une question de survie !
    Percer les secrets des machines Enigma revenait à pénétrer au cœur de la campagne ennemie. Cela permettrait aux Britanniques de lire les messages chiffrés des U-Boote, des divisions de panzers, de la Gestapo. Ils pourraient percer les messages de la Luftwaffe et prendre connaissance des cibles des bombardements, voire lire les communications du haut commandement allemand. Les casseurs de codes (ou cryptanalystes) de Bletchley Park avaient pour objectif de lire chaque message de l’ennemi afin de tenter d’anticiper le moindre de ses mouvements.
    Et, dans les efforts initiaux destinés à trouver une méthode mathématique incroyablement abstruse pour déchiffrer des codes qui changeaient constamment (tous les paramètres étaient modifiés chaque jour à minuit), les rares personnes à connaître le secret prirent immédiatement conscience que le succès de ces travaux de renseignement allait au-delà d’une longueur d’avance prise sur l’adversaire. L’enjeu était carrément l’issue de la guerre.
    Aujourd’hui, la plupart des gens (surtout anglo-saxons) savent vaguement que le travail fourni à Bletchley Park et le lot de renseignements obtenus, dont le nom de code était Source Ultra, ont contribué, comme l’a dit le président Eisenhower, à écourter la guerre de deux ans. Selon l’éminent historien et ancien de Bletchley Park, le professeur Sir Harry Hinsley, le chiffre serait même de trois ans. Le grand critique et essayiste George Steiner est même allé plus loin en affirmant que le travail fourni à Bletchley Park était l’une des « plus grandes réussites du vingtième siècle ».
    De la bataille d’Angleterre au Japon, en passant par le Blitz, le Cap Matapan, El Alamein, Koursk, les fusées V1 et le jour J, le travail de Bletchley Park est demeuré complètement invisible, tout en jouant un rôle crucial dans le conflit. La présence de cette force clé devait absolument rester inconnue de l’ennemi. En effet, le moindre soupçon de la part du haut commandement allemand sur ce qui se passait à Bletchley Park aurait pu réduire à néant tous les efforts britanniques en matière de cryptanalyse. Et les conséquences auraient été catastrophiques.
    « Quand on pense que neuf à dix mille personnes ont travaillé au sein des diverses sections de Bletchley Park, dit une ancienne des lieux, Mavis Batey, il est absolument incroyable qu’il n’y ait eu aucune fuite. Imaginez aujourd’hui s’il fallait qu’autant de personnes gardent ce genre de secret. » Et ce n’est pas tout. Les austères baraquements en bois installés sur la pelouse et dans les prairies hébergeaient des individus figurant parmi les plus doués et les plus excentriques de leur génération. Ils comptaient non seulement des cryptographes de génie, mais également de jeunes esprits brillants, tel Alan Turing, dont les travaux allaient façonner la future ère de l’informatique et la technologie associée.
    Bletchley Park réunissait également des
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